Sayyed Nasrallah : cherchez les mains israéliennes dans le chaos qui se répand dans notre région
Discours du secrétaire général du Hezbollah sayed Hassan Nasrallah le 24 février 2012
En cette commémoration de nos chefs martyrs, sayed Abbas, cheikh Ragheb et hajj Imad, nous devons nous rappeler de ce que nous leur devons. Tout en évoquant leurs bienfaits, nous devons aussi avoir en tête l’importance de la cause qu’ils nous ont léguée, celle de la résistance pour laquelle ils ont vécu et sont morts et qu’ils nous ont demandé de préserver. Grâce à cette résistance, nous avons libéré notre terre en 2000, nous avons récupéré nos chers otages et nous avons assuré à notre peuple et à notre pays la sécurité, la dignité et la stabilité.
Grâce à cette résistance, nous avons détruit les plus dangereux projets américano-israéliens qui visaient le
Liban et la région. En 2006 surtout, avec le Nouveau Moyen Orient qui consistait à diviser la région sur des bases confessionnelles, communautaires et ethniques. En d’autres termes, il s’agissait de partager la région mais de façon destructrice et explosive, pour qu’"Israël" reste le plus fort. Avec cette résistance, nous avons protégé notre pays, nous protégeons nos ressources et nous continuons à lutter pour récupérer notre terre encore occupée. Grâce, nous relevons tous les défis et nous faisons face à toutes les menaces. Hier encore, des propos du Premier ministre ennemi Benjamin Netanyahu selon lesquels il menaçait de détruire le Liban, ajoutant que dans la future carte de la région, le Liban n’existe pas. J’ignore si Netanyahu a réellement tenu ces propos – j’ai d’ailleurs demandé à nos frères de faire des recherches à ce sujet dans les médias israéliens et ils ont dit n’avoir rien trouvé -, mais dans tous les cas, ils sont en harmonie avec la mentalité israélienne.
Cette mentalité, cet ennemi israélien et ce projet sont ceux de la menace permanente d’éliminer les autres et de les détruire. C’est d’ailleurs à cause de cette mentalité que l’ennemi a lancé ses agressions contre le peuple palestinien, organisé et réalisé les massacres, multipliant les actes de violences, les viols, les tueries d’enfants contre le peuple palestinien. Il a aussi bafoué les symboles sacrés et les croyances des Palestiniens et des Arabes depuis la naissance des organisations terroristes sionistes et il continue à le faire jusqu’à aujourd’hui.
En commémorant nos chefs martyrs, nous devons rappeler la barbarie, la mentalité sanguinaire et les méthodes de cet ennemi. Cette situation se poursuit en Palestine. Où ? En Cisjordanie qui est censée devenir, si un accord est trouvé, une partie de l’Etat palestinien. Or, c’est là que l’ennemi cherche à grignoter des terrains, à construire de nouvelles colonies, à arracher les agricultures des Palestiniens, à bafouer leurs Lieux saints, qu’ils soient chrétiens ou musulmans (Il y a d’ailleurs actuellement des affrontements entre les Palestiniens et l’ennemi à la mosquée al Aqsa). Nous devons donc toujours chercher le cerveau et les mains israéliennes qui se cachent derrière beaucoup d’événements qui se produisent actuellement dans le monde tels que le fait de brûler des copies du coran aux Etats-Unis ou même récemment en Afghanistan. D’ailleurs, lorsque les gens ont voulu manifester contre ce fait, des coups de feu ont été tirés sur la foule, faisant des morts et des blessés.
Le cerveau et la mentalité américaines ne manquent pas de diabolisme, mais le fait de brûler les Corans et de s’attaquer aux croyances et aux symboles sacrés et religieux des autres, est un comportement israélien, je dirais même juif, au risque d’être accusé d’antisémitisme. Le Coran nous a d’ailleurs parlé de ce groupe, en racontant comment ils ont attaqué les prophètes et comment ils ont tué Jésus et ont agressé Marie ; comment ils s’en sont pris au Prophète Mohammed. Les attaques contre les symboles religieux des autres est dans leur méthode. Peut-être cherchent-ils à travers ces méthodes à pousser vers un conflit religieux dans le monde.
