Le discours complet de sayed Nasrallah lors de la journée du martyr
Le discours du secrétaire général sayed Hassan Nasrallah à l’occasion de la journée du martyr (11-11-2011)
Pour commencer, je voudrais rendre hommage aux âmes de nos martyrs et leur dédier la prière... Chaque année, à cette date, nous nous retrouvons sous la bannière et le titre des martyrs, en cette journée que le Hezbollah a choisi pour commémorer les siens. Tous les mouvements de résistance et tous les peuples résistants dans la région ont le droit de choisir une journée pour commémorer leurs martyrs. Cette commémoration est une compensation à la nécessité de les commémorer un par un. J’espère qu’un jour l’Etat libanais décidera de commémorer les martyrs de la résistance et ceux des forces militaires en une journée qui deviendra une fête nationale.
C’est pourquoi je voudrais commencer par m’incliner avec respect devant la mémoire de tous les martyrs des autres mouvements de résistance et de toutes les factions qui sont des partenaires réels dans la libération du Liban et sa défense ainsi que dans la réalisation des objectifs déjà atteints.
Je compte parler d’abord des martyrs et de la résistance, puis de la situation interne au Liban ainsi que de la situation régionale.
En cette journée, nous célébrons donc la mémoire des martyrs du Hezbollah, à leur tête sayed Abbas Moussawi, cheikh Ragheb Harb et le frère Imad Moghnié. Je dois aussi évoquer tous les frères qui ont suivi la voie ouverte par Ahmed Kassir. Nous célébrons ainsi la mémoire de plusieurs milliers de personnes qui ont cru dans la voie du martyre, y voyant le moyen de servir le peuple et la oumma et qui ont cru dans la cause sacrée.
Le choix de cette date repose en fait sur celle de l’opération réalisée par Ahmed Kassir à Tyr et qui avait visé le siège du commandement militaire israélien. Cette opération reste unique et reste la plus importante dans l’histoire du conflit israélo-arabe en raison du nombre de victimes chez l’ennemi tués par un seul homme. L’ennemi lui-même avait reconnu la perte disons de cent personnes entre officiers et soldats, dont de grands généraux. Cette opération a constitué une alerte sur la défaite qui attendait l’ennemi. Je fais partie de ceux qui ne peuvent oublier le visage défait de Sharon regardant les décombres du siège de son commandement militaire à Tyr. Cette opération est aussi la première de ce genre dans l’histoire du conflit israélo-arabe qui consiste dans l’entrée d’un moujahed avec sa voiture remplie d’explosifs à l’intérieur du siège du commandement militaire ennemi. C’est pourquoi nous considérons qu’Ahmed Kassir est le premier des résistants qui commettent des attaques suicides. De même, cette opération a eu lieu quelques mois après l’invasion israélienne du Liban et alors que de nombreux analystes considéraient que le Liban était entré dans l’ère israélienne, appelant les Libanais à s’adapter à cette nouvelle situation. Mais Ahmed Kassir a déclaré haut et clair : « non, il s’agit d’une autre ère, celle des résistants et des victoires à venir ».
Cette année, nos frères ont choisi pour thème de cette journée : la vie. C’est une appellation heureuse et justifiée pour plusieurs raisons. D’abord, les martyrs sont vivants. C’est Dieu créateur de la vie et de la mort qui l’affirme. Ceux qui restent attendent leur tour de retrouver ceux qui les ont précédés et de suivre la voie tracée par l’imam Ali. Ensuite, les martyrs tombés au sein de la résistance nous ont donné la vie, une vie digne et respectable, tout comme ils ont donné à notre peuple et à notre pays leur dignité, leur souveraineté, une confiance en eux et une sérénité pour l’avenir. C’est cela la vraie vie à laquelle aspire tout élève dans l’école de l’Islam. En d’autres termes, lorsque les soldats israéliens occupaient la moitié du Liban et y imposaient leur loi alors que les Libanais devaient se contenter de manger et dormir en mettant leur dignité de côté, de ne pas penser à leur avenir et d’accepter que leur souveraineté, leur vie et leurs familles soient piétinées et bafouées, il ne s’agissait pas d’une vie réelle. Alors que les opérations de résistance ont redonné au peuple une vie digne et véritable. Les martyrs sont donc le fruit de la foi en Dieu et la vie dans l’au-delà. Ils sont aussi le fruit du savoir, le savoir de la voie juste qui permet d’atteindre les objectifs, le savoir de la distinction qui permet de définir l’ennemi et l’ami, bref ce que nous appelons la perspicacité. Cette perspicacité qui leur a permis d’avoir le courage, la volonté et la détermination de s’attaquer aux soldats israéliens au Liban alors que le monde entier se tenait aux côtés d’"Israël"et que ceux qui songeaient à s’opposer à cette réalité étaient atteints de désespoir.
