Témoignage de Sayed Nasrallah en faveur de l’Imam Khameneï: Un grand leader qui possède une vision stratégique
Discours du secrétaire général du Hezbollah dans le cadre d’un séminaire sur l’esprit innovateur de l’imam Khaménéi
Messieurs les ulémas et les députés, chers frères et sœurs, je suis honoré d’intervenir dans ce séminaire, que je considère comme une initiative fondatrice dans son domaine. C’est en effet la première fois qu’un séminaire sur la pensée de l’imam Khaménéi se tient hors d’Iran. Je voudrais donc commencer par remercier les organisateurs, ainsi que tous les participants, notamment ceux qui sont venus de l’étranger.
Ma connaissance personnelle de l’imam Khaménéi remonte à 1986. J’ai eu l’occasion de le rencontrer à plusieurs reprises et j’ai pu connaître une grande partie de ses idées, de sa façon d’analyser les événements et ses méthodes d’approche et de prise des décisions, sans parler de ses innombrables qualités morales, notamment la modestie, la vie simple, l’ouverture et la bonté. J’ai lu la plupart de ses livres et je peux dire sans exagérer que j’ai suivi la plupart de ses écrits, de ses discours et de ses démarches depuis qu’il a pris les commandes de la République islamique après la mort de l’imam Khomeiny. Je dis cela pour montrer que je donnerai un témoignage de connaisseur ayant aussi suivi toutes ses opinions et ses études en matière de Fikeh, dont certaines ont été enregistrées dans les ouvrages de référence et ayant consulté de nombreux proches et spécialistes en matière de Fikeh. Après tout cela et après avoir suivi tout son parcours depuis sa désignation comme successeur de l’imam Khomeiny, je peux dire que nous nous trouvons face à une personnalité extraordinaire dans les commandes et la bonne gouvernance. C’est aussi un imam d’une extraordinaire piété et d’un immense détachement, d’un haut niveau en matière de jurisprudence, soucieux des grandes choses tout autant que des détails et doté d’une vision globale, profonde et solide basée sur les principes suivants :
Les fondements spirituels et pratiques véritables, la connaissance des besoins et des problèmes contemporains, la connaissance des capacités humaines et matérielles de notre oumma et la connaissance des solutions convenables en harmonie avec les bases et les fondements islamiques.
C’est pourquoi nous le voyons aborder tous les développements et les événements à la fois avec une vision globale et en connaisseur des détails. Il s’adapte à ses interlocuteurs, connaît leurs problèmes et utilise un langage qui leur est accessible. Je voudrais donner ici quelques exemples : lorsqu’il s’adresse aux ulémas et aux professeurs des écoles religieuses, il évoque les programmes et les moyens de les moderniser tout en restant fidèle aux fondamentaux, lorsqu’il s’adresse aux professeurs et aux étudiants dans les universités ; il revêt le rôle du grand professeur universitaire, lorsqu’il s’adresse aux organisations féminines, il parle de la présence de la femme et de son rôle au sein de la société. Même chose avec les scientifiques, avec artistes poètes et autres, avec les spécialistes de l’environnement, avec les ingénieurs, les médecins, les agriculteurs, les paysans….J’ai même découvert par hasard, car j’étais présent à une séance au cours de laquelle il prenait la parole, qu’il connaît les armes dans leur diversité ainsi que les différentes stratégies et les tactiques militaires.
En réalité, nous sommes devant une personnalité exceptionnelle dont peu de personnes connaissent tous les aspects. Nous constatons ainsi combien cet imam exceptionnel est méconnu et injustement traité, même au sein de la oumma et en Iran. Pourtant, ses qualités les plus visibles sont sa capacité de mener la oumma et son sens politique rare depuis la prise en charge de ses responsabilités à la tête de la oumma il y a vingt deux ans. On voit ainsi que ce guide extraordinaire est encerclé par ses ennemis qui ne veulent pas laisser ses talents illuminer autour de lui, alors que ses amis ne lui font pas justice.
Notre responsabilité est donc de le faire connaître à l’ensemble de la oumma pour que tout le monde puisse bénéficier de ses connaissances, de sa sagesse et de ses qualités. C’est pourquoi ce séminaire est de la plus haute importance.