Aujourd’hui, la bataille est contre les Etats-Unis –Les Américains ont occupé l’Irak et l’Afghanistan et il y a eu une résistance contre cette occupation- et elle est politique, même si les pays occupés sont musulmans. Il ne s’agit pas d’une guerre entre chrétiens et musulmans, mais d’un combat entre l’occupant et les peuples qui rejettent cette occupation. Par contre, le projet sioniste est de toujours de transformer le conflit entre un colonisateur et un colonisé, ou entre les forces d’oppression et d’hégémonie et les peuples opprimés en combat religieux et confessionnel. En tant que musulmans, nous devons rester vigilants, en défendant nos croyances et nos symboles sacrés, et ne pas toucher à ceux des autres, pour ne pas tomber dans le piège israélien.
De même, nous devons chercher les mains israéliennes dans le chaos qui se répand dans notre région. Prenons un phénomène douloureux : il y a eu hier des explosions à Bagdad qui ont fait des dizaines de victimes, entre morts et blessés. Ces voitures piégées placées à proximité des écoles, des mosquées, des églises, des husseiniyés et des marchés sont une mort terrible. Cela s’est produit dans le passé et continue à avoir lieu et si nous recensons les Irakiens morts dans de telles explosions, leur chiffre s’élèverait à des centaines de milliers, en plus de ceux morts à cause des balles et des obus américains. Dans quel but sont tués tous ceux qui meurent dans les explosions et les voitures piégées ? Ils appartiennent à toutes les confessions et communautés et ils sont tués dans le seul but de détruire l’Irak. Or, je voudrais rappeler ici, ce que nous disions, des compagnons et moi au début de l’occupation américaine de l’Irak. Nous nous basions sur des études, des ouvrages et des recherches israéliennes et nous affirmions avec certitude que le projet israélien est d’empêcher l’émergence d’un Etat irakien, car si on donnait la chance à un Etat irakien, il serait riche, fort, avec des possibilités énormes. Nous savons tous que le peuple irakien est cultivé et aime apprendre. Nous serions donc devant un modèle nouveau. Les Israéliens ne veulent pas d’un Etat de ce type. Ce refus est lié à leurs croyances religieuses et à leurs prophéties pour l’avenir. Les sionistes croient en effet que le vent qui soufflera de nouveau sur cette entité qui a violé la Palestine viendra de l’est et l’est c’est l’Iran et l’Irak et tout ce qui se situe à l’est de l’entité sioniste. C’est pourquoi ils veulent que ces pays restent divisés et en proie à des luttes et des conflits pour qu’ils soient finalement détruits. Même si les auteurs de ces agressions sont parfois des hommes qui brandissent des étendards islamistes ou se revendiquent comme tels. Nous devons admettre que ces mouvements sont infiltrés par les renseignements américains et israéliens. Je ne lance pas des accusations en l’air. Les services irakiens ont des données sur le sujet. Nous devons donc chercher les mains et le cerveau israélien derrière ce qui se passe en Irak.
Même chose si nous regardons le Pakistan, la Somalie et ce qui se passe dans certains pays arabes sur le plan des luttes et du chaos, nous devons chercher les méthodes, le cerveau et les mains israéliens. Nous devons rester conscients du fait que le projet américain et israélien face à l’impossibilité de contrôler un pays arabe ou musulman est de le détruire et d’y semer le chaos. La responsabilité nationale, humaine, morale et religieuse est donc d’affronter les projets de discorde et de chaos car ils servent les intérêts des Etats-Unis et d’"Israël". En tout état de cause, c’est cette mentalité qui se tient derrière les menaces de détruire le Liban.
En face, nous avons appris de nos chefs martyrs à ne pas avoir peur. Ni les menaces de Netanyahu, ni celles de Barak, de Haloutz, d’Olmert ou de l’ancien ministre de la Défense ne nous font peur.