C’est cela l’esprit de la résistance et des résistants au Liban qui n’ont pas été effrayés par le peu d’aides, l’importance de l’ennemi et de ses appuis, et le nombre de ceux qui pariaient sur la victoire de l’ennemi.
Ces martyrs résistants sont des amoureux des retrouvailles avec Dieu qui ont attendu avec enthousiasme le jour fixé pour ces retrouvailles. Et c’est là sans doute un des secrets de la victoire de juillet, qui n’était pas due aux armes et à la planification ou à la tactique. Même avec tous ces atouts, la victoire n’aurait pas été possible sans ces martyrs résistants qui n’ont jamais faibli, eu peur ou hésité. Grâce à eux, nous vivons aujourd’hui une période de confiance dans l’avenir pour la première fois dans l’histoire du Liban depuis 1948 et la création de cette entité qui a violé la Palestine. Ce n’est pourtant pas facile de vivre aux côtés d’un monstre sauvage et violent, qui vit du sang des innocents, un ennemi raciste et agressif… Aujourd’hui et pour la première fois, le Liban et en particulier le Sud vivent en sécurité, dans la stabilité et la confiance. Il y a quelques jours, je lisais des propos attribués à l’imam Sadr au cours d’une rencontre avec les cadres d’Amal, publiés récemment et dans lesquels il exprimait sa tristesse face aux épreuves subies par le sud et ses habitants à cause des agressions israéliennes. Cela se passait avant l’invasion de 1978 et le Sud et ses habitants étaient devenus des boucs émissaires et un défouloir pour les Israéliens qui bombardaient, attaquaient, poussaient les habitants à l’exode à Kfarchouba et ailleurs. En lisant cela, je me suis dit que lorsque l’imam reviendra parmi les siens, il sera fier de ce qui a été réalisé, de ses fils et il verra que ses appels à la résistance ont été entendus et que le sud aujourd’hui est fort avec ses habitants, sûr et serein. Il ne peut plus être le défouloir de qui que ce soit. Au contraire. Il est présent en force dans l’équation locale et même dans l’équation régionale.
Aujourd’hui, je crois que tout ce qui se dit au sujet d’une éventuelle agression israélienne contre le Liban s’inscrit dans le cadre des tentatives pour faire peur. Nous continuons à penser que l’éventualité d’une guerre israélienne contre le Liban est à écarter. Je ne crois pas qu’il existe un plan d’attaquer le Liban indépendamment de la situation régionale. Ce fait n’est pas dû à la générosité d’"Israël" ou à la bienveillance des Etats-Unis ou encore à la gentillesse de la communauté internationale et du Conseil de sécurité. Non, la raison est à chercher dans le fait que le Liban est devenu fort, à cause de son armée, de son peuple et de sa résistance. Il est devenu fort et capable d’infliger un revers cinglant à l’ennemi. Le Liban est désormais en mesure de renverser la table face à son attaquant et à transformer l’agression en chance réelle de remporter des victoires.
Lorsque cette force à Dieu ne plaise faiblira ou s’effritera, "Israël" pourrait songer à lancer une nouvelle guerre contre le Liban. Tant que la perspicacité, la détermination et le courage des résistants resteront ainsi que la fameuse équation « Armée, peuple, résistance », "Israël" restera impuissant. Mais s’il venait à lancer une guerre, celle-ci pourrait bien être la dernière aventure de cette entité…
Tout en excluant la possibilité d’une guerre contre le Liban, indépendamment de la situation dans la région, nous restons vigilants. Je voudrais d’ailleurs dire que cette résistance à laquelle j’appartiens n’a jamais fermé l’œil depuis 1982. Elle n’a pas non plus fermé l’œil après la victoire de 2000, sachant que notre pays est à côté d’un ennemi agressif. Elle n’a pas non plus fermé l’œil à partir du 16 août 2006 et jusqu’à aujourd’hui.