Je voudrais mettre ici l’accent sur certains aspects de sa personnalité de leader et de son sens politique à travers certaines étapes et certaines expériences directes qui montrent la profondeur et la justesse de sa vision, ainsi que sa sagesse, son courage et la solidité de ses convictions. Je me contenterai de quelques exemples faute de temps et en tenant compte des sensibilités politiques libanaises et régionales. J’ai choisi des exemples concernant notre région, le Moyen Orient. Mais lorsqu’un penseur iranien fait preuve de tant de justesse et de perspicacité dans sa compréhension des événements de notre région, il faut le relever car c’est rare, d’autant qu’il ne vit pas sur la scène des événements.
Je commence par la conférence de Madrid en 1991. Forts de leur victoire à la tête d’une importante coalition internationale dans le cadre de l’opération « Tempête du Désert », qui a modifié les équilibres politiques dans la région, les Américains ont convoqué cette conférence. Ils étaient alors devenus la première puissance mondiale. C’était la première fois que des délégations de tous les pays arabes (dont le Liban et la Syrie) s’asseyaient à la table pour étudier « une paix dire globale et juste » qui ressemblait plus à un accord imposé. Un climat quasi unanime a régné dans notre région sur l’imminence d’un compromis, les Américains étant déterminés à imposer les conditions à toutes les parties concernées. Je me souviens qu’à cette même période, l’imam Khaménéi était d’un avis contraire à tout ce climat. Il avait dit alors que le compromis n’aura pas lieu et que les Américains ne sont pas en mesure d’imposer leur solution aux peuples et aux gouvernants de la région. Comme vous pourrez le constater dans tous les exemples que je vais citer, ce sera la même chose, l’imam Khaménéi aura un avis différent de tout le monde, qui s’avèrera le plus juste. Vingt ans plus tard, le compromis n’a pas eu lieu et même ceux qui ont mené des négociations pendant de longues années parlent de deux décades de déceptions, de temps perdu et de désillusions dans ce qu’on appelle les négociations de paix.
En 1996 aussi, tout le monde croyait qu’un compromis avec Israël était imminent et que les négociations avec Itzhac Rabin étaient sur le point d’aboutir, ce dernier ayant accepté de revenir à la ligne du 4 juin 67… c’est là qu’on avait parlé « du testament de Rabin ».A cette époque, tout le monde parlait de la solution en Syrie, en Palestine, en Jordanie, en Egypte et au Liban et on ajoutait qu’elle était d’autant plus proche que l’accord d’Osolo avait été signé en 1993 et que les Palestiniens poursuivaient un processus de négociations depuis. L’Egypte était donc finie depuis l’accord de Camp David, la Jordanie avait signé l’accord de Wadi Araba et il ne restait plus que le Liban et la Syrie, cette dernière étant toutefois sur le point de signer à son tour avec les dispositions de Rabin. De nombreuses parties nous pressaient alors d’abandonner la résistance sous prétexte qu’il n’était plus nécessaire de verser notre sang puisque le compromis est sur le point d’être conclu et que la résistance était dans un mouvement ascendant depuis les arrangements d’avril. Pour ceux-là, nous devions commencer à voir ce que nous allions faire de nos armes. A cette époque, toute mauvaise perception des développements pourrait avoir des conséquences désastreuses, surtout pour un mouvement de résistance qui ne pourrait peut-être plus reprendre son élan. Face à toute cette unanimité au Liban dans la région et même en Iran, une seule opinion discordante, celle de l’imam Khaménéi. Il nous avait au contraire conseillé de poursuivre la résistance, car selon lui, il n’y aura pas d’accord entre Israël et la Syrie. Il nous conseillé de poursuivre notre action et de ne pas prêter l’oreille à ceux qui vous disent de laisser tomber et que la solution est proche. Deux ou trois semaines après cet entretien, un extrémiste sioniste(ils le sont tous d’ailleurs) a assassiné Rabin, alors qu’il prononçait un discours et Shimon Pérès l’a remplacé. A ce moment, le Hamas et le Jihad islamique avaient reçu des coups terribles au point que certains pensaient que la résistance palestinienne était condamnée à ne pas pouvoir mener des opérations. Il y a eu pourtant des opérations à Tel Aviv et à Jérusalem qui ont secoué l’entité sioniste, ainsi qu’un réchauffement au Sud Liban. Le sommet de Sharm el Cheikh, qui a regroupé tous les leaders du monde à la rescousse d’Israël s’est alors tenu a tenté d’encercler les résistants, notamment le Hamas, le Jihad islamique et le Hezbollah, qualifiés de terroristes. De violentes menaces ont été proférées contre nous et ce fut l’attaque dite des « Raisins de la colère » en avril 1996. Pérès a échoué aux élections et c’est Netanyahu qui l’a remplacé, ramenant les négociations au carré de départ. Comment l’imam Khaménéi avait-il pressentir ce qui allait se passer, alors que tout le monde croyait la solution imminente ? C’est cela sa grandeur.
