Sayed Nasrallah : la découverte des agents de la CIA un grand exploit pour le service de contre-espionnage du Hezbollah
Dans son dernier discours prononcé le vendredi 24 juin, sayed Nasrallah a développé quatre sujets principaux : le gouvernement Mikati et les accusations portées contre lui d’être celui du Hezbollah et de la Syrie, les rumeurs sur l’existence d’un réseau d’espions au sein du Hezbollah, les dernières manœuvres israéliennes et la situation arabe et en particulier en Syrie.
Au sujet du gouvernement, je voudrais commencer par le décrire et expliquer comment nous traiterons avec lui et comment les autres parties le feront. Je vais développer plusieurs points sous ce titre.
Je voudrais d’abord affirmer, comme d’autres l’ont fait avant moi et en tant que responsable que le gouvernement Mikati est à cent pour cent libanais et il n’y a eu aucune intervention étrangère pour aider à sa naissance. Les seules interventions étrangères ont eu lieu pour tenter d’entraver sa formation, mais le gouvernement est né grâce à une volonté interne. C’est d’ailleurs une des rares fois où la formation du gouvernement est une opération à cent pour cent interne.
Le retard de cinq mois dans la formation du gouvernement est donc en partie dû aux divergences internes et lorsque celles-ci ont été surmontées, le gouvernement est né. Le retard était aussi dû dans une autre partie dû aux pressions internationales, qui peuvent être déjouées lorsque les volontés internes se complètent et s’unissent. Certaines parties au Liban se sont empressées d’accuser la Syrie d’entraver la formation du gouvernement, tout comme elles en ont aussi attribué la responsabilité à l’Iran, nous égratignant au passage. Et lorsque le gouvernement est formé, ces mêmes parties disent : l’ordre est venu et le gouvernement est né. Ceux qui adoptent cette attitude agissent par rancœur et commettent une injustice. Leur attitude ne se base pas sur une lecture correcte des développements. Je sais que depuis le début, la Syrie souhaitait que le gouvernement soit formé. Mais cette formation était avant tout un besoin national interne avant d’être dans l’intérêt de la Syrie. La Syrie n’a pas entravé ni travaillé pour le moindre report dans la formation du gouvernement. Elle n’est pas intervenue et était heureuse lorsque le gouvernement est né. C’est aussi le cas e l’Iran.
Dieu merci, le gouvernement a été formé et cette naissance montre un nouvel échec des paris du 14 mars. Comme je l’ai déjà dit dans un précédent discours, ils ont commis des erreurs et ils continuent de le faire. Ils avaient ainsi misé sur l’incapacité de la nouvelle majorité de former un gouvernement et ils ont promis aux gens que le Premier ministre Mikati serait contraint à se récuser et que celui qu’ils souhaitent reviendra au Sérail.
Le second point au sujet du gouvernement est l’accusation permanente du 14 mars, relayée par l’étranger sur l’identité de ce gouvernement qui serait celui du Hezbollah, ou encore celui du régime syrien et du président Bachar Assad en particulier.
En ce qui nous concerne, au Hezbollah,, je dirais que cette accusation ne nous dérange pas. Au contraire, ce serait un honneur pour nous, d’autant que ce gouvernement regroupe des figures compétentes et représentatives de larges couches populaires et de différents courants politiques, qui lui donnent l’appui d’une majorité populaire. Mais la réalité est tout autre. Si vous utilisez cette qualification dans le but de nous gêner, sachez que cela ne nous gêne pas, tout comme cela ne nous gêne pas lorsque vous amplifiez notre puissance militaire. En portant cette accusation, vous nous donnez une importance politique que nous n’avons pas mais qui ne nous déplaît pas. Il s’agit d’une amplification du poids politique du Hezbollah, mais comme le dit le vieil adage : la réputation de la richesse vaut mieux que celle de la pauvreté. En réalité, le Hezbollah n’est pas le plus influent au sein de ce gouvernement où il ne possède que deux ministres, un avec un portefeuille et le second sans. Les autres ministres sont des amis avec lesquels nous coopérons. Mais il ne s’agit pas d’un gouvernement monocolore. C’est un gouvernement reflétant une large coalition nationale rassemblant différentes forces politiques de couleurs variées. Je ne souhaite pas entrer dans les chiffres et il serait inconvenant de le faire, mais toutes les composantes du gouvernement souhaitent travailler ensemble en équipe. Il ne faut pas procéder à l’analyse habituelle de la majorité et du tiers au sein du gouvernement, car cette équipe est formée sur des bases et des critères différents. Il s’agit je le répète d’une équipe qui veut travailler en harmonie et au sein de laquelle, des ministres peuvent être d’accord sur un point et diverger sur un autre. Il n’y a donc pas de ligne de démarcation au sein du gouvernement.