D’ailleurs, l’armée israélienne elle aussi ne dort pas et depuis 2006, elle ne cesse de multiplier les entraînements, les préparatifs et les manœuvres militaires. Si notre ennemi ne dort pas, comment pourrions-nous le faire nous-mêmes ? A ceux qui demandent à la résistance de déposer les armes, nous disons qu’ils renoncent ainsi à la dignité de leur peuple face à un ennemi aussi féroce qu’"Israël". C’est pourquoi en cette journée du martyr, nous appelons à l’attachement à la résistance, à l’armée et à la volonté populaire qui est un véritable élément de force.
Sur le plan interne, je voudrais préciser que ce gouvernement a montré qu’il était un gouvernement de diversité, qui regroupe des forces politiques multiples et essentielles. Ce gouvernement représente une majorité parlementaire réelle et une majorité populaire tout aussi réelle. Ce gouvernement n’est pas celui de la pensée unique. Au contraire, ses réunions constituent un espace de dialogue et de débat. Au sein de ce gouvernement, les ministres ne reçoivent pas des sms, de Jeffrey Feltman, Dennis Ross ou de l’ambassade de France ou encore de Terje Road Larsen avant de prendre leurs décisions. C’est un gouvernement qui ne capte de signaux de l’étranger et qui est véritablement national. Ce gouvernement est appelé à travailler avec encore plus de sérieux dans le traitement des dossiers sans tenir compte du tapage fait autour de lui et qui vise à l’occuper avec des questions virtuelles sans fondements. Le plus important pour le gouvernement est d’accorder une grande attention aux questions sociales et économiques. Il se trouve ainsi devant d’importantes échéances dont le relèvement des salaires, le problème des gisements de gaz et de pétrole, la question de l’eau et de l’électricité, celui de l’assurance médicale et des nominations administratives. Il y a ainsi des dossiers délicats qui n’exigent pas de grandes dépenses, ni des budgets spéciaux et de nouveaux impôts, comme les nominations administratives qui devraient permettre à l’administration d’être plus efficace. De même, l’accélération du processus de création de la mohafazat de Baalbeck-Hermel et celle du Akkar. De même, il peut discuter du cas des nombreuses personnes recherchées par la justice depuis des années et dont certaines pour des délits mineurs. Ces mandats alourdissent le travail des forces de sécurité. Tous ces questions doivent être réglées par le gouvernement et le Parlement et rendre ainsi l’Etat plus efficace.
Certaines questions doivent ainsi être traitées sous l’angle humain. Un pas a été accompli en ce sens il y a quelques jours au Parlement dans le dossier des Libanais qui « ont fui » en "Israël". Plusieurs interprétations ont été données à ce sujet. Nous avions approuvé le projet car nous étions conséquents avec nous-mêmes, puisque ce dossier figurait parmi les points du document d’entente signé avec le CPL en 2006. Nous tenons nos promesses et nous respectons nos engagements. Désormais, c’est au gouvernement de publier les décrets d’exécution de cette loi, dans les limites fixées au Parlement, puisque l’approche de ce dossier est humanitaire. Je voudrais juste rappeler à ce stade que certaines parties ont déclaré qu’en 2000, affirmant que ceux qui avaient fui étaient partis par crainte de massacres. A cette époque, certaines parties étaient effondrées et perdues car elles avaient perdu leur pari sur "Israël" avec le retrait de ses troupes du Liban. Certains de ceux qui parlent aujourd’hui étaient trop jeunes à l’époque et ont besoin qu’on leur rafraîchisse la mémoire : le 25 mai 2000 et les jours qui l’ont suivi, il n’y a pas eu une seule rixe, aucune tuerie et aucun incident. Aucun collaborateur n’a été humilié. Ceux qui ont été arrêtés ont été remis à la justice libanaise. Ceux qui ont fui vers "Israël" –et c’est leur droit, tout comme c’est compréhensible car le climat qui régnait alors portait à la méfiance et à la peur- sont donc partis parce qu’ils ignoraient ce qui allait se passer et d’autres sont partis parce qu’ils savaient ce qu’ils avaient fait. Mais après avoir vu comment leurs frères ont été traités et comment l’entente a régné au Sud, je pense qu’ils ont regretté leur fuite. Je voulais donc rappeler à tous ceux-là qu’à cette époque et tout au long des onze années écoulées, il n’y a pas eu de massacre, ni de vengeance. Il faut cesser de déformer la réalité…
Le gouvernement est donc responsable de poursuivre son action et nous l’appuyons et nous le considérons comme un gouvernement à composantes multiples et national.