Lorsqu’"Israël" paraissait grand et fort, voire invincible aux yeux des gens, et alors que nous étions peu nombreux et avions peu d’équipements, nous n’avons pas eu peur. Vous avez entendu dans le film que nous avons projeté avant le discours, sayed Abbas dire qu’il acceptait que 5 à 6 personnes viennent de Aïn Besouar, autant de Louayzé et une douzaine de Tyr pour s’enrôler dans les rangs de la résistance. A cette époque, Israël ne nous a pas fait peur. Que serait-ce alors aujourd’hui ? Je le dis à proximité du lieu où repose sayed Abbas, ces dizaines sont devenues des dizaines de milliers qui portent votre sang, votre détermination, votre esprit et votre courage pour réaliser la victoire de ce peuple et de la oumma. C’est sûr, les menaces ne sous font pas peur et elles font d’ailleurs partie de la guerre psychologique que nous mène l’ennemi et à laquelle nous ne cédons pas un seul instant. En même temps, nous devons rester vigilants face à ce qui se passe au sein de l’entité mais aussi dans la région et au Liban.
La région dans son ensemble, y compris le Liban, traverse une période particulièrement sensible, historique, dangereuse et vitale. Il y a une tentative de la redessiner. Souvenez-vous, nous disions que l’on ne peut pas traiter le Liban comme un îlot isolé dans l’océan pacifique et dire : nous ne sommes pas concernés par ce qui se passe dans la région. Nous sommes partie intégrante de cette région, des peuples de la région et de ses Etats. Notre sécurité dépend de celle de la région, ainsi que notre stabilité. Les plans ourdis contre la région passent aussi au Liban. Nous sommes influencés comme nous influençons les événements dans la région. Le fait d’influencer le cours des événements régionaux a d’ailleurs été établi par la résistance. Parce qu’avant elle, nous étions un pays influencé et non un pays qui influence. Nous subissions au lieu d’être des acteurs. C’est la résistance, celle des chefs martyrs notamment a transformé le Liban en acteur régional. Désormais, lorsque les américains et les Israéliens font des plans pour la région, ils ne peuvent plus ignorer le rôle du Liban, à cause de l’équation « armée, peuple et résistance ». C’est un élément clair lorsqu’on parle aujourd’hui des alignements politiques et des axes. L’histoire de se tenir à l’écart est acceptable en tant que compromis qui permet de maintenir le gouvernement en place. Mais jusqu’à quand faut-il se tenir à l’écart ? Il faut rester vigilant et suivre ce qui se passe dans la région et assumer pleinement nos responsabilités.
Sur la base de ces considérations et à l’occasion de la commémoration de la semaine du martyr et du souvenir de sayed Abbas, nous continuons à penser que le véritable danger vient d’"Israël", aussi bien pour le Liban que pour l’ensemble de la région. Nous continuons à penser que la priorité est d’affronter cette menace et c’est à partir de là que nous définissons nos positions, notre vision et nos relations avec les autres parties, comme je l’ai déjà dit dans mon précédent discours.
Dans ce contexte, je voudrais préciser certains points :
Avec tout ce qui se passe dans la région et à partir de la priorité accordée à la menace israélienne contre le Liban et la région, nous affirmons notre attachement à la stabilité politique et sécuritaire du Liban. Car ceux qui veulent le chaos dans la région le veulent aussi pour le Liban. Ceux qui veulent entraîner la Syrie et l’Irak dans une guerre civile et confessionnelle, qui veulent entraîner la Libye, (peuplée d’une population appartenant à la même confession) vers une guerre tribale et ou une guerre d’axes entre l’est et l’ouest, sont déterminés à répandre le chaos dans la région et le Liban en fait partie. Face à un tel projet, une grande responsabilité nous incombe : préserver la stabilité politique et sécuritaire du Liban. Par conséquent, tout ce qui pousse à la discorde ou la favorise doit être évité dans la parole et dans les actes. Chacun peut exprimer son opinion, même sur les sujets conflictuels, qu’ils soient internes ou régionaux, même sur la Syrie, sans utiliser un langage qui pousse à la discorde confessionnelle ou communautaire. Car il faut éloigner le Liban de cette division. Regardez la région, il y a des affrontements, des explosions, des luttes et même dans certains pays qui avaient rendez-vous avec l’Etat juste, la démocratie et la liberté, il y a de l’instabilité alors que le Liban a été jusqu’à présent préservé. Les Libanais ont réussi jusqu’à présent à préserver la stabilité dans leur pays. Nous devons veiller à cela. Face à tout ce qui se passe dans la région, notre méthode d’action doit rester d’encercler la discorde dans tous les pays, en évitant son expansion à d’autres scènes, tout en oeuvrant à l’étouffer là où elle commence à poindre son nez. C’est une responsabilité morale, humaine et religieuse pour toute personne sincère et soucieuse du Bien.
