Sayed Nasrallah à Ban Ki Moon : Votre inquiétude nous rassure et nous rend heureux
Discours du secrétaire général du Hezbollah le 14 janvier 2012
A l’occasion de la cérémonie pour le quarantième de la mort de l’imam Hussein (psl), le secrétaire général du Hezbollah s’est adressé directement dans son discours de circonstance au secrétaire général des Nations unies qui avait exprimé la veille son inquiétude au sujet de la force militaire du Hezbollah en lui disant : « Votre inquiétude nous rassure et nous rend heureux ».
« Je m’adresse à vous remercier de votre participation grandiose. Nombreux sont ceux parmi vous qui ont marché pendant des heures depuis l’aube, venant des villages de la Békaa et d’au-delà bravant le froid pour apporter la consolation, tout comme la longue caravane l’avait fait venant de Koufa de Mossoul, de Rakka, d’Alep, de Homs, de Damas et de Baalbeck…sans que rien ni personne ne parvienne à faire faiblir sa détermination. Aujourd’hui, vous avez pris le chemin pour réitérer votre attachement et votre fidélité au petit fils du Prophète. Vous faites revivre cette caravane résistante et noble, opprimée mais pleine de courage qui répercute pour l’éternité le cri de Hussein.
Dans cette ville de Baalbeck et à l’emplacement de cette mosquée, la caravane s’est arrêtée avec Zeinab et ses sœurs et nous nous retrouvons aujourd’hui pour dire à cette caravane de la douleur et à Zeinab qu’ils sont tous vivants dans nos cœurs, nos esprits, nos consciences et notre détermination. Vous êtes dans nos veines, dans nos sentiments et dans nos larmes et nous suivrons vos pas, allant comme vous vers la victoire ou vers le martyre. En ce jour, nous rappelons une fois de plus cette fameuse phrase qui dit : nous ne connaîtrons plus jamais l’humiliation et qui est devenue en quelque sorte notre devise. Nous la répétons face aux menaces israéliennes et américaines et à celles des agents des Etats-Unis et d’"Israël". Nous leur disons : vous nous menacez de la mort, alors qu’elle est pour nous naturelle et un honneur de Dieu si elle arrive par le martyre. C’est avec cet esprit que nous vous avons affrontés en 1982 et nous continuons aujourd’hui. A tous ceux qui complotent aujourd’hui contre notre nation, qui guettent ses moujahidins, nous disons : nos hommes remplissent les scènes de combat et ont constitué un front de résistance dans plus d’un pays et vous ne parviendrez pas à vos fins.
De cette place qui a vu le passage de la caravane des peines et qui a vu aussi le déclenchement de la marche jihadiste de l’imam Moussa Sadr ainsi que le premier défilé armé de la résistance à l’occasion de la Journée Al Qods, nous répétons notre attachement à la voie de la résistance et à ses armes. Nous n’avons pas d’autre choix. C’est notre chemin aux côtés de l’armée et du peuple. C’est la seule garantie pour la protection, la sécurité, la dignité et la souveraineté du Liban.
Hier, j’ai éprouvé de la joie en écoutant le secrétaire général des Nations Unies, lorsqu’il exprimait son inquiétude au sujet de la force militaire du Hezbollah. Cela nous rassure et je lui dis : Votre inquiétude nous rassure et nous rend heureux. Notre souci est justement que vous soyez inquiet et avec vous l’Amérique et "Israël". Notre souci est que notre peuple se sente rassuré car il y a au Liban une résistance qui ne permettra pas qu’il soit humilié ou qu’il subisse une nouvelle occupation et que sa dignité soit bafouée.
Je vous le dis et je le dis au monde entier : cette résistance jihadiste armée restera et sa force augmentera. Elle restera en état d’alerte et sa foi ne cesse de se renforcer. Elle est convaincue d’avoir fait le bon choix, au Liban, en Palestine, en Irak et dans toutes les régions ayant connu l’occupation. La Palestine est sous occupation depuis des décennies. Quel a été le résultat du pari sur la Ligue arabe, les régimes arabes, l’Organisation de la Conférence islamique, les Nations Unies, l’Union Européenne etc ? La Palestine est encore sous occupation, plus dix milles Palestiniens sont dans les prisons israéliennes et des millions sont dispersés dans le monde, alors que Jérusalem est sans cesse bafouée par les Juifs qui la judaïsent chaque jour un peu plus. Alors que la résistance au Liban qui a cru en Dieu et a misé sur ses propres bras et sur les encouragements de ses femmes et de son peuple en général a réussi à libérer le territoire tout comme la résistance à Gaza a réussi le même pari et celle d’Irak a fait de même.
