Sayed Nasrallah : Seul le dialogue politique peut régler les divergences en Syrie
Discours du secrétaire général sayed Hassan Nasrallah le 4 mars 2012-03-26 à l’occasion du forum pour l’annonce d'Al Qods (Jérusalem) capitale de la Palestine, des Arabes et des Musulmans.
Je suis honoré de prononcer le discours d’ouverture de ce forum qui vise à déclarer Jérusalem capitale de la Palestine, des Arabes et des musulmans en se basant de la volonté populaire. Le programme de ce forum prévoit de nombreux discours c’est pourquoi je dois être concis. J’ai donc écrit mon discours et je m’y tiendrais pour ne pas perdre du temps.
Je parlerai d’abord de Jérusalem, la situation actuelle et les défis à relever, la responsabilité, les choix, les perspectives et l’avenir.
D’abord, la situation actuelle : le cas de Jérusalem est unique dans son genre dans le monde. C’est une ville sainte bâtie sur une terre sainte, bénie elle et ses environs. Toutes les religions célestes sont d’accord sur ce point. C’est pourquoi elle est présente dans ma conscience, mon idéologie, ma culture et dans ceux de milliards d’être humains, musulmans et chrétiens, dans le monde, dans les cinq continents. Elle est présente dans leurs yeux et leur cœur. C’est pourquoi il n’existe aucune autre ville comme elle dans le monde qui regroupe des lieux saints chrétiens et musulmans, de la mosquée Al Aqsa à l’église de la Résurrection. D’un autre côté, cette ville est victime d’une occupation de la part de personnes qui n’ont rien à voir avec ces milliards de personnes qui restent attachées à elle. Elle est sous occupation depuis des dizaines d’années. Elle a même été décrétée capitale éternelle d’une entité terroriste, raciste, colonisateur et artificiel hostile à la oumma et à tout son environnement. Cette entité c’est « Israël ». Il y a même des efforts pour que Jérusalem soit décrétée capitale éternelle du peuple juif dans le monde. Ces efforts se poursuivent et un projet dans ce sens est actuellement étudié à la knesset.
Au fil de l’Histoire, Jérusalem a été un pivot principal pour la lutte dans la région. Elle l’était au cours du siècle dernier, elle l’est encore aujourd’hui et elle le sera sans doute demain. Pour pouvoir la contrôler, la région a été divisée selon l’accord Sykes-Picot. Et pour maintenir ce contrôle, de nombreux projets ont été élaborés dont le dernier en date est celui du Nouveau Moyen Orient, qui a été balayé par l’action des mouvements de résistance et l’axe de l’opposition. Nous continuerons à affronter un projet après l’autre élaborés tous pour liquider la cause palestinienne et son cœur Jérusalem. Cette ville est donc un pivot qui détermine l’avenir de la région. En des termes plus simples, je dirais : dites-moi où en est Jérusalem et je vous dirais où en est la région…
Jérusalem subit aujourd’hui une campagne de judaïsation systématique dans le cadre de laquelle les symboles sacrés des chrétiens et des musulmans sont bafoués et les lieux sacrés sont menacés de destruction. De même, ses habitants historiques et d’origine sont la cible d’une large campagne pour les pousser à l’exode et au départ. L’objectif est de vider la ville de ses habitants initiaux chrétiens et musulmans, de leurs lieux saints et de leurs symboles sacrés pour qu’elle devienne une ville à coloration unique connue.
A Jérusalem, nous sommes donc réellement face à un cas unique en son genre et face à un défi lié à l’avenir, à l’identité et au destin de cette ville sacrée.
Sur le plan de la responsabilité et des choix : Je pense que tout palestinien, arabe, musulman et chrétien, porte une responsabilité nationale, morale et religieuse à l’égard de cette ville sacrée, de son identité et de son avenir.
