Avoirs russes gelés: Moscou promet une riposte face aux projets européens
Par AlAhed avec agences
Au lendemain d'une mise en garde de la Russie, promettant une riposte face aux projets européens d'utiliser les avoirs russes gelés pour financer l'Ukraine, les dirigeants européens se sont accordés sur un emprunt européen commun de 90 milliards d’euros pour financer l’aide à l’Ukraine sans recourir, n'en déplaise à l'Ukraine, aux avoirs russes.
Jeudi 18 décembre, le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a affirmé que Moscou ne tolérera aucune mesure portant atteinte à ses actifs.
«Toute action concernant la saisie de nos avoirs entraînera une riposte», a-t-il déclaré, précisant que la Russie mobiliserait «tous les mécanismes juridiques disponibles».
Il a souligné que la responsabilité incombera aussi bien aux décideurs qu’à ceux qui exécuteront ces mesures.
Le porte-parole de la présidence russe a indiqué que les dirigeants européens sont «obsédés par la recherche de financements pour poursuivre le conflit», estimant que leur intention était de «voler nos fonds».
Pour Moscou, les projets de l’Union européenne constituent un vol pur et simple et enfreignent les principes du droit international.
Ainsi, la Russie avait mis en garde contre les conséquences d’une telle initiative, jugeant que la confiscation des avoirs souverains à des fins politiques porterait gravement atteinte à la sécurité juridique du système financier international, une perspective qui suscite déjà des inquiétudes au-delà du monde occidental.
Ces remarques ont été formulées alors que les dirigeants des pays membres de l’Union européenne s'étaient réunis depuis jeudi 18 décembre à Bruxelles afin de trouver une solution de financement à destination de l’Ukraine.
Le sommet européen à Bruxelles, censé trancher sur l’utilisation des avoirs russes gelés, a été marqué par une intense journée de blocages et de négociations.
La discussion sur ce sujet sensible a été volontairement repoussée à la fin de l’ordre du jour, afin de donner du temps aux équipes techniques pour surmonter les désaccords.
Malgré toutes les divisions profondes, les Européens ont enfin décidé ce vendredi matin de financer ce qu’ils appellent l’effort de guerre de l’Ukraine pendant au moins deux ans via un emprunt en commun de 90 milliards d’euros, sans toutefois avoir recours aux avoirs russes faute d’accord.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a salué cette décision, indiquant qu’il «s’agit d’un soutien important qui renforce véritablement notre résilience».
Les besoins de financement de Kiev ont été estimés à 137 milliards d’euros, l’UE s’engageant à prendre en charge les deux tiers, soit 90 milliards d’euros, sous la forme d’un prêt à taux zéro.
Financé par le budget de l’UE, l’Ukraine n’aura à le rembourser que si la Russie lui paie des réparations.
L’accord sur l’emprunt a été trouvé à 27 mais l’opération ne se fera qu’à 24, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque (trois pays réticents à soutenir financièrement l’Ukraine) en étant exemptés.
Le reste des besoins ukrainiens doit être assuré par les autres alliés de l’Ukraine, comme la Norvège ou le Canada.
À noter que la Belgique, sur le territoire de laquelle sont détenus environ 180 milliards d’euros de fonds russes via Euroclear, s’oppose à la tentative européenne de geler les avoirs russes.
Le Premier ministre belge Bart De Wever avait transmis une liste de demandes écrites comprenant des garanties juridiques «illimitées».
D’après le journal américain Politico, d’intenses tractations ont eu lieu tout au long de la journée entre l’UE et la délégation belge.
De son côté, le géant des règlements et des livraisons de titres au monde, Euroclear, a signalé qu’elle pourrait intenter une action en justice en cas de confiscation, tandis que la Banque centrale russe a déjà engagé une procédure pour demander des dommages.
La Hongrie s’est opposée frontalement au projet, que Viktor Orban a qualifié de «voie sans issue».
Plusieurs États membres, dont l’Autriche, l’Italie, et Malte partagent les inquiétudes sur les conséquences juridiques et les représailles russes.
Côté Washington, des acteurs influents s’inquiètent aussi de l’impact global d’une telle mesure sur les règles internationales et préfèrent attendre l’issue des décisions européennes avant de se positionner plus clairement, selon Politico.
Bien que les dirigeants européens aient accepté ce vendredi matin de prêter 90 milliards d’euro à l’Ukraine, ils n’ont pas réussi à dépasser leurs divisions et le projet de confiscation des avoirs russes apparaît plus incertain que jamais.