Mes frères et sœurs, en tant que descendants d’Abraham, de Moïse, de Jésus et de Mohammed, nous souffrons
pour chaque goutte de sang versée au Liban, en Syrie, en Irak, en Palestine, au Pakistan, en Iran, en Afghanistan et partout, nous souffrons pour chaque enfant devenu orphelin et pour chaque femme devenue veuve, pour chaque douleur qui entre dans une famille. Mais il ne suffit pas de souffrir, il faut aussi chercher les positions, les méthodes qui ferment la porte de la discorde, du conflit et de la souffrance.
Dans ce contexte, il apparaît clairement qu’il est important de maintenir le gouvernement actuel en place et de préserver ainsi la stabilité politique et la sécurité. Mais cela ne doit pas être une excuse pour les composantes du gouvernement afin de ne pas être productives. Il ne faut pas se dire : ce gouvernement est en train de préserver la stabilité politique et la sécurité et cela suffit. Certes, c’est important, mais ce n’est pas la seule mission de gouvernement. Celui-ci doit assumer pleinement toutes ses responsabilités, être efficace et productif.
Certes, il arrive que des composantes du gouvernement, dont nous, critiquent son manque de productivité ou le fait qu’il va dans un sens alors qu’elles voudraient qu’il aille dans un autre. Certains veulent paralyser ce gouvernement. Ils veulent qu’il ne soit pas productif et souhaiteraient le faire chuter s’ils le pouvaient. Vous savez d’ailleurs que ce gouvernement a été combattu dès le premier jour de sa formation et la communauté internationale a été montée contre lui. Cela n’a pas donné le résultat escompté car la communauté internationale traite les questions avec pragmatisme, non selon les désirs des uns et des autres. Mais cela est une autre affaire. Je voudrais donc réitérer mon souci, en tant que composante de ce gouvernement, de pousser celui-ci à reprendre ses réunions. Les gens du 14 mars diront : voilà ce qui confirme ce que nous disions qu’il est le guide spirituel de ce gouvernement. Ce sont des propos vains. Depuis le premier jour de sa formation, ils accusent le gouvernement d’être celui du Hezbollah, tout en sachant que c’est faux. Ils ont lancé cette accusation uniquement pour pousser les Américains, les occidentaux et les Israéliens à le boycotter sur les plans international et arabe. Ils savent parfaitement que ce gouvernement regroupe plusieurs composantes, parfois en désaccord entre elles. Je peux d’ailleurs affirmer que dans ce gouvernement, nous sommes la composante la plus modeste au niveau de l’influence et du profit. Chaque jour qui passe montre que ce gouvernement n’est pas celui du Hezbollah. Certes, nous déployons tous les efforts possibles, je veux être franc avec vous, nous faisons des concessions, nous reportons des dossiers qui doivent l’être pour le maintien du gouvernement et pour la coopération entre ses différentes composantes. Nous faisons de notre mieux pour que ce gouvernement soit utile aux citoyens et nous continuerons à le faire et le gouvernement doit à son tour assumer ses responsabilités à cet égard.
Je voudrais rappeler, lorsque le gouvernement reprendra sa productivité, le dossier du pétrole et du gaz. En fin de compte, il n’est pas possible pour ce pays de continuer à vivre avec son endettement, ses impôts et sa TVA. Si l’on continue comme cela, on évoluera dans un cercle vicieux, l’endettement continuera d’augmenter, ainsi que la crise sociale et économique alors que la croissance régressera. Dieu nous a donné cette richesse et il l’a déposée dans nos eaux territoriales. Regardez comment Netanyahu travaille jour et nuit (il faut hélas parfois prendre exemple sur ses ennemis) pour exploiter un gaz qui n’est pas le sien et un pétrole qui ne lui appartient pas. Le gaz et le pétrole appartiennent aux Palestiniens et c’est une opération de pillage systématique à laquelle se livrent les Israéliens. Ils vont même à Chypre, concluent des accords et préparent des plans militaires pour protéger les installations pétrolifères. Les Israéliens traitent ce dossier avec un grand sérieux, alors qu’au Liban, certains discutent des armes de la résistance et les Israéliens cherchent à protéger leurs installations de la menace que constituent ces mêmes armes.