Dire toutefois que le gouvernement est celui du Hezbollah vise essentiellement à provoquer des susceptibilités confessionnelles, en laissant entendre que le Hezbollah chiite contrôle le gouvernement et l’Etat et en poussant les autres communautés à se manifester avant de tout perdre face au Hezbollah chiite. L’accusation a donc pour objectif de provoquer les autres confessions pour les pousser à réagir. Mais si Dieu le veut, ce pari est aussi voué à l’échec.
L’accusation vise à aussi pousser la communauté internationale et certains pays arabes à réagir. Mais cette manœuvre n’aboutira pas car les gens connaissent parfaitement la composition du gouvernement et savent qu’il ne s’agit pas celui du Hezbollah et qu’il n’est pas monocolore, ni totalitaire. Si cela était le cas, sa formation n’aurait pas pris cinq mois et il aurait rédigé la déclaration ministérielle et obtenu la confiance en une semaine au plus tard.
De même, ceux qui veulent pousser la communauté internationale à réagir font du tort à tout le Liban et à son économie. Nous sommes au début de l’été et il faut préserver la saison touristique que vous évoquez régulièrement. Remettez donc vos critiques pour quelques mois, le temps de laisser passer la saison et de permettre au Liban de souffler. Je vous le dis franchement : inciter la communauté internationale à intervenir nuit au Liban et à son peuple, non au Hezbollah qui est d’ailleurs le moins touché. Vous le savez, nous n’avons pas d’intérêts à l’étranger, nous ne possédons pas de banques et nous ne sommes pas partenaires dans l’une d’entre elles, pour des raisons religieuses que vous connaissez. Nous n’avons pas de dépôts dans les banques, ni d’investissements au Liban ou à l’étranger. Nous avons peut-être des amis fortunés qui possèdent des projets d’investissements ou d’exploitation, mais celui qui dit que ces projets appartiennent au Hezbollah se trompe. Nous n’avons rien à y voir. De plus, lorsque la communauté internationale prend des mesures de rétorsion contre le Liban, cela fait du tort au peuple et le Hezbollah est sans doute le moins touché.
En tout cas, il ne s’agit plus de l’opposition honnête, noble et démocratique que vous nous promettez. Il s’agit de moyens illégitimes. Dans tous les pays du monde, un nouveau gouvernement bénéficie d’un délai de grâce. Nous avions donné un an au gouvernement de Saad Hariri, alors que l’opposition actuelle refuse de donner une seule semaine au gouvernement Mikati. Elle a même commencé à l’attaquer avant même la formation du gouvernement. Pas de problème, c’est malgré tout votre droit de vous y opposer au gouvernement et même dans la rue.
Mais comme je le conseille à nos alliés, il vaut mieux ne pas recourir à l’incitation confessionnelle, car il s’agit d’une arme à double tranchant. Sachez aussi que le pari sur l’étranger échouera cette fois encore, comme il l’a fait dans le passé. Vous aviez misé sur l’invasion américaine de la région et vous vouliez que cette invasion atteigne la Syrie, vous aviez aussi misé sur la guerre israélienne en 2006 et vous continuez à miser sur les développements régionaux et internationaux. Vous misez sur le renversement du régime en Syrie et tous ces paris visent à cacher votre incapacité à agir à l’intérieur. Mais je vous le dis, ils échoueront, comme ils l’ont fait dans le passé.
Le troisième point au sujet du gouvernement porte sur la déclaration ministérielle. A ce sujet, il n’y a pas de problème particulier, ni de conflit majeur. Les discussions devraient prendre une semaine ou dix jours et en raison de la confiance qui règne entre le Premier ministre Mikati et les différentes composantes du gouvernement, les obstacles éventuels seront surmontés et le gouvernement devrait obtenir la confiance du Parlement. Il reste encore à évoquer dans ce domaine, l’attente du TSL. Mais j’invite les différents membres de ce gouvernement à profiter du temps pour travailler dans l’intérêt de la population et la majorité à ne pas se laisser entraîner dans des polémiques comme le souhaite l’opposition, qui est très forte dans ce domaine. Je voudrais conclure ce sujet en rappelant que nous comptons travailler en étroite coopération avec le président de la République, le Premier ministre et toutes les composantes du gouvernement pour servir les intérêts du peuple. Je voudrais aussi saluer l’initiative du président de la Chambre, sur le plan chiite et national qui a donné une chance au gouvernement de se former.