Aujourd’hui, au début de 2012, après toutes ces victoires au Liban, en Palestine et en Irak, on vient encore discuter de l’utilité de la résistance et de ses méthodes. A ceux qui nous disent cela nous demandons : quelle est votre solution de rechange ?
Au sujet du dialogue, je tiens à préciser que je ne l’ai jamais refusé. J’ai simplement précisé ; et c’était clair, que certains ne veulent le dialogue que pour aboutir au désarmement de la résistance et j’ai ajouté : cet objectif ne sera pas atteint et je le répète aujourd’hui, un tel objectif est de la pure illusion et il ne sera pas atteint. Par contre, un dialogue pour mettre au point une stratégie de défense nationale destinée à protéger le Liban, nous sommes pour et nous sommes des gens de dialogue. Nous sommes prêts donc à le mener, qu’il soit multilatéral, tripartite ou bilatéral.
Nous avons toujours affirmé notre appui au dialogue, car nous possédons les arguments, les éléments, les preuves et la logique, le raisonnement et les réalisations. En parlant de l’utilité et de l’efficacité de la résistance, nous ne faisons pas allusion à l’expérience d’autres peuples ou à des exemples vieux de plusieurs siècles. Nous nous référons à ce qui a été accompli par notre peuple, au Nord, au Sud, à Beyrouth, dans la montagne et dans la Békaa. Tous les Libanais ont pu constater les réalisations de la réalisation. C’est pourquoi nous sommes les plus favorables au dialogue car nous disposons des arguments nécessaires et nous avons la vision claire et les éléments de preuve précis. Nous ne sommes pas porteurs de slogans fumeux et peu clairs.
Sur un autre plan, nous appuyons les initiatives du gouvernement libanais pour retrouver l’imam disparu Moussa Sadr et ses deux compagnons, cheikh Mohammed Yacoub et M.Abbas Badreddine. Nous appuyons les efforts de la commission libanaise qui s’est rendue en Libye ainsi que la coopération des autorités libyennes et nous espérons que nous arriverons bientôt à la fin heureuse que souhaitent les familles et tous ceux qui aiment l’imam et ses compagnons dans le pays et ils sont nombreux.
Sur le plan sécuritaire, je voudrais rappeler en cette journée sacrée et d’ici à Baalbeck, l’attachement de la résistance à la paix civile et à la stabilité. Nous tenons à ce que les conflits politiques ne se transforment pas en affrontements. C’est un engagement de notre part qui correspond à notre engagement religieux. Que nous ayons des divergences sur la Syrie, l’Irak ou l’Iran, la Palestine ou Bahrein ou sur tout autre sujet, ces divergences ne doivent pas ébranler la stabilité du pays et mettre en danger la paix civile.
Je réaffirme donc notre souci de respecter la sécurité interne, la sécurité sociale, face aux voleurs et aux délinquants, aux assassins et à tous ceux qui agressent les citoyens dans toutes les régions du pays. La responsabilité de capturer ceux qui mettent en danger la sécurité et la stabilité du pays appartient à l’Etat, au gouvernement et aux forces de l’ordre. Elle n’est pas celle de la résistance, ni de tout autre parti. Nous refusons que l’on nous fasse assumer une telle responsabilité.
Toute réalisation sécuritaire est à mettre au crédit de l’armée et des forces de l’ordre. De notre position au sein du gouvernement et du Parlement ainsi qu’au sein de la population, nous appelons l’Etat et ses institutions sécuritaires à assumer pleinement leurs responsabilités dans toutes les régions et ils n’ont aucune raison pour ne pas le faire.
Au sujet du gouvernement, nous sommes soucieux du maintien en fonction du gouvernement actuel et nous agissons sur cette base. Nous espérons que le chef du gouvernement et les ministres déploieront plus d’efforts pour que le gouvernement soit plus efficace. Nous lui demandons de donner la priorité aux problèmes sociaux, car c’est ce qui rendra le gouvernement populaire et lui vaudra l’appui des citoyens. Au sujet de la question de la majoration des salaires, j’estime qu’il est temps qu’elle soit réglée. D’autant qu’il semblerait qu’elle ne soit plus un débat juridique de routine. Nous commençons à avoir des doutes, comme si certains ne veulent pas que ce gouvernement réussisse à régler un problème social de ce niveau…
Concernant la Syrie, je dois dire que nous sommes au Liban les plus concernés par ce qui se passe en Syrie, que nous le voulions ou pas. S’il est vrai que le Liban tente de mettre sa situation politique, sécuritaire, gouvernementale et officielle à l’abri des conséquences de ce qui se passe en Syrie, il n’en reste pas moins le plus susceptible d’être touché par les événements en Syrie. C’est pourquoi, par souci sincère du sort de la Syrie et donc du Liban, j’appelle l’opposition syrienne de l’intérieur et de l’extérieur à répondre aux appels au dialogue du président Bachar Assad et à coopérer avec lui pour réaliser les réformes structurelles qu’il a annoncées. Nous appelons en toute franchise au retour au calme, à la stabilité, à la déposition des armes et au traitement des problèmes par le dialogue.
