Obama joue la carte syrienne pour influencer l’électorat conservateur

L'annonce du président américain Barack Obama au sujet d'une éventuelle intervention en Syrie en cas d'utilisation de l'arme chimique est une tentative d'influer l'électorat conservateur américain à la veille de l'élection présidentielle du 6 novembre prochain et d'améliorer sa cote de popularité, estiment les experts interrogés par RIA Novosti.
Obama a averti lundi que l'utilisation par Damas de l'arme chimique ou biologique pourrait
Selon Evgueni Satanovski, président de l'Institut du Proche-Orient, les Etats-Unis n'ont pas de politique étrangère qui ne serait pas liée à la prochaine élection.
"En fait, toute la politique américaine est intérieure, car l'électeur américain se moque royalement de tout, sauf de ses propres intérêts. Par conséquent, au vu de la présidentielle qui approche, le président américain, en tant qu'homme politique réagissant aux humeurs des électeurs, doit suivre ces humeurs et varier sa politique en fonction de la situation. La situation aux Etats-Unis est complexe, l'électeur libéral déçu par Obama, comme on peut le voir aujourd'hui, en grande partie ce dernier n'ira simplement pas voter. Pour cette raison, il faut se battre pour l'électeur conservateur. Et Obama peut très bien jouer à l'aigle", a-t-il déclaré à l'agence russe.
Selon l'expert, l'électeur américain hésitant votera pour Obama s'il se pose en président fort.
"Sur ce plan, il n'y a aucune contradiction dans cette déclaration. Au contraire, toute utilisation de l'arme chimique donne aux Etats-Unis une raison légitime, du point de vue de la région et du bloc occidental, pour attaquer la Syrie", a-t-il ajouté.
Evgueni Satanovski n'écarte pas l'éventualité d'une participation des pays de l'Otan et d'"Israël" à l'intervention américaine en Syrie.
Son collègue Vladimir Sotnikov, expert du Centre de sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales à l'Académie des sciences de Russie, le rejoint sur ce point. Selon lui, le président a deux raisons pour faire ce genre de déclarations: la présidentielle et la situation syrienne.
"A l'heure actuelle, Barack Obama, en fin de campagne électorale avec Mitt Romney, fait ce genre de déclarations parce qu'il a besoin des voix de l'électorat conservateur. De cette manière, cette déclaration vise avant tout l'électeur américain", affirme l'expert.
Vladimir Sotnikov a souligné qu'à la veille de la présidentielle, l'administration américaine n'était pas prête à s'impliquer dans un conflit sérieux autour de la Syrie. Il a fait remarquer qu'Obama restait "un homme politique sobre et sain d'esprit", et qu'il ne s'ingérerait pas directement dans le conflit vu la situation générale dans la région.
Cependant, il ne faut pas écarter le scénario d'une intervention militaire de pays tiers en Syrie, a ajouté l'expert.
Selon Alexeï Arbatov, président du Centre de sécurité internationale de l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales à l'Académie des sciences de Russie, la déclaration d'Obama est une "action de campagne très habile", qui lui permettra de marquer des points aux yeux des électeurs sans la moindre perte.
"Obama a marqué beaucoup de points politiques, il a montré dans son pays que sa position était ferme… Par sa déclaration il a laissé entendre que les Etats-Unis n'avaient pas l'intention d'utiliser la force pour renverser le régime d'Assad et soutenir l'opposition armée", a-t-il déclaré.
Selon l'expert, la déclaration d'Obama est une réponse aux républicains qui le poussent à utiliser la force en Syrie.
Le politologue a rappelé qu'Assad avait annoncé que l'arme chimique ne serait pas utilisée sur le territoire national, et qu'il en ferait l'usage seulement en cas d'ingérence militaire extérieure.
Selon Arbatov, compte tenu de la position d'Obama, les Etats-Unis et leurs alliés ne donneront pas aux autorités syriennes de motif pour utiliser l'arme chimique.
"La seule nuance, c'est la Turquie. Ankara est membre de l'Otan, dans la région frontalière (avec la Syrie) des altercations se sont déjà produites et les troupes turques ont déjà fait des incursions de l'autre côté de la frontière. Si Bachar al-Assad utilisait l'arme chimique contre la Turquie, en vertu du Ve article du Traité de l'Atlantique-Nord, tous les pays de l'Otan devraient venir en aide à la Turquie. Ce serait alors une raison incontestable pour recourir à la force contre la Syrie", a estimé l'expert.
Le conflit syrien dure depuis mars 2011 et a déjà fait 17.000 victimes, selon l'Onu. Les pays occidentaux et certains pays arabes veulent la démission d'Assad, en estimant que cela mettrait un terme à la violence. La Russie et la Chine, au contraire, craignent qu'une ingérence extérieure en Syrie et la perte de souveraineté ne fasse qu'aggraver le conflit.
Source: RIA Novosti
modifier la position de Washington concernant une intervention militaire dans le conflit syrien. Par ailleurs, il a indiqué que pour l'instant il n'avait donné aucune consigne concernant une éventuelle intervention.
"Deuxièmement, c'est une sorte d'avertissement pour faire savoir au régime du président syrien Bachar al-Assad que cette question pourrait être étudiée, mais cela ne se ferait pas à court terme", a-t-il poursuivi.
"La question sera très probablement réglée par d'autres moyens, mais pas par une intervention directe de l'armée américaine. Peut-être même via d'autres pays, des pays arabes", a déclaré Vladimir Sotnikov.
Les propos du président américain disant que la position des Etats-Unis pourrait changer si l'arme chimique était utilisée en Syrie ont été qualifiés d'"indéniables" par Alexeï Arbatov du point de vue de la logique du droit international.
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