Au Liban, pendant ce temps, il nous a fallu mille efforts pour que la loi sur les gisements pétrolifères soit adoptée puis autant pour que les décrets d’application soient votés. Cette question nous place devant de grandes responsabilités. Demain, il faudra discuter de la loi sur le budget et les questions sociales se poseront avec acuité. Comment les régler ? Avec les aides étrangères ? La communauté internationale et le monde en général ne donne pas des aides sans contrepartie. Regardez ce qui se passe en Egypte : les caisses de l’Etat sont vides. On dit même que dans deux ou trois mois, il n’aura plus de quoi payer les fonctionnaires. Les Etats-Unis et l’Europe exercent des pressions sur l’Egypte à cause de ce dossier. Pourquoi Gaza est-elle encore encerclée ? Pourquoi l’électricité y est-elle coupée et la frontière avec l’Egypte encore fermée ? L’Egypte a réalisé une révolution grandiose, mais les Etats-Unis la tiennent par la faim, son déficit budgétaire et se dettes. L’Occident tient le monde de cette façon. Lorsque les Etats-Unis et l’Europe proposent des aides au Liban, croyez-vous que ce soit pour ses beaux yeux ? Non, c’est qu’il est demandé au Liban de jouer un rôle politique bien précis qui s’inscrit dans le cadre de leurs projets. La véritable souveraineté, la véritable indépendance et la véritable dignité, le Liban ne peut les avoir s’il dépend des aides étrangères. Or, nous avons les moyens d’avoir une véritable liberté, une décision souveraine et une véritable indépendance. Pourquoi ne pas les utiliser ?
Je voudrais aussi vous demander d’être vigilants face aux rumeurs, surtout celles qui visent à ternir l’image de la résistance et celle du Hezbollah. La dernière en date a été lancée il y a quelques jours par l’ancien ministre de la Défense du régime de Hosni Moubarak qui, de derrière les barreaux, a accusé des éléments du Hezbollah et du Hamas d’avoir tiré sur les manifestants au Caire, à Alexandrie et à Suez. Ces éléments se seraient infiltrés dans la foule pour tirer sur les gens. Ce ne serait donc plus ni la police, ni les hommes du régime. On n’en a donc pas fini avec la fameuse cellule du Hezbollah qui cherchait à renverser le régime et à chiiser l’Egypte. Nous avions donc des gens parmi les manifestants sans le savoir…Je crois que certains au Liban auraient pu s’emparer de cette histoire s’ils ne craignaient pas d’être la risée de la population. De même, "Israël" avait accusé le Hezbollah d’établir des bases en Amérique latine. Heureusement, nous n’avons plus entendu cela depuis quelque temps. Par contre, nous aurions les moyens d’agir en Afrique de l’Ouest, en Géorgie, en Inde, en Thaïlande et en Azerbaïdjan. Cela nous ferait plaisir d’avoir le bras aussi long. Malheureusement, c’est faux. Cela nous fait en tout cas sentir notre force et combien nous constituons une force de dissuasion qui dépasse les frontières du Liban.
En tout état de cause, nous continuerons à entendre de telles accusations. Demain, ne soyez pas étonnés si le Hezbollah est accusé d’être impliqué dans des événements dans un pays arabe ou dans toute autre région du monde. Heureusement, jusqu’à présent, on ne nous a pas accusés d’avoir des liens avec le groupe Poco Haram au Nigéria…Nous ne devons pas être influencés par ces rumeurs. Nous respectons ces peuples et nous n’intervenons pas dans les affaires internes des autres. Nous adoptons des positions politiques dans le cadre de la cause centrale que nous défendons.
Enfin, je voudrais aussi appeler le monde arabe et le monde islamique à résoudre leurs problèmes par le dialogue et les solutions politiques.