Aux responsables étrangers qui annoncent une guerre confessionnelle dans la région à partir de la Syrie, je rappelle que ce sont l’attitude et les propos de ces responsables, ainsi que leurs médias qui incitent à la discorde confessionnelle. S’ils veulent vraiment épargner à la Syrie et à la région une guerre confessionnelle, ils doivent revoir leur comportement, leurs déclarations et leurs politiques. J’appelle la Ligue arabe, les pays arabes et islamiques, à leur tête la République islamique d’Iran et la Turquie, à contribuer au règlement de la crise syrienne, non à pousser les gens dans leurs derniers retranchements, à aiguiser les tensions et à pousser vers l’explosion. Il faut au contraire pousser vers une solution rationnelle et je crois que tout le monde en Syrie est soucieux de son pays, de son peuple et de sa position stratégique dans la région.
En Irak, je condamne avec force les explosions dans ce pays qui se sont produites ces derniers jours et qui ont fait de nombreuses victimes. J’invite les ulémas, les sages et les partis notamment islamiques dans ce pays, à condamner ces explosions qui visent les civils, pour des raisons de divergences religieuses ou confessionnelles et qui secouent la région, du Pakistan, à l’Afghanistan, à la Syrie, en somalie et au Nigéria. Ceux qui sont tués actuellement en Irak, ont marché pour rendre hommage au petit fils du Prophète. En se vengeant sur eux, on cherche à détruire cette volonté de résistance qui a poussé l’occupant vers la sortie. Je dis aux assassins, quelle que soit leur identité, que cette méthode ne donnera pas les résultats escomptés. Tout comme la tuerie de Karbala n’a pas mis un terme au problème et elle a contraire poussé les victimes à plus de résistance. De la même façon, les tueries au Liban, en Palestine, en Irak ou en Iran ne mettront pas un terme à la volonté de résistance. L’assassinat de scientifiques en Iran n’affaibliront pas ce pays et ne ralentiront pas son développement technologique, d’autant qu’il est en train d’effectuer des percées technologiques importantes.
Pourquoi tuent-ils les savants nucléaires ? Parce qu’ils veulent que nous soyons des chanteurs et des danseurs ( je suis désolé d’employer ces termes dans une telle circonstance, mais les choses doivent être dites) et que nous perdions notre temps dans les loisirs et les plaisirs, au lieu de nous développer en chimie, en physique, en médecine. Ils ne veulent pas que nous soyons une oumma qui exporte le savoir et la science, car le savoir et la science sont des éléments de force et l’imam Khamanéi a invité l’Iran à devenir une nation du savoir.
A Bahrein , j’appelle les autorités à répondre aux demandes de la population et à entamer les réformes réclamées en commençant un dialogue sincère et sérieux avec l’opposition.
En conclusion, je voudrais dire qu’en cette journée sacrée, nous ne pouvons pas oublier la Palestine, dont le peuple découvre de jour en jour que le seul chemin est celui de la résistance. Les ennemis de la Palestine ne veulent pas que toutes les organisations palestiniennes se réconcilient entre elles. Toutes les tentatives de réconciliation entre le Hamas et l’Olp sont sabotées car le projet permanent des ennemis de la oumma est de la maintenir divisée du Liban à la Palestine, à la Syrie, à l’Irak et aux autres pays arabes. Or, pour tous les pays arabes, la voie vers l’indépendance, la liberté et la dignité est dans l’unité, l’éloignement de la discorde, le dialogue et l’attachement à la résistance. Les expériences du passé montrent que le refus de l’humiliation et l’absence de peur devant le martyre aboutissent en définitive à la victoire et à la construction d’un avenir brillant, plein de promesses. L’unité, la force, la dignité et la foi sont le chemin de la victoire.
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