L’"opposition syrienne" et l’alliance siono-occidentale : Même combat !

Akil Cheikh Hussein

Ce qu'on appelle "Opposition syrienne" suit le même trajectoire de ce qui est devenu dernièrement l'opposition libanaise: Représentée par ses dirigeants et dirigeantes, cette dernière n'a pas manqué d'échanger les embrassades et de trinquer avec Condoleezza Rice qui était venue au Liban pour annoncer l'émergence d'un nouveau visage du Moyen-Orient (épuré du Hamas, de Hezbollah, de la Syrie et de l'Iran), à un moment où les bombardiers de l'alliance israélo-américaine larguaient leurs bombes sur le peuple, l'armée et la Résistance au Liban, au grand plaisir de la totalité du camp arabe dit "modéré".

Quant à l'opposition syrienne, elle s'est mise en action à partir de leurs quartiers généraux dans les hôtels des capitales de l'Occident colonialiste et néo-colonialiste, mais aussi à Istanbul qui s'est vue prise par un embarras semblable à celui de Kant comparé par Nietzche à un renard qui, brisant sa cage, s'est vu traumatiser par le poids de la liberté, et a fini par préférer regagner sa cage. Terrifiée par l'idée d'abandonner sa longue course haletante derrière le dernier wagon du train occidental, la Turquie a fini par renoncer à son retour -combien passager- à reprendre sa place dans les rangs arabe et islamique de la Résistance et de la réticence.

Cette opposition syrienne jubile en écoutant les déclarations de Biden, de McCain, de Sarkozy et de Cameron qui dissimulent les anciennes et nouvelles haines sous le masque de la prétendue défense du peuple syrien. Ses représentants à l'étranger se disputent des places assises dans les réunions qu'organisent les mouvements sionistes, ou pour être interviewés par les chaînes de télévisions israéliennes et tirent force et détermination des idées de Bernard-Henry Lévy devenu célèbre par sa théorie sur la nécessité de brûler Gaza car elle a résisté à l'invasion israélienne, ou de celles d'autres Sionistes qui décollent de l'Aéroport Ben Gorion pour venir prêter main forte à l'opposition syrienne.

Quant à ses représentants à l'intérieur, et en dépit de toute l'histoire jalonnée par des confrontations imposées par les gouvernements occidentaux en général, français et américains en particulier, rien qu'en ce qui concerne leur rôle dans la création de l'Etat d'"Israël" et leur soutien à l'agression qu'il mène contre les Palestiniens et les Arabes, ils (les représentants de la dite opposition) s'empressent à cueillir les fleurs qui ont poussé dans la terre de Maysaloun fertilisée par le sang des martyrs tombés en résistant à l'invasion française, et par les eaux du fleuve al-Assi, afin d'y courir les voitures des deux ambassadeurs français et américain pour ainsi exprimer leur reconnaissance envers la France et les Etats-Unis.

Ceux fleurs martyrisées en Syrie ont le même statut que les enfants en Palestine, au Liban, en Iraq, en Afghanistan, au Pakistan, en Lybie et ailleurs qui, par le passée et au présent, s'entassent de leurs corps dans tous les coins du monde arabe et islamique, transpercés par les baïonnettes, écrasés par les chaînes des chars ou déchiquetés par les bombes intelligentes et les munitions et sous-munitions lancées par les avions et les drones.

Après les fleurs, et au moment ou nous voyons les drapeaux des Etats-Unis et de la France flotter au-dessus des "révoltés libyens" et même au-dessus de certains lieu de culte en Libye, on peut ne pas être très éloigné d'un jour où nous verrons l'opposition syrienne remplacer le drapeau syrien par des drapeaux américains, français britanniques ou israéliens. Nous devrions peut-être oublier maintenant tout le discours panarabe sur le peu de différence entre "Israël" et les mains britanniques, françaises et américaines qui ont façonné Israël et qui l'ont soutenu par tous les moyens; ainsi que tout le discours arabe et islamique sur la Palestine et la libération d'al-Qods (Jérusalem) !

Par ce qu'elle vient de commettre à Hama en accueillant de la sorte les deux ambassadeurs français et américain, l'opposition syrienne signe sa propre transformation en un outil au service des gouvernements occidentaux. N'est-ce pas qu'elle jouit du soutien de ses gouvernements responsables non seulement de la création de l'entité sioniste et du soutien à ses agressions, mais aussi des innombrables massacres commis depuis le début du siècle passé à l'égard des peuples arabes et islamiques, y compris le peuple syrien.

De la répression de la révolte du peuple marocain dirigée par Abdelkrim, à la répression de la révolte d'Omar al-Mukhtar en Libye, à la révolte du Mahdi au Soudan, au génocide subi par le peuple algérien avec ses deux millions de martyrs; à la révolte matée de Youssouf al-Azma en Syrie, à la tragédie vécue par le peuple palestinien depuis plus de soixante ans et aux drames vécus par le peuple iraquien, personne –en dehors de Dieu- ne connaît le nombre des millions d'Arabes massacrés par les armées envoyées par les gouvernements occidentaux dont les ambassadeurs sont reçus par des accolades à Beyrouth ou par des gerbes de fleurs à Hama, ou dont les drapeaux et les photos de leurs dirigeants sont à l'honneur en Libye et ailleurs.

N'est-il pas suffisant pour évaluer l'envergure du scandale de voir les "dirigeants" de l'opposition syrienne rencontrer des grands responsables sionistes et israéliens du genre de ceux qui s'indignent car l'Alliance atlantique n'a pas encore détruit la Syrie au dessus de ses habitants à l'instar de ce qu'elle fait en Libye ? Ou du genre de ceux qui, guidés par leurs fantasmes morbides, préfèrent attendre le moment où le régime syrien serait affaibli par les événements actuels et se verrait contraint de signer un traité de paix semblable à ceux de la honte signés publiquement ou en secret avec l'entité sioniste par des chefs arabes dont certains ont déjà fui, dont certains autres ont été punis, alors que d'autres attendent la juste punition ?