Le second sujet est délicat et inhabituel. En général, au sein des partis, des mouvements ou même des Etats, ce sujet n’est pas traité publiquement. Mais je vais en parler ouvertement parce que nous au Hezbollah, nous tenons à notre crédibilité, à notre transparence et nous respectons les cerveaux des gens. Nous tenons aussi à répondre à l’attente de ceux qui s’inquiètent pour nous et nous préférons leur donner les faits plutôt que de les laisser à la merci des rumeurs qui peuvent peser sur leur moral et sur leur confiance en nous. D’autant que ce sujet a fait l’objet de véritables scénarios policiers. Face à ce qui a été dit et écrit, certains se demandaient pourquoi le Hezbollah ne dément pas ces histoires ? Que dit le sayed ?
Eh bien, maintenant vous allez le savoir. Je voudrais d’abord commencer par dire que nous avons un service de contre-espionnage très performant. L’an dernier, j’avais parlé de soupçons autour de trois des nôtres. Une enquête poussée avait été alors menée et les trois personnes mises en cause sont apparues totalement innocentes. Elles occupent d’ailleurs les mêmes fonctions. Si nous avions le moindre doute à leur égard, il en serait autrement. Les faits d’aujourd’hui sont différents. Je vais commencer par les exposer avant de les commenter. Le Mossad n’ayant pas réussi à nous infiltrer, il a eu recours à la CIA. Par conséquent, nous ne sommes pas devant des cas d’espionnage pour Israël mais pour la CIA. Deux en tout cas le sont et le troisième cas est encore à l’étude. Il travaille soit pour la CIA, soit pour un service européen soit encore pour un service arabe. L’Israélien ayant échoué, il a fait appel aux meilleurs services du monde pour parvenir à faire une infiltration au sein du Hezbollah. Après des mois d’enquête, notre service de contre-espionnage a découvert que deux personnes ont été enrôlées par la CIA par le biais de diplomates oeuvrant au sein de l’ambassade américaine. Nous avons ainsi la preuve que le siège de cette ambassade à Aoukar est un nid d’espions qui travaille à infiltrer la société libanaise et les forces politiques de ce pays. Je tiens à préciser qu’il s’agit de deux cas isolés, qui n’ont aucun contact entre eux. Par conséquent, on ne peut pas parler de réseau, ni même de cellule. Je ne citerai pas de noms par égard pour les familles que je connais personnellement et pour les protéger. Je vais quand même donner les initiales pour protéger ceux qui font l’objet des rumeurs les plus fantaisistes et pour lever l’injustice qu’ils risquent de subir. Le premier s’appelle A B. et il a été enrôlé depuis 5 mois. Le service de contre-espionnage a enquêté et découvert ce cas. L’homme a reconnu qu’il travaillait pour le compte de la CIA. Le second, M.H. a été enrôlé par la CIA mais depuis un peu plus longtemps et il a lui aussi reconnu les faits qui lui sont reprochés. Le troisième, M.A, a reconnu travailler pour une partie étrangère, mais l’enquête se poursuit pour identifier celle-ci.
Nous avons donc trois cas et nous détenons des preuves irréfutables sur ces accusations. Malheureusement, ces trois frères sont tombés dans le piège. Mais à ce stade, nous devons confirmer ou démentir certaines rumeurs.
D’abord, il n’y a que trois cas. Naturellement, la plupart des partis et organisations étouffent généralement ce genre d’affaires et les règles discrètement, avant de dire : ils sont tombés au cours de la lutte etc. Nous autres, nous préférons être francs et nous avons le courage de dire la vérité sur ce sujet car nous suivons les règles religieuses, morales et jihadistes qui nous commandent la transparence.