Sur le plan de la sécurité, j’appelle toutes les parties à préserver la stabilité sécuritaire car elle constitue un élément fondamental pour l’essor économique, la stabilité politique et la tranquillité. J’invite aussi les parties politiques et les médias à ne pas amplifier les incidents individuels et à vérifier les faits avant de se lancer dans des déclarations qui peuvent avoir un impact sur la situation.
Dans le même ordre d’idées, nous appelons à garder l’armée à l’égard des polémiques et à coopérer avec toutes les forces de sécurité et à les préserver autant que possible. Mais à cet égard, l’armée est plus essentielle car les expériences du passé ont montré qu’il est primordial de préserver l’armée car elle reste la planche de salut et le lien entre les Libanais. Que ceux qui veulent polémiquer le fassent en politique, contre le gouvernement, le Parlement et l’Etat en général, en mettant de côté l’armée, pour préserver son rôle national. C’est cela l’action sur la base du sentiment national.
Au sujet du financement du TSL, j’ai déjà dit que ce sujet doit être débattu au sein du Conseil des ministres. Mais il y a un élément nouveau, avec ce qui s’est passé à l’Unesco. Il est important que les Libanais et les Arabes en général sachent que l’Unesco est une organisation qui relève des Nations unies et qui est chargée des questions culturelles. Dans le règlement de cette organisation, aucun droit de véto n’est prévu et elle a donc voté en faveur de l’acceptation de la Palestine parmi ses Etats membres. Il ne s’agit pas de l’Etat palestinien qui s’étend du fleuve à la mer, ni même celui qui a pour frontières les limites de juin 1967. Il s’agit d’un Etat dont on ne connaît pas encore les frontières puisqu’elles seront décidées à la suite de négociations. Malgré cela, les Etats-Unis ont exprimé leur désapprobation et ont décidé d’arrêter tout financement de l’Unesco. En conséquence, l’organisation a gelé ses projets jusqu’à la fin de 2011.
Je signale à ce propos que l’Unesco n’a pas été créée du temps de Bush-Chirac, ni frauduleusement comme le TSL. C’est une organisation qui relève de l’ONU. Malgré cela, les Etats-Unis ont décidé de suspendre leur part dans son financement, alors qu’ils ont pris des engagements en ce sens. Pourquoi les Etats-Unis ont-ils le droit de se désister de leurs engagements envers une organisation internationale et le Liban n’aurait-il pas le droit de le faire ? Certains ont compris le lien qui pouvait être établi entre les deux faits, mais la plupart des leaders du 14 mars n’ont pas commenté cette question. Les Etats-Unis ont le droit de cesser de payer leur part et même de briser et de paralyser l’Unesco parce qu’elle s’est tenue partiellement aux côtés des droits du peuple palestinien, mais le Liban, lui, n’a pas le droit de ne pas financer une institution contraire à ses règles constitutionnelles, dont on connaît les méthodes et le travail, ainsi que les objectifs. Notez avec quelle arrogance Jeffrey Feltman a menacé le Liban de représailles juste après la décision américaine de suspendre tout financement de l’Unesco. C’est un nouveau scandale pour les Etats-Unis et leurs alliés.