Je voudrais toutefois insister sur la responsabilité religieuse ou comme on dit communément « chériée ». Chers frères, nous croyons dans la résurrection et dans le Jugement dernier. Nous pensons qu’il y a deux genres de jugement dans l’Autre monde, celui des individus et celui des groupes et des nations. En ce jour, nous serons trous interrogés en tant qu’individus, que groupes et que oumma, sur ce que nous avons fait pour la Palestine et pour Jérusalem, face aux défis qu’elles affrontent ?
Les générations qui ont vécu l’occupation de Jérusalem et l’émergence de l’entité sioniste assument une part de responsabilité. Toutes les générations de notre oumma qui ont vécu cette période assument une part de responsabilité à des degrés différents. Elles seront interrogées sur la perte de Jérusalem au jour du Jugement dernier. Il se peut que dans ce monde, nul ne demande des comptes, mais cela ne signifie pas que le droit devient obsolète avec le temps, tout comme le faux ne devient pas vrai avec le temps. Les gens peuvent oublier et passer à autre chose, mais Dieu a entre ses mains la balance de la justice et du droit.
La plupart d’entre nous appartient à la génération qui a atteint l’âge de raison dans la foulée de 1967, c’est-à-dire après l’occupation de Jérusalem. Nous n’assumons donc aucune part de responsabilité dans sa perte et son occupation. Mais nous assumons tous une part de responsabilité dans son maintien sous occupation jusqu’à aujourd’hui. Nous serons interrogés sur ce fait et chacun de nous, individus, groupes, organisations, tribus, institutions et pays, devrait préparer une réponse sur ce qu’il a fait en vue de la libération de Jérusalem.
Le devoir et la responsabilité imposent à cette oumma un objectif central qu’il faut atteindre, c’est celui de la libération de Jérusalem de l’occupation. Elles nous imposent aussi de fournir un travail sérieux dans ce sens. En attendant ce jour, il y a aussi une multitude de défis à relever chaque jour avec tous les moyens possibles. Il s’agit de défendre les symboles sacrés islamo-chrétiens, la préservation de la particularité de Jérusalem, arrêter le processus de judaïsation, protéger les habitants en leur permettant de rester chez eux, bref faire tout ce qui est possible pour empêcher Jérusalem d e perdre son identité. Cela peut se faire sur la base de plans précis. Autrement dit, nous n’avons pas besoin d’élaborer des programmes, puis de les étudier. L’institution internationale d’Al Qods a été créée et de nombreux congrès ont été organisés à Téhéran et ailleurs, et je crois qu’il n’y a aucun manque sur le plan des programmes. Ce dont nous avons besoin aujourd’hui est de l’action sérieuse et le fait d’accorder la priorité à cette crise.
Sur le plan des choix, il est clair que les négociations pour recouvrer Jérusalem sont irréalistes. Indépendamment de la position de principe sur le fait d’entreprendre des négociations et sur l’ensemble du processus avec l’ennemi dans l’idée que cela pourrait résoudre certains dossiers partiels comme le cas d’une partie des territoires occupés ou la question des réfugiés palestiniens, il reste certain que Jérusalem n’a aucune place dans ces négociations avec l’attachement de l’entité sioniste à en faire la capitale unifiée de l’Etat d’"Israël". Il n’y a donc aucune possibilité de négociation sur ce sujet, ni sur Jérusalem est, ni sur la mosquée Al Aqsa, ni en sous sol ni au dessus du sol. Il faut ajouter à cela l’appui inconditionnel de l’Occident et de l’administration américaine à la supériorité militaire d’"Israël" qu’Obama a récemment qualifié d’ « engagement sacré ». En d’autres termes, il ne s’agit plus d’un engagement stratégique, humain et politique, mais d’une question sacrée, donc indiscutable. Signalons entre parenthèses, que nous n’avons entendu aucun commentaire de la part des alliés des Etats-Unis dans la région à ce sujet. Face à un tel engagement et à l’attachement de l’ennemi à Jérusalem, il ne reste plus aux Palestiniens et à la oumma en général que l’option de la résistance et de la lutte armée.