Nous avons donc trois espions, non comme certains l’ont dit dix ou même cent. Aucun de ces trois espions ne fait partie des responsables de premier plan au sein du Hezbollah. Il n’y a pas parmi eux un homme de religion. Il y a peut-être eu une confusion, car un cheikh est actuellement détenu par les SR de l’armée, mais il n’a rien à voir avec le Hezbollah. Aucun d’eux n’appartient au cercle étroit du secrétaire général du Hezbollah. Aucun d’eux n’est lié au front et aux formations militaires délicates, comme les missiles, sur lesquels les Américains et les Israéliens veulent des informations. Aucun d’eux ne détient des informations délicates qui pourraient mettre en danger la résistance. Ils n’occupent pas des fonctions qui leur permettent de mettre en danger la structure ou l’efficacité de la résistance dans une nouvelle confrontation avec l’ennemi. Aucun d’eux n’est lié de près ou de loin à l’assassinat du chef martyr Imad Moghnié. Ils n’ont pas non plus de lien avec le TSL, car je vois déjà certains dire si le parti a reconnu leur existence, cela pourrait constituer le début d’un règlement à l’affaire du TSL. Pour nous, ce sujet est clos depuis longtemps. De toute façon, ces trois noms ne figurent ni dans Der Spiegel, ni dans le reportage de la télévision canadienne, ni dans aucune des enquêtes divulguées par les fuites. Ces noms n’ont pas été évoqués dans ce cadre. Nous sommes toutefois sortis du sujet du TSL depuis longtemps et nous ne sentons pas concernés par un quelconque scénario à ce sujet.
Nous en arrivons à l’évaluation sécuritaire.
Il est clair que le Mossad israélien continue à être incapable d’infiltrer le Hezbollah. C’est pourquoi il a eu recours au service de renseignement le plus puissant du monde. Cette réalité est dûe aux coups successifs portés au renseignement israélien au Liban au cours des trois dernières années. Ce renseignement a perdu ses yeux et ses oreilles et il a eu recours à la CIA. Il y a là une différence de taille, car l’agent de la CIA jouit d’une immunité diplomatique et nul n’oserait s’en prendre à lui au Liban. Les Etats-Unis sont un Etat ami et l’agent est protégé par son ambassade et il se déplace dans des voitures blindées un peu partout. Son cas est donc différent de celui de l’agent du Mossad israélien qui souhaiterait recruter des espions au Liban. Les Israéliens ont donc fait appel à la CIA qui dispose d’importants moyens humains et technologiques. Les informations recherchées n’intéressent pourtant pas tant les Américains que les Israéliens. Il s’agit essentiellement de détails militaires et sécuritaires. Ce qui nous amène à dire que la CIA au Liban travaille pour le compte d’Israël. Il faut aussi signaler le fait que si la CIA a réussi à enrôler deux ou trois personnes, le service de contre espionnage du Hezbollah a réussi lui, à les découvrir rapidement, en dépit de toutes les précautions prises. C’est peut-être une des rares fois où la CIA connaît un tel échec surtout face à une organisation populaire et non étatique. Nous nous trouvons donc face à une réussite évidente de la résistance qui nous donne encore plus confiance en elle et en sa capacité à déjouer toute tentative d’infiltration, d’où qu’elle vienne.
Une question se pose désormais : l’ambassade à Aoukar est un nid d’espions pour le compte d’Israël. Quelle sera la réaction officielle et populaire à cette réalité ? Une chose encore à ce sujet à nos partisans : je leur demande d’être compatissants et compréhensifs avec les familles des espions, car, comme je l’ai déjà dit, elles n’ont rien à voir avec les activités de leurs proches et elles sont aussi atteintes que nous. Je voudrais encore leur dire d’éviter de lancer des noms à tort et à travers. Mettre en cause des innocents est condamné par Dieu et il faut en rendre compte lors du Jugement dernier. Enfin, la résistance est prise pour cible par les services étrangers et arabes, c’est un fait, mais il ne faut pas tomber dans le piège de la guerre psychologique, qui cherche à briser notre moral et notre confiance. Nous devons être vigilants et savoir que nous sommes entrés dans une nouvelle phase. Jusqu’à présent, nous pensions être dans une confrontation militaire et sécuritaire avec les Israéliens, sans oublier naturellement les services américains et autres. Mais nous sommes aujourd’hui dans une nouvelle phase, la protection et la consolidation de la résistance est notre responsabilité commune. Nous devons donc ne jamais baisser la garde et ne pas nouer facilement des relations passagères qui semblent anodines. La résistance est prise pour cible par les Israéliens mais aussi par les services américains voire arabes. Je voudrais toutefois vous rassurer : nous sortons de ce piège plus forts qu’avant et notre résistance restera solide, capable d’assurer les victoires espérées et de relever tous les défis.