En tout état de cause, L’ancien Premier ministre Fouad Siniora a proposé une issue à ce scandale pour les Etats-Unis, puisqu’il a suggéré aux pays arabes et islamiques, à la Ligue arabe ainsi qu’aux pays occidentaux amis de passer à la caisse pour compenser l’absence de fonds américains. De la sorte, selon ce qui est rapporté de la proposition de Siniora, le chantage américano-israélien sera déjoué, ainsi que leurs pressions. Indépendamment de la condamnation ou non des Etats-Unis et de l’imposition de sanctions contre eux, puisqu’il y a visiblement deux poids deux mesures à ce sujet, je voudrais aller au fond de la proposition de l’ancien Premier ministre Siniora. Qu’il l’applique donc pour le financement du TSL et qu’il laisse ainsi tranquille le Premier ministre Négib Mikati et son gouvernement. Que les émirs et les chefs d’Etats arabes et occidentaux se mettent d’accord pour payer 60 millions de dollars pour financer le TSL. Certains émirs peuvent ainsi renoncer à quelques fêtes à Londres et Paris et verser cette somme. On mettra ainsi un terme à une bataille qui secoue le pays depuis deux ou trois mois. Puisque nous sommes des entêtés et vous des personnes ouvertes qui veulent le bien du Liban, acceptez pour le Liban ce que vous proposez pour l’Unesco. En sachant que l’Unesco a rendu justice à un peuple alors que le TSL agresse un autre.
Je ne souhaite pas commenter l’audience du TSL consacrée aux modalités du procès par contumace car pour nous, ce tribunal n’existe pas.
Avant de conclure la partie libanaise, je voudrais lancer un appel à toutes les parties : occupons-nous de notre pays et travaillons ensemble à résoudre les problèmes en suspens, au gouvernement, au Parlement, à la table du dialogue. Cessez vos paris sur l’étranger et sur les développements régionaux. Je voudrais dire à ceux qui veulent geler tous les dossiers en attendant la chute du régime syrien, mettez de côté ce pari car il échouera comme ont échoué tous les précédents paris de ce genre. Cessez de perdre votre temps. Recommencez à penser au Liban d’abord. Je sais que cela été un slogan brandi mais en réalité, le Liban venait en fin de liste. Pariez donc sur le Liban, sur le cerveau des Libanais et leur volonté de dialogue. C’est un conseil que je donne avant de passer à la situation régionale.
Je n’ai pas suffisamment de temps pour évoquer toute la complexité de la situation régionale. Je me contenterai donc des derniers développements en Syrie et en Iran ainsi que sur les menaces américaines et israéliennes avec la réouverture du dossier du nucléaire iranien.
Nous avons assisté ces derniers jours à une soudaine escalade des menaces israéliennes de bombarder les installations nucléaires iraniennes. L’affaire n’a cessé d’être amplifiée et les déclarations se sont multipliées alors que le commandement en Iran a répondu de manière claire et ferme. Le plafond de la riposte iranienne a été fixé par l’ayatollah Khaménéi qui a affirmé que l’iran forte de son armée, de ses gardiens, de la mobilisation de son peuple, de son unité et de sa foi ne craint pas les menaces. Elle ne craint pas non plus les flottes qui se sont installées tout autour d’elle, puisque les américains sont désormais au Pakistan, en Afghanistan, en Irak, en Turquie et dans le Golfe. Malgré cela, l’Iran n’a pas eu peur et n’a pas cédé aux pressions. Sa décision est restée libre et sa détermination intacte. Développons un peu cette situation et rappelons-nous que d’ici à la fin de l’année, nous sommes face au retrait américain d’Irak et face à une grande défaite du projet américain.
En 2000, des personnes avaient déclaré que la résistance n’avait pas remporté une victoire, car "Israël" voulait se retirer et il y a eu un accord conclu discrètement. Ces propos sont vides de sens. Aujourd’hui encore, certains diront que les Etats-Unis voulaient se retirer d’Irak. Les Etats-Unis qui sont venus avec toutes leurs forces et qui ont vécu un véritable enfer en Irak, en plus de leur crise économique, veulent tout simplement s’en retirer. Les Etats-Unis ont essuyé une défaite en Irak et ils veulent provoquer du brouillard pour dissimuler leur retrait. Ils multiplient les menaces dans la région, évoquent une agression contre l’Iran et la Syrie et ce sujet devient à la une de tous les médias, faisant passer au second plan le retrait américain d’Irak. C’est donc la responsabilité des médias et des politiciens d’expliquer l’importance stratégique du retrait américain d’Irak pour l’avenir de notre région.
