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Gaza: «Israël» interdit l’accès à 14 ONG et durcit le contrôle sur l’action humanitaire

Gaza: «Israël» interdit l’accès à 14 ONG et durcit le contrôle sur l’action humanitaire
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Par AlAhed avec AFP

Les ONG internationales redoutaient de ne plus pouvoir travailler à Gaza : depuis les nouvelles procédures draconiennes d'enregistrement par «Israël», leurs craintes se confirment et quatorze sont désormais interdites d'accès, plusieurs responsables humanitaires dénonçant une volonté de «contrôle politique» de leur action.

En pleine catastrophe humanitaire dans le territoire palestinien dévasté par la guerre, toujours privé d'eau courante et d'électricité, une grande incertitude pèse sur les organisations internationales avant la date butoir du 31 décembre, à laquelle toutes devraient être fixées sur leur sort.

Sur la centaine de demandes d'enregistrement soumises ces derniers mois, seules 14 ont été rejetées à fin novembre, affirme dans une déclaration transmise à l'AFP le «ministère de la Diaspora et de la Lutte contre l'antisémitisme», qui pilote depuis mars cette nouvelle procédure obligatoire.

Les autres ont été approuvées ou sont en cours d'examen, ajoute-t-il. Cette décision intervient alors que l'aide qui entre à Gaza demeure largement insuffisante.

60 jours pour retirer le personnel

Si l'accord de cessez-le-feu du 10 octobre prévoyait l'entrée de 600 camions par jour, dans les faits, seuls 100 à 300 transportent de l'aide humanitaire, selon les ONG et les Nations unies, le reste étant surtout des marchandises commerciales inaccessibles à la grande majorité des Gazaouis.

Le départ des ONG internationales aurait un impact considérable sur le terrain. Médecins sans frontières, par exemple, gère aujourd'hui environ un tiers des 2300 lits hospitaliers à Gaza.

Parmi les ONG non autorisées figurent Save the children, l'une des plus connues et anciennes à Gaza, où elle vient en aide à 120 000 enfants ; ou encore l'association American Friends Service Committee (AFSC), selon une première liste officielle récemment rendue publique.

Elles disposent alors de 60 jours pour retirer tout leur personnel international de la bande de Gaza, de Cisjordanie occupée et d'«Israël», et ne pourront plus acheminer aucune aide sur place - sans compter les difficultés d'accès au système bancaire «israélien» dont elles dépendent pour payer loyers et salariés.

De son côté, Save the Children a affirmé à l'AFP explorer toutes les voies de recours possibles pour obtenir un réexamen de cette décision, y compris sur le terrain judiciaire, et reste pleinement engagé à fournir une aide vitale aux enfants et aux familles des territoires palestiniens occupés.

Si des ONG qui transmettent des témoignages des populations, qui font de l'opérationnel, qui racontent ce qui se passe, c'est considéré comme nuisant aux intérêts d'«Israël» et ça débouche sur une interdiction de travail, c'est très problématique, juge pour sa part Jean-François Corty, président de Médecins du monde.

Informations sensibles sur le personnel palestinien demandées

Les ONG contactées par l'AFP affirment s'être pliées à la plupart des exigences «israéliennes» pour fournir un dossier complet. Mais certaines ont refusé de franchir une ligne rouge en fournissant des informations sensibles sur leur personnel palestinien.

Pour avoir parlé de génocide, dénoncé les conditions dans lesquelles la guerre se menait, mais aussi les limitations imposées à l'entrée de l'aide, on coche toutes les cases, frémit le responsable d'une autre ONG, qui s'attend, sans illusion, à voir son autorisation refusée.

Une nouvelle fois, l'étau bureaucratique est utilisé à des fins de contrôle politique avec des conséquences catastrophiques dénonce-t-il.

Une autre source humanitaire pointe la folle déperdition d'énergie déployée pour augmenter la réponse humanitaire sur place, tout en se préparant à un éventuel départ début janvier.

Jamais entendu parler

Tous émettent des inquiétudes sur ce qu'il va se passer début 2026, et le risque de voir sélectionner des ONG qui n'auraient pas la capacité ni l'expertise des organisations présentes de longue date dans les territoires palestiniens.

S'il y a des criblages des bénéficiaires, s'il y a une conditionnalité des distributions... c'est inquiétant. D'autant que le tout [serait] géré uniquement par des militaires, assure à l'AFP Jean-François Corty.

Plusieurs acteurs humanitaires ont affirmé à l'AFP ne jamais avoir entendu parler de certaines des ONG accréditées, qui n'ont pour l'heure aucune présence à Gaza, mais auraient été intégrées au plan du président américain Donald Trump pour Gaza.

Les États-Unis sont dans une logique de page blanche (sur la coordination humanitaire) et, avec la nouvelle procédure d'enregistrement, des ONG vont partir, souligne une source diplomatique européenne dans la région. Ils vont peut-être se réveiller le 1er janvier en voyant qu'ils n'ont pas de solution pour les remplacer.

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