Wikileaks dévoile le plan d’accusation du Hezbollah d’avoir assassiné Hariri

L'acte d'accusation de l'assassinat de l'ancien Premier ministre Rafic Hariri n'était pas né lors de sa publication, mais il fut le résultat d'une longue trajectoire tracée par les pôles de 14 mars en coopération avec les responsables américains et français même avant que l'enquête internationale ne touche à sa fin.

Les nouveaux documents Wikileaks publiés par le journal Al Akhbar montrent comment des politiciens et des diplomates accusaient dans leurs entretiens secrets le Hezbollah pour avoir commis les anciens assassinats et planifier de tuer des autres personnes. 

Un télégramme diplomatique de l'ambassade américaine à Paris publié quelques mois après l'assassinat de Hariri  2005 (05PARIS6067, 8 septembre 2005) montre une orientation française à considérer le Hezbollah une "partie du problème". Selon le câble qui comprend les procès-verbaux des pourparlers entre le secrétaire d'Etat adjoint américain, Daniel Fried, et son homologue français Jean-François Thibault, " le Liban est entré dans une période très dangereuse vu que le progrès a été relativement facile et nous nous approchons du problème fondamental, qui comprennent la Syrie et l'Iran et le Hezbollah.

A l'époque, l'ancien vice-Premier ministre Elias Murr a aidé les forces occidentales dans leur but en notifiant le secrétaire d'Etat adjoint pour les Affaires du Proche-Orient, Elisabeth Dibble, et le chargé d'affaires à l'ambassade U.S à Beyrouth, Christopher Murray que le Hezbollah tente de l'assassiner à la demande de la Syrie.

La traque du haj Imad Moghnieh avant l'agression de 2006

Selon le câble 06BEIRUT1001 datant du 30 mars 2006, l'ambassadeur américain Jeffrey Feltman a discuté, lors de son entretien avec l'ancien ministre libanais de la Justice, Charbel Rizk, et le juge Choukri Sader, de la demande du ministère américain de la justice évoquant la livraison des " quatre terroristes" responsables du détournement de l'avion TWA 847 dans les années 80 : Mohamad Ali Hamadé, Hassan Eizzeddine, Ali Atwi et Imad Moughniyeh.

Toujours selon le câble, Rizk a présenté à l'ambassadeur américain rédigé par Sader et le procureur général Said Mirza. Il a affirmé que le ministère de la Justice n'a d'autre choix que de présenter au gouvernement libanais une recommandation rejetant la requête du gouvernement US. Cependant, l'ancien ministre libanais de la Justice a promis de communiquer à Feltman les arguments juridiques avant qu'ils ne soient envoyés au ministère des Affaires étrangères, espérant de les endommager.

Rizk a affiché sa sympathie avec les familles des victimes de l'avion détourné, affirmant qu'il reportera la remise de la recommandation au ministère des AE dans l'attente que le cabinet américain lui adresse des questions et des objections.
Feltman avait abordé dans le Grand Sérail avec le Premier ministre libanais de l'époque, Fouad Siniora, la livraison des personnes précitées aux autorités judiciares américaines, dévoile le câble 06BEIRUT304 datant du 2 février 2006.

" En dépit de la crise en cours sur le retrait des ministres chiites du gouvernement, la priorité a été accordée à la demande du gouvernement américain sur le traitement des fugitifs recherchés par la justice, Mohamed Ali Hamadé, Hasan Ezzeddine, Ali Atwi et Imad Moughniyeh", ajoute le télégramme.

"Accompagné de son haut conseiller Mohamad Chatah qui avait reçu la mère de Robert Stethem, quand il était ambassadeur à Washington exprimant sa sympathie après la mort de son fils, Siniora a expliqué à Feltman que le gouvernement fera tout son possible pour satisfaire la demande américaine. Cependant, il faut respecter la loi libanaise", poursuit le télégramme.

Hariri tisse un lien entre le Hezbollah et Al Qaëda

Lors d'un entretien avec l'ambassadrice américaine au Liban Michèle Sisson le 25 février 2008, Saad Hariri a qualifié "d'inutile" la réunion de la Ligue Arabe tenue le 24 février 2008. Selon le télégramme numéro 08BEIRUT302, Saad a affirmé qu'il ignore à quel point l'assassinat du leader militaire du Hezbollah, Imad Mougnieh, influencerait les relations irano-syriennes, mais il croit que le Hezbollah riposterait d'une certaine manière à "Israël". Les dernières déclarations de la direction générale iranienne dévoilent la nature des relations avancées entre Téhéran, le Hezbollah et l'organisation Al Qaëda impliquée dans l'attentat contre les tours de Khobar en Arabie Saoudite en 1996. " Pourquoi les Syriens cherchent ceux qui ont assassiné Moughnieh et ne s'enquêtent pas sur la manière de sa mort sur les territoires syriens".  

"Le Hezbollah entre aux maisons des gens au Liban, provoquant des incidents de sécurité et forçant Saad à utiliser les partisans du Courant Futur pour contenir les frictions", ajoute le compte-rendu de l'entretien Sisson-Hariri.

"Le Hezbollah prépare quelque chose", a prévenu Hariri ajoutant que l'ambassadeur iranien a annulé un entretien avec lui après que Saad a attaqué l'Iran dans l'un de ses discours. 

El Mur incite et fait des mensonges

Selon le télégramme 05BEIRUT3670 datant de 14 novembre 2005, Mur a affirmé que la Syrie dirige toujours nombreux groupuscules terroristes, dont ceux palestiniens armés à l'intérieur et à l'extérieur des camps, ainsi que le Hezbollah et son armée qui jouit des équipements et d'une formation de haut niveau.
" Le Liban ne profitera de la stabilité, le vrai changement ne sera pas atteint à moins qu'il y aurait un changement en Syrie", a dit Murr, expliquant rapidement qu'il ne parle pas d'un changement du régime mais d'un changement de mentalité".

" Au moment où le régime syrien modifie sa façon de réfléchir, le soutien accordé à ses alliés au Liban sera suspendu", a-t-il confirmé.
Murr a assuré " qu'il sera difficile de parvenir à un changement au Liban, tant que les armées privées, comme le Hezbollah, agissent selon leurs désirs".

"L'armée libanaise n'est pas prête à traiter avec les milices. Elle ne possède pas l'équipement militaire et la formation nécessaire, ou même l'esprit de le faire. L'armée a besoin d'une période de 6 ou 8 mois pourque nous puissions compter sur elle", a-t-il conclu.