Le troisième sujet porte sur la nouvelle manœuvre militaire israélienne. Pour la cinquième année consécutive depuis la guerre de 2006, Israël mène une manœuvre dite « transformation ». Effectivement, il s’agit d’une transformation dans la conception du combat et dans la stratégie militaire. Il s’agit d’une grande transformation, non d’un changement banal. Elle porte sur la structure de l’entité sioniste. Ces derniers jours, la manœuvre dite « transformation5 » s’est déroulée et elle a englobé l’ensemble de l’entité israélienne, c’est-à-dire toute la Palestine occupée et aussi toutes les villes, les villages, les installations diverses, les usines, les bâtiments publics, les réseaux d’eau et d’électricité, les colonies, les réseaux de télécommunications en plus des installations militaires, des casernes et des sièges officiels, comme la knesset et le bâtiment gouvernemental. Bref, il s’agit de la plus vaste manœuvre israélienne, en superficie et en globalité. Je ne vais pas me lancer dans une analyse de sa signification et je me contenterai de quelques indications sur sa portée.
Premièrement, toutes les manœuvres menées par l’ennemi (transformation 1, 2, 3, 4 et 5) sont le fruit de sa défaite et la victoire assourdissante de la résistance en juillet 2006. Car avant cette date, Israël ne faisait pas de manœuvres portant sur le front interne de cette ampleur, ni d’ailleurs autant de manœuvres militaires. C’est donc la reconnaissance de sa défaite.
Deuxièmement : si l’on ajoute « transformation5 » aux manœuvres qui l’ont précédée on constate un changement fondamental et structurel dans l’idéologie militaire de l’ennemi qui reconnaît désormais le fait que toute nouvelle guerre aura lieu aussi en Palestine occupée et mettra en danger les institutions étatiques, les communications etc. Depuis la guerre de 2006 et celle de Gaza, le front interne fait partie de toutes les guerres israéliennes, qu’elles soient contre les Palestiniens, les Libanais, les Syriens ou les Iraniens. Alors qu’auparavant, la guerre pour l’ennemi consistait à envoyer ses troupes et ses moyens sur la terre des autres. Face à ce constat, Israël doit réfléchir longuement avant de lancer une nouvelle agression. C’est pour cela que je répète sans cesse : protégez la résistance. Israël ne peut plus envoyer ses troupes et ses avions sans se soucier de protéger ses déplacés, ses citoyens et ses installations. Cette donnée constitue désormais un moyen de dissuasion.
Troisièmement : face à cette réalité et à la difficulté pour Israël de protéger son front interne des missiles qui vont lui tomber dessus, il s’est vu contraint à créer un ministère du front interne. C’est la première fois dans l’histoire d’Israël que cela arrive et qu’il se voit obligé d’élaborer des scénarios pour son front interne, d’évacuation des civils, de trouver des bâtiments de rechange, d’assurer le fonctionnement des ports et des aéroports etc.
Quatrièmement : A travers cette manœuvre, Israël reconnaît aussi qu’il ne peut plus mener des guerres éclairs comme il le faisait par le passé, ni remporter des victoires rapides. Ce qui constitue un changement stratégique dans son idéologie militaire. Il organise des manœuvres qui prennent en considération une guerre de plusieurs mois. Imaginez donc un peu la situation de la population venue en Palestine pour profiter de sa douceur de vivre et contrainte à subir des missiles pendant des mois…
Cinquièmement : Ces manœuvres montrent aussi qu’Israël se prépare toujours à un projet de guerre car c’est dans sa nature agressive et hégémonique, même s’il se présente comme une victime. Traditionnellement, c’est toujours Israël qui a déclenché la plupart des guerres et nous devons donc rester prêts. A partir de cette constatation, j’en arrive à mon dernier sujet, la situation arabe. Sur le papier et sur internet, Israël a de nombreux ennemis, mais en réalité, et la manœuvre « Transformation5 » le prouve, il ne tient compte que 4 front qui constituent à ses yeux une menace : l’Iran la Syrie, la résistance au Liban et celle de Gaza.
