noscript

Please Wait...

achoura2025

 

Brésil: Le juge chargé du procès Bolsonaro tient tête à Washington

Brésil: Le juge chargé du procès Bolsonaro tient tête à Washington
folder_openAmériques access_timedepuis un jour
starAJOUTER AUX FAVORIS

Par AlAhed avec AFP

Le juge de la Cour suprême du Brésil chargé du procès de l’ex-président Jair Bolsonaro a affirmé vendredi qu’il allait «ignorer» les sanctions qui lui ont été imposées par l’administration Trump. Il a prévenu que la justice brésilienne ne se plierait pas aux «menaces».

Voix forte et colère froide, Alexandre de Moraes, magistrat aussi puissant que critiqué, a tenu ces propos lors d’une séance solennelle très attendue du tribunal à Brasilia.

Mercredi, le gouvernement américain a annoncé des sanctions contre lui, mais aussi une surtaxe punitive sur des produits brésiliens exportés vers les Etats-Unis.

Motif: une supposée «chasse aux sorcières» contre l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro (2019-2022), actuellement jugé pour présumée tentative de coup d’Etat.

Dans un discours virulent retransmis en direct sur les chaînes d’informations brésiliennes, le juge devenu la bête noire du camp Bolsonaro a affirmé qu’il allait «ignorer les sanctions qui ont été imposées et continuer à travailler».

Selon lui, «la Cour suprême sera absolument inflexible dans la défense de la souveraineté nationale et son engagement en faveur de la démocratie».

Loi Magnistky

Mercredi, le département du Trésor américain lui a infligé de nouvelles sanctions dans le cadre de la loi Magnistky, utilisée habituellement contre des personnalités étrangères dans des cas d’«atteintes aux droits humains» ou de «corruption».

Le gouvernement de Donald Trump l’accuse d’avoir profité de sa position pour «cibler des opposants politiques, notamment l’ex-président Jair Bolsonaro, des journalistes, des réseaux sociaux américains et d’autres entreprises américaines et internationales».

Le magistrat, et la Cour suprême en général, ont adopté une posture très ferme en matière de lutte contre la désinformation sur les plateformes, s’attirant des accusations de censure parmi leurs détracteurs.

«Les Brésiliens et leurs institutions définissent les orientations du Brésil»

Depuis le début de la crise ouverte par les premières annonces américaines début juillet, Donald Trump et le président brésilien de gauche Luiz Inacio Lula da Silva ne se sont pas parlé.

«Il peut me parler quand il veut», a déclaré vendredi le locataire de la Maison Blanche en réponse à une journaliste.

«J’aime le peuple brésilien», a-t-il poursuivi, tout en dénonçant les actions de «ceux qui dirigent le Brésil».

Peu après, Lula a semblé lui répondre en écrivant sur le réseau social X: «Nous avons toujours été ouverts au dialogue».

«Ce sont les Brésiliens et leurs institutions qui définissent les orientations du Brésil», a-t-il insisté.

Face aux pressions américaines, le gouvernement brésilien a défendu ces dernières semaines la «souveraineté» du pays.

Voyant une «injustice» dans les droits de douane de 50% infligés à ses exportations à partir du 6 août, malgré de nombreuses exemptions, il mise sur la négociation pour obtenir gain de cause.

La question reste de savoir si un contact entre les deux dirigeants va finir par se nouer.

Manifestations anti-Trump

Vendredi, des manifestations contre cette surtaxe ont rassemblé des centaines de personnes devant l’ambassade des Etats-Unis à Brasilia et le consulat à Sao Paulo, ainsi qu’à Rio de Janeiro.

Dans la mégalopole Sao Paulo, des manifestants ont brûlé un portrait de Donald Trump affublé de cornes de diable.

Sur une grande banderole vert et jaune, couleurs du Brésil, on pouvait lire: «La souveraineté n’est pas négociable.»

Les sanctions imposées par Washington entraînent notamment le gel des éventuels avoirs détenus aux Etats-Unis par le juge Moraes, déjà privé récemment de visa dans ce pays.

Il «n’a pas de biens aux Etats-Unis», a dit une source de la haute juridiction.

«Attaque putschiste»

Plus encore qu’au gouvernement Trump, il s’en est pris à ceux qui, au Brésil, ont «agi avec lâcheté et traîtrise dans le but de soumettre la Cour suprême à un Etat étranger».

Sans le nommer, le magistrat a ainsi visé au premier chef Eduardo Bolsonaro, fils de l’ex-président, qui a mis entre parenthèses son mandat de député pour pratiquer à Washington un efficace lobbying auprès des autorités américaines contre les autorités brésiliennes, et notamment la magistrature.

Alexandre de Moraes a aussi soutenu que ceux qui, dans le camp Bolsonaro, cherchent à «stimuler une crise économique» veulent «provoquer une instabilité sociale permettant une nouvelle attaque putschiste».

Dans le cadre de cette enquête, l’ancien dirigeant de la première économie d’Amérique latine est contraint de porter un bracelet électronique, en plus de l’interdiction de recourir aux réseaux sociaux et d’autres mesures.

Comments

//