Rumsfeld: Gemayel reproche aux Israéliens leur retrait du Chouf libanais

Des dizaines de documents historiques secrets qui révèlent les traits marquants de la politique étrangère adoptée par les Etats-Unis envers le Liban durant la période délicate allant de l’année 1976 à 2006, ont été révélés par le quotidien libanais al-Akhbar. A cette époque, Donald Rumsfeld était ministre de défense et envoyé spécial au Proche-Orient.
Donald Rumsfeld : l’accord du 17 mai renforce le Liban
Le 21 novembre 1983, l'envoyé américain Rumsfeld a rencontré le président libanais Amin Gemayel, dans le cadre d'une tournée pour rencontrer des responsables arabes et israéliens. Lors de cette rencontre, Rumsfeld a informé Gemayel que ce dernier jouit d'un fort soutien arabe et israélien, qu'il y a une unanimité arabe sur la politique syrienne embarrassante, et que l'alliance entre les Etats-Unis, et "Israël" est plus forte que l'union soviétique. A cette époque, M. Rumsfeld a jugé que l’opinion de Gemayel « semblait être influencée par sa dernière visite en Arabie Saoudite ». Selon les documents, Rumsfeld a insisté sur l'importance de l'accord du 17 mai, tenue par le gouvernement libanais, sous le prétexte qu'il « renforce le liban ». Il a mis Gemayel en garde contre toute transaction politique conclue avec les Syriens aux dépens de cet accord, parce que, selon lui, « ce serait la pire chose faite par les Libanais ».
Gemayel reproche aux Israéliens leur retrait du Chouf libanais
Joumblatt: l'ingérence étrangère est la solution de toutes les crises
Le chef de l'armée libanaise: Que les forces américaines pilonnent davantage!
Réunion tripartite à "Tel-Aviv"
Selon le document, Rumsfeld a conseillé ses assistants de traiter le sujet d'une coopération de renseignements entre le Liban et « Israël ». « Discuter du niveau de coopération de renseignement libano-israélienne est sur notre ordre du jour », a-t-il souligné. Un conseiller de Gemayel, Wadii Hadad avait déjà tenu une réunion avec kimhi, et s'est accordé avec lui sur un plan comprenant les conditions imposées sur les Syriens pour appliquer l'accord du 17 mai. Cet accord fut nommé, l'accord de Kimhi.
Le quotidien a publié les procès-verbaux des réunions de Rumsfeld avec des responsables libanais et arabes entre 1983 et 1984, concernant l'accord du 17 mai et l'invasion israélienne contre le Liban.
Répondant aux lettres des Israéliens et à leurs protestations contre son refus de tenir des conférences avec eux, le président Gemayel a déclaré qu’ « ils demandent beaucoup de nous, et ne nous donnons rien en contrepartie ». « Ils exercent des pressions pour imposer la normalisation, mais je veux garder mes atouts dans le monde arabe", a-t-il ajouté. Le quotidien libanais a révélé que Gemayel a fermement reproché aux Israéliens leur retrait de la région libanaise du Chouf, qualifiant cette mesure du « comportement criminel qui l'a gravement endommagé, comme il a endommagé le Liban ». Il a protesté contre l'armement des Forces Libanaises et des Druzes simultanément de la part des Israéliens. Le président libanais a également manifesté sa disposition à mettre une stratégie commune avec « Israël » et les États-Unis, à condition que celle-ci « n'affecte pas sa relation avec les Arabes, surtout les Saoudiens ». Sur le même plan, le quotidien a révélé que l'ambassadeur américain au Liban Reginald Bartholomew a remercié le gouvernement libanais pour sa décision d'interrompre ses relations avec l'Iran.
Selon un autre document publié par le même quotidien, Rumsfeld s'est réuni à Amman avec le président du « Front de lutte national » Walid Joumblatt le 14 décembre 1983. Ce dernier a demandé l’application d’un accord de cessez-le-feu comme une condition préalable pour la tenue d’une conférence de réconciliation nationale à Genève. Il a mis aussi comme condition l'adoption d'un traité national qui prend en considération le nouvel équilibre démographique, « puisque les Druzes ne constituent que 7 pour cent de la population libanaise, tandis que les Chiites en constituent au moins le tiers ».
Selon Joumblatt, « le Liban n'est pas un État, bien que certaines personnes croient toujours aux idéaux de Jamal Abd El-Nasser et du nationalisme arabe ». Il a signalé que l'armée n'est pas multiconfessionnelle sur le plan des dirigeants, et que « les druzes ne peuvent pas combattre pour les Maronites ».
Concernant le sujet de la Syrie, Joumblatt a demandé à Rumsfeld: « qu'est-il passé de votre relation avec la Syrie?... Elle était bonne ». « Vous perdez votre temps avec les Saoudiens. L’Irak est terminé, les Emiratis sont des ordures", a-t-il ajouté. Il a également dit que les Syriens sont prêts à conclure un accord, et qu’ils ne sont pas des marionnettes pour les Soviets. Joumblatt a demandé à Rumsfeld un accord de la part des États-Unis avec "Israël" et la Syrie pour mettre terme à la crise au Liban. L’envoyé américain lui a répondu alors: " c'est une préoccupation libanaise et non pas américaine". Joumblatt lui a répondu que les problèmes libanais ont toujours été résolus par des flottilles étrangères, et que « l'ingérence étrangère est la clé pour résoudre toutes les crises au Liban ».
Lors d'une réunion tenue avec Donald Rumsfeld et le chef de l'armée libanaise, Ibrahim Tannouss le 11 décembre 1983, ce dernier n'a pas hésité à présenter une liste des munitions et des équipements de l'armée libanaise. Il a réclamé que les Etats-Unis fournissent à l’armée libanaise une plus grande quantité d'armes, ou bien "qu’ils viennent combattre eux-même au Liban". Les documents ont révélé que M. Tannouss s’est comporté avec Rumsfeld comme étant le chef d'une milice armée qui réclame que les forces américaines pilonnent des régions libanaises civiles! De même, il a révélé la présence d'une brigade spéciale pour les régions du sud occupées par les forces israéliennes, en attente de l'approbation israélienne sur sa création.
Dans le même cadre, une réunion tripartite américaine - israélienne et libanaise a été tenue dans la maison du diplomate et de l'ancien vice-président du Mossad, David Kimhi à Tel-Aviv le 16 janvier 1984. Donald Rumsfeld était présent ainsi que Sami Maroun, l'un des conseillers proches du président Gemayel. Sami Maroun a posé la question suivante: "Qu'est-ce que nous pouvons faire pour qu’Israël soit plus impliqué au Liban?", braquant ainsi l’attention sur « qu'Israël peut donner au Liban ».
Source: Al Akhbar, traduit par: moqawama.org
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