Il est aussi normal que les Etats-Unis cherchent à faire payer les Etats qui ont le plus contribué à leur défaite en Irak et il s’agit bien entendu de l’Iran et de la Syrie qui avait déjà rejeté les conditions de Colin Powell. Ces deux pays s’étaient opposés à l’invasion américaine d’Irak. Il est donc normal que les Etats-Unis disent à l’Iran et à la Syrie : ne soyez pas trop contentes. Vous allez payer cher notre départ. Pensions-nous vraiment que les Etats-Unis allaient reconnaître leur défaite aussi simplement ? Même si les républicains eux l’ont reconnue, mais il ne sera pas permis aux Syriens, aux Iraniens et aux Irakiens de célébrer cette victoire historique.
Il faut encore signaler un troisième point qui concerne les changements survenus dans la région. Certes, il y a un débat sur ces changements et sur leur signification et les analystes divergent sur leur interprétation. Mais une chose est sûre : la chute de Zeineddine ben Ali et de Hosni Moubarak est une grande perte pour "Israël" et les Etats-Unis. Les changements dans la région étaient en train de profiter à l’axe de la résistance. La question est la suivante : les Etats-Unis et leurs alliés sont-ils en mesure de transformer les nouveaux régimes qui vont remplacer les anciens en alliés ? Il est certain qu’ils vont tout faire pour empêcher l’Iran et la Syrie ainsi que l’axe de la résistance de gagner de nouveaux alliés et d’accroître leur influence dans la région. C’est pourquoi il est indispensable pour les Etats-Unis de compenser leurs pertes en Tunisie, en Libye et en Egypte (surtout en Egypte), en plaçant la Syrie et l’Iran en position de défense et à les pousser à s’occuper de leurs problèmes internes.
Enfin, les Etats-Unis veulent faire plier l’Iran et la Syrie et pousser l’Iran à des négociations. Les négociations multilatérales n’ont jamais été refusées par l’Iran qui rejette les négociations bilatérales qui visent à la faire plier. Tout comme il s’agit de pousser la Syrie à accepter ce qu’elle refusait par le passé. A ces réalités, il faut ajouter la grave crise économique qui sévit en Europe où l’Italie suit la Grèce et le Portugal suit l’Italie etc.
La présidente du FMI a déclaré franchement que l’économie mondiale est en danger. La situation économique aux Etats-Unis est désastreuse. Imaginez donc un peu comment un candidat républicain à la présidentielle à la recherche d’un slogan porteur et de l’appui du lobby juif a déclaré qu’il compte cesser toutes les aides étrangères y compris celles à "Israël". Cela montre la gravité de la situation aux Etats-Unis. En face, l’Iran est forte, unie, dotée d’un chef historique, unique au monde et elle est prête à riposter à toutes les attaques. Qui oserait d’ailleurs l’attaquer ? Hier, le secrétaire d’Etat américain à la Défense, a freiné, revenant en arrière sur de précédentes menaces. Il a affirmé que les bases américains et les soldats américains sont dans la région, exprimant son inquiétude face à la montée de la tension dans la région. Ils doivent donc comprendre –et je crois qu’ils le font- qu’une guerre contre l’Iran et la Syrie ne sera pas limitée à ces deux pays. Elle s’étendra à toute la région. Ce ne sont pas des menaces, mais une lecture réaliste des faits. C’est la réalité et les Etats arabes et islamiques sont appelés à prendre position sur cette question. Regardez donc cette arrogance : "Israël" qui possède des missiles à têtes nucléaires demande au monde de faire pression sur l’Iran et menace ce pays de bombarder ses installations nucléaires civiles. D’où vient cette arrogance ? Parfois, elle est due au sentiment que l’adversaire est faible. Je le dis donc : tout pari sur la faiblesse et la fragilité de ceux qui veulent s’opposer à "Israël" et aux Etats-Unis est perdant. Le temps de la peur et de la faiblesse est passé. C’est l’ère de la résistance, de la foi et de la volonté.
En cette journée du martyr, qui célèbre le début des opérations suicides contre l’ennemi, nous disons que nous sommes désormais dans l’ère des victoires. L’ère des défaites est finie. C’est notre engagement envers nos martyrs, c’est aussi le testament qu’ils nous ont légué, à nous qui attendons notre tour. En dépit des menaces qui pèsent sur la région, en dépit des difficultés et des défis, l’axe de la résistance se porte bien et la situation évolue dans le sens de la volonté des peuples. Regardez où nous étions en 1982 et où nous sommes aujourd’hui. Tant que nous serons des hommes de foi, de savoir, de conviction et de volonté, nous multiplierons les victoires.
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