Il est étonnant de se rappeler que pendant trente ans, alors que les tempêtes se succédaient au Liban, les délégations arabes se suivaient et nous conseillaient toutes de recourir au dialogue, d’arrondir les angles, de faire des concessions, trouvant même des arguments dans le Coran et dans l’histoire. Je ne voudrais pas me répéter sur le dossier syrien, mais le refus persistant d’une solution politique y est étonnant. En 2002, une initiative arabe de paix avec "Israël" a été lancée. Elle est encore proposée et l’option du dialogue est encore ouverte, alors que les Israéliens ne cessent de bafouer les droits des Arabes. Mais en Syrie, en dépit de la disposition du régime à procéder aux réformes et à ouvrir un dialogue, on continue à le refuser. Qui porte la responsabilité de tous ces morts et de toute cette destruction ? Qui pousse vers un surplus de combats et d’affrontements ? Que disent les américains, les Israéliens et l’Occident en général ? Ils veulent que les Arabes continuent à s’entretuer. Ni les Etats-Unis, ni l’Otan ne sont prêts à envoyer un soldat en Syrie. Ils ont même dit : même si nous aurons un feu vert du Conseil de sécurité et même pour créer des couloirs humanitaires, nous ne le ferons pas. L’Occident ne veut pas perdre un seul soldat dans cette bataille. Il faut que les yeux noirs meurent en Syrie, mais ni les yeux bleus, ni les yeux verts. Les Européens ey les américains se tiennent à l’écart. Ils envoient des armes et de l’argent et incitent les Syriens à s’entretuer et demandent aux pays arabes d’envoyer aussi leurs combattants sur place, pour que la Syrie soit détruite.
En face, toutes les portes sont fermées. A Bahrein, la solution politique reste interdite. Je parle de solution politique, mais le peuple de Bahrein peut avoir un plafond plus élevé et réclamer la chute du régime. C’est son affaire. Nous cherchons simplement à trouver des solutions politiques dans le monde arabo-musulman. Mais même si le pouvoir à Bahrein acceptait une solution politique, il lui serait interdit de la réaliser, régionalement et internationalement. En Arabie saoudite, comment répond-on aux protestations des citoyens à Awamiya et à Katif ? Pourtant, les gens là bas ne réclament pas la chute du régime. Ils ne réclament que des droits élémentaires de développement dans l’une des régions du pays les plus riches en ressources naturelles et la plus pauvre économiquement. Comment leur répond-on ? En leur tirant dessus avec des balles réelles et en déployant les blindés, en appelant à la solution militaire. Le mufti les a même accusés d’être des renégats et des criminels.
En somme, dans certains pays, il faut soi-disant répondre à la volonté populaire et contraindre le président à démissionner et dans d’autres, il faut accuser ceux qui réclament des droits élémentaires parce qu’ils ont faim d’être des criminels et les traiter comme tels. Dans certains pays, le dialogue est interdit et aucune chance n’est donnée au régime. En conclusion, je voudrais répéter que le projet américano-israélien est de détruire la région et d’y semer le chaos, tout en y suscitant un conflit confessionnel, religieux, tribal et ethnique. Pourtant, je fais partie de ceux qui ne croient pas que les Américains parviendront à redorer leur image dans la région. Nos populations sont éveillées. Certes, nous pouvons être en conflit sur certains dossiers (nous le sommes par exemple sur la Syrie, Bahrein, l’Irak et même l’Iran) mais nous sommes d’accord sur "Israël" et la Palestine. Les Etats-Unis ne peuvent plus entrer dans les cœurs et dans les esprits des gens, en dépit des efforts de certains dirigeants arabes et de certaines chaînes satellitaires. Tant que les Etats-Unis et l’Occident continueront à défendre "Israël" qui viole chaque jour nos symboles sacrés et bafoue nos droits, ils ne seront pas acceptés, "Israël" non plus. Mais nous avons chaque jour besoin de la détermination et du courage de sayed Abbas, de cheikh Ragheb et de hajj Imad, ainsi que de la clarté de leur vision, pour redéfinir en permanence nos priorités et pour parvenir à surmonter cette période délicate. La précédente décennie (2000-2010) était dangereuse pour la région, car il était demandé de liquider la cause palestinienne et de céder aux conditions israéliennes en créant un nouveau Moyen Orient. Certains avaient cédé, mais les croyants, les moujahdins et ceux qui ont des convictions stables ont réussi à balayer cette tempête en étant prêts au sacrifice. Avec cette même détermination et cette foi, nous sommes en mesure de réaliser les espoirs de nos martyrs dans la liberté, la dignité, la souveraineté la stabilité et la libération.
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