Égypte: Morsi récupère le pouvoir législatif, met Tantaoui et Anan à la retraite

Le président égyptien Mohammad Morsi a créé la surprise hier en annonçant l’annulation de dispositions accordant de larges pouvoirs à l’armée et la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense depuis plus de 20 ans, et qui fut chef d'Etat de fait après la chute de Hosni Moubarak.

M. Morsi a décidé de remplacer le maréchal Tantaoui au ministère de la Défense par le général Abdel Fattah el-Sissi, le chef des renseignements militaires.

Le chef d’état-major de l’armée et n°2 du CSFA, Sami Anan, a également été mis à la retraite, et remplacé par le général Sedki Sobhi.

MM. Tantaoui et Anan ont toutefois tous deux été nommés conseillers auprès du président Morsi, selon les médias officiels.

« Vu les circonstances, c'est le bon moment pour effectuer des changements dans l'institution militaire », a estimé Mourad Ali, un haut responsable du Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ), la formation de M. Morsi.

« C'est un président fort, et il exerce son autorité », a-t-il souligné.

Nomination d’un nouveau vice-président

Le président égyptien, élu en juin dernier, a également nommé un vice-président, le juge Mahmoud Mekki.

Le nouveau vice-président est un magistrat qui a joué un rôle dans la fronde des juges en 2005 contre la fraude électorale pendant le scrutin présidentiel qui s'était terminé par une victoire écrasante de M. Moubarak, finalement renversé par une révolte populaire le 11 février 2011.

Il s'agit seulement du deuxième vice-président égyptien en 30 ans. Hosni Moubarak, qui était le vice-président d'Anouar al-Sadate au moment de l'assassinat de ce dernier en 1981, n'avait jamais pourvu le poste jusqu'à la révolte de 2011, pendant laquelle il avait nommé son chef des renseignements Omar Souleimane vice-président.

 Annulation de la déclaration constitutionnelle

De même, « le président a décidé d'annuler la déclaration constitutionnelle adoptée le 17 juin » par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirigeait à l'époque le pays et dans laquelle les militaires s'arrogeaient notamment le pouvoir législatif, a annoncé le porte-parole du président, Yasser Ali, dans une déclaration télévisée.

Cette « déclaration », adoptée après la dissolution de l'Assemblée du peuple dominée par les islamiques et juste avant l'annonce de la victoire de M. Morsi à la présidentielle, avait provoqué une profonde crise politique dans le pays.

Avec le pouvoir législatif, les généraux gardaient un droit de veto sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire et se réservaient aussi un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution. L'ancienne loi fondamentale est actuellement suspendue.

Morsi pour un avenir meilleur, avec une nouvelle génération

Dans sa propre « déclaration constitutionnelle » dimanche, M. Morsi récupère le pouvoir législatif et s'octroie le droit, si l'actuelle commission constituante ne peut « achever son travail », d'en former une nouvelle « représentant toutes les composantes de la société égyptienne ».

Lors d’un discours à la mosquée d’el-Azhar au Caire, le président égyptien a expliqué ses décisions: « Je ne leur veux que du bien. Je veux qu'ils se consacrent à une mission, la protection de la nation », a-t-il assuré en allusion aux membres des forces armées.

Et d’ajouter: « Je n’ai jamais eu l’intention, par mes décisions, de marginaliser qui que ce soit ou d’être injuste vis-à-vis de quiconque (...), mais de faire en sorte que nous avancions vers un avenir meilleur, avec une nouvelle génération, un sang neuf longtemps attendu ».

« J’ai toujours en tête l’intérêt de cette nation », a-t-il conclu.

Dans la soirée, des milliers de sympathisants se sont rassemblés dans la place Tahrir, au Caire, pour fêter les décisions du président.

« Le peuple appuie la décision du président », scandait la foule.

Mohammad Morsi, formellement investi le 30 juin, est le premier civil à accéder à la présidence.

Source: Agences