Au sujet de l’avenir et de ses perspectives, nous pensons que les grands développements dans la région (dans lesquels les mouvements de résistance ont une grande part) et dans le monde nous rendent plus proches que jamais de la réalisation de l’objectif de libérer Jérusalem. Je citerai à titre d’exemple : la résistance du peuple palestinien au cours de ces années, en dépit des guerres, du génocide et des tentatives de le pousser à l’exode, qui lui a permis de refuser de céder aux conditions israéliennes. L’incapacité de la communauté arabe et internationale officielle à liquider la cause palestinienne. Par conséquent, cette cause est encore vivace dans les consciences, dans les équations et sur le terrain. La déclaration de l’imam Khomeiny du dernier vendredi du mois de Ramadan comme Journée d’al Qods est une manière de maintenir cette cause vivante.
La chute du régime du shah et la naissance de la République islamique en Iran qui appuie totalement les droits palestiniens, arabes et musulmans. Nous devons d’ailleurs nous incliner avec respect devant cette République, son peuple et ses dirigeants qui affirment clairement qu’"Israël" est une entité illégale et une tumeur cancéreuses qui doit disparaître de la carte. Pourtant l’Iran a des intérêts et des relations avec une partie de la communauté internationale. Elle subit donc des pressions, mais même dans ses prises de position et dans sa vision, elle n’a pas recours à la tactique et agit toujours en se basant sur la stratégie et avec profondeur. Les victoires de la résistance, au Liban, en Palestine et en Irak. Le grand changement en Egypte que les sionistes ont qualifié de séisme qui menace leur entité. Le grand changement en Irak et si Dieu le veut, l’Irak se rétablit rapidement et peut de nouveau jouer un rôle central dans le conflit arabo-israélien. Nous attachons, à cet égard, de grands espoirs sur les forces irakiennes, la résistance irakienne et le peuple irakien en général. L’affaiblissement et le recul des Etats-Unis et des pays occidentaux en général sur plus d’un plan. Les changements au sein de l’entité sioniste, culturels, moraux, psychologiques, militaires et politiques. La stabilité de l’axe de la résistance de l’Iran en Syrie, en passant par les mouvements de résistance face à tous les défis. L’échec du compromis et des tentatives de normalisation des relations avec l’entité israélienne. L’acceptation de l’option de la résistance par la oumma et sa conviction que ce choix peut être plus fructueux est désormais plus forte qu’elle ne l’avait jamais été.
Ce sont tous des facteurs stratégiques qui nous placent sur le chemin qui mène à notre objectif et qui nous permettent de dire que l‘évocation de la libération d’Al Qods est une donnée réaliste basée sur des critères stratégiques, régionaux, internationaux et locaux.
Chers Frères et Sœurs, les mêmes règles qui se sont appliquées aux précédentes oummas s’appliquent aujourd’hui. Lorsque les fils d’Israël ont refusé de répondre à l’appel du Prophète Moïse leur demandant d’entrer sur la Terre sainte, lui demandant s’y aller seul avec son Dieu, ils ont été frappés par la misère et l’humiliation. Ils ont été condamnés à errer quarante ans dans le désert. Lorsque la oumma n’ a répondu pas à l’appel au secours de la Palestine au cours du siècle précédent et elle n’a pas eu le courage de défendre la Terre sainte, perdant au passage la ville sacrée, elle a été aussi condamnée à l’errance dans le désert et à l’humiliation pendant quarante ans.
Aujourd’hui, ces quarante ans sont passés. Une nouvelle génération est née dans la foulée des grands changements, prête au jihad et considérant qu’il est l’une des portes du paradis ouvertes par Dieu à ceux qu’il aime particulièrement. Le chemin de la résistance est donc celui de la dignité, de la libération et de la victoire. Nous en avons fini avec l’errance. Les premiers indices en sont la libération du Sud en 2000, la libération de Gaza, ainsi que les guerres de juillet au Liban et de Gaza.
Toutes les données idéologiques, spirituelles, réelles et politiques montrent que nous sommes entrés dans l’ère des victoires laissant derrière nous l’ère des défaites.
Les jeunes résistants disent aujourd’hui à tous les fils de la oumma : ceux qui nous suivent iront vers la victoire