Israël qui est l’ennemi de la oumma, d’1,4 milliard de musulmans, de tous les peuples de la région, chrétiens et musulmans et finalement qui ne tient compte dans tout ce monde que de quatre menaces, cela mérite réflexion. Bien entendu, je ne parle pas là des populations, mais des régimes et des gouvernements.
Israël mène donc des manœuvres militaires globales et en face, que fait le monde arabe ? Certes, les peuples ont des sympathies envers les Palestiniens et avec ceux qui résistance, mais certains régimes arabes complotent contre eux. Israël reconnaît l’existence d’éléments de force au sein de la oumma et dans le monde arabe, certaines parties cherchent à isoler financièrement et militairement la résistance à Gaza. Certaines parties cherchent la moindre faille pour démoraliser la résistance et la dénigrer. Je ne parlerais pas des millions de dollars dépensés pour ternir l’image de la résistance et mettre en doute sa crédibilité.
Même chose en ce qui concerne l’Iran qui appuie sans réserve la résistance et qui constitue une véritable obsession pour Israël, certains régimes arabes cherchent à la diaboliser et à la transformer en ennemi des Arabes, pour protéger Israël.
J’en arrive à la Syrie. Ce que je dis sur ce pays est bâti sur une vision claire et une conviction. Les autres ont le droit de critiquer notre vision et nous avons le droit de les conseiller : dans notre région, il existe un seul régime arabe de confrontation, c’est la Syrie. D’autres ont peut-être des positions politiques, mais, soit ils sont éloignés, soit ils sont occupés par des problèmes internes de partition et de complots divers. Le seul régime qui, depuis le début, s’est tenu aux côtés de la résistance et à travers ses alliances avec l’Iran et avec les mouvements de résistance en Palestine, au Liban et en Irak et son écoute des sentiments des peuples de cette oumma, c’est bien la Syrie qui a réussi d’ailleurs à mettre en échec les projets américains et israéliens de liquider la cause palestinienne et de mettre la main sur les capacités et les richesses de la région.
C’est cela la réalité. Après cela, la tête du régime syrien, le président Bachar Assad annonce sa détermination à mener des réformes essentielles au niveau de la loi sur les partis et de celle sur l’information. Il a publié une amnistie générale en dépit des actes de violence commis (A cet égard je voudrais établir une comparaison avec ce qui se passe à Bahrein, où l’opposition est la plus pacifique possible et malgré cela, les autorités ont multiplié les arrestations. Elles ont aussi appelé au dialogue pour le lendemain condamner l’opposition à des peines lourdes. C’est une profonde injustice). En Syrie, le président Assad lance toutes ces réformes et prend des initiatives sérieuses pour le dialogue et malgré cela on lui dit : ce n’est pas assez. Je vous le dis : quoique fasse le président Assad, certains au sein de l’opposition et à l’étranger continueront d’estimer que c’est insuffisant. C’est pourquoi sur la base de notre vision stratégique et de notre conviction, nous disons que face à la démarche déterminée du président Assad, après son dernier discours et les mouvements populaires qui l’ont suivi, notre position est la suivante : s’en prendre au régime syrien, après tout ce qu’il fait, c’est faire un cadeau gratuit à Israël et aux Etats-Unis. Nous invitons tous ceux quis e soucient sincèrement de la oumma de prendre conscience de l’ampleur du complot contre le régime syrien, à cause de ses positions et de son action en faveur de la résistance.
Par contre à Bahrein, malheureusement, l’horizon semble bouché, le régime exerce la pire répression sur une opposition pacifique dans le silence de la communauté internationale et des pays arabes. Le peuple syrien nationaliste, arabe doit saisir la main tendue par le président Bachar Assad.
J’ai voulu faire le point avec vous sur ce qui se passe actuellement dans la région et au Liban. J’invite tous les stratèges à analyser longuement la dernière manœuvre israélienne. Sur le plan du gouvernement, nous travaillons sérieusement et sincèrement pour qu’il puisse répondre aux soucis des gens et qu’il soit homogène et en accord avec lui-même. Enfin, sur le plan de la résistance, je voudrais vous rassurer : elle reste solide et déterminée et l’infiltration n’est pas du tout de l’ampleur que le disent certains médias et certaines rumeurs. Le moujahid qui a donné sa vie pour la résistance et pour sa cause continuera à nous inspirer pour apporter des victoires et avec l’aide de Dieu, l’avenir sera pour nous plein de victoires.
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