Loi sur le génocide arménien: Ankara gèle sa coopération politique et militaire avec Paris

La Turquie a annoncé le gel de sa coopération politique et militaire avec la France après l’adoption par les députés français d’une proposition de loi pénalisant la négation des génocides dont celui de 1915 contre les Arméniens.
Le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a ainsi ordonné la suspension des visites bilatérales et le rappel pour consultations de l’ambassadeur de Turquie à Paris, précisant que les exercices militaires conjoints et toutes les activités militaires avec la France avaient été annulés pour protester contre l’adoption de ce projet. De plus, la Turquie décidera désormais au cas par cas pour toute demande militaire française d’utiliser son espace aérien et rejette dorénavant toute demande française pour ses bâtiments de guerre de visiter les ports turcs. Il a expliqué "qu’il s’agissait là d’un premier train de sanctions contre la France, alliée de la Turquie au sein de l’OTAN, et que progressivement d’autres mesures pourraient être mises en œuvre".
"Nous révisons nos relations avec la France", a résumé M. Erdogan qui a expliqué que la Turquie ne participerait pas à un comité économique mixte France-Turquie prévu en janvier à Paris et annulait des projets de jumelage avec la France au sein de l’Union européenne (UE).
"Malheureusement cette proposition de loi a été adoptée malgré tous nos avertissements. Cela va ouvrir des plaies irréparables et très profondes dans les relations bilatérales", a déploré le PM turc, fustigeant une "politique française basée sur le racisme, la discrimination et la xénophobie". Il s’en est particulièrement pris au président français Nicolas Sarkozy, l’accusant d’avoir instrumentalisé le génocide arménien à des fins électoralistes, à l’orée de la présidentielle 2012 en France. "L’histoire et les peuples ne pardonneront pas à ceux qui exploitent les faits historiques à des fins politiques", a en outre asséné M. Erdogan, qui s’est en revanche abstenu d’annoncer des sanctions commerciales contre la France.
"Quand il y a un problème, cela vient toujours du côté français", a déploré pour sa part l’ambassadeur de Turquie à Paris, Tahsin Burcuoglu, qui rentre aujourd’hui dans son pays.
"Plusieurs ministres sont contre la loi, mais je ne peux pas donner tous les noms », a-t-il ajouté, faisant allusion à une opposition silencieuse de plusieurs responsables français à la proposition de loi voulue par Nicolas Sarkozy.
Parallèlement, des milliers de personnes ont manifesté devant l’Assemblée nationale. La police a estimé à environ 3 000 le nombre de manifestants. Parmi eux, beaucoup étaient d’origine turque.
L’Arménie a de son côté salué le vote des députés français. Le ministre arménien des Affaires étrangères, Édouard Nalbandian, a exprimé « la gratitude » de son pays. La France, « en adoptant cette loi, a prouvé de nouveau qu’il n’y avait pas de prescription pour les crimes contre l’humanité et que les nier devait être puni ».
Source: Agences
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