Dans le troisième témoignage, l’imam Khamanéi a montré qu’il ne doute pas de la victoire de la résistance. Mais avant 2000, il ne donnait pas de référence dans le temps, se contentant d’évoquer le principe de la victoire. Il disait que ce principe était basé sur sa compréhension des propos du tout Puissant : si vous aidez le Ciel, il vous aidera. C’était la première fois que j’entendais quelqu’un qui disait : Dieu plaisante-t-il ? Sûrement pas. Cette résistance est en train d’aider le Tout Puissant et il lui donnera forcément la victoire. Il voyait qu’après 1996, l’Israélien est plongé dans la vase et les sables mouvants. Il ne peut plus avancer et envahir le Liban, ni reculer, ni rester à sa place. Il fallait donc attendre ce qu’il allait faire, mais, selon lui, la suite dépendrait de l’action de la résistance. En 1999, il y a eu des élections en Israël qui opposaient essentiellement Netanyahu à Ehud Barak. Tous deux avaient promis de retirer leurs troupes du Liban en cas de victoire. Barak avait même fixé une date à ce retrait le 7 juillet 2000. Le climat général en Syrie et au Liban tendait à dire qu’il ne compte pas exécuter cette promesse, le moment venu. Barak a tenté d’obtenir du Liban des garanties, des arrangements de sécurité ou un accord même minimal. Il a demandé l’aide des Américains et des Européens à cet égard. Mais il n’a rien obtenu. Nous pensions, qu’à cause du refus officiel libanais, Barak renoncerait à retirer ses troupes à la date prévue, en disant à ses électeurs : j’ai voulu tenu parole, mais n’ayant rien obtenu en contrepartie, je me vois dans l’obligation de reporter le retrait. Je ne vous cache pas que nous, au sein du Hezbollah, nous partagions ce point de vue. Mais au cours d’un entretien avec l’imam Khaménéi, il nous a surpris en exposant une opinion tout à fait contraire. Il nous a dit que la victoire était bien plus proche que nous le pensions et que nous verrions cela de nos propres yeux. Même les informations en provenance de partout contredisaient cette opinion. L’imam Khaménéi nous a demandé de nous préparer à cette éventualité et de commencer à voir comment nous nous comporterions lorsque l’ennemi se sera retiré du Sud, dès notre retour au Liban. Nous étions partis en Iran avec une vision, nous en étions rentrés avec une autre tout à fait différente de la première. Nous avons suivi son conseil et c’est pourquoi nous étions prêts au retrait israélien inconditionnel de 2000. Le 25 mai, nous étions bien préparer à agir après le retrait avec les anciens collaborateurs et avec la bande frontalière libérée.
Même scénario au cours de la guerre de 2006, qui était en fait une guerre mondiale au niveau de la décision et des appuis et israélienne dans l’exécution. Le titre de cette guerre était de mettre la résistance à genoux. Tout le monde a vu avec quelle violence et quelle barbarie l’ennemi israélien a attaqué le Liban au cours des premiers jours, au point que toute idée de combattre une telle puissance et une décision aussi importante prise par tant de pays était de la pure folie, d’autant que la résistance avait des moyens limités et le Liban est un petit pays. Mais un ami m’a remis un message oral de la part de l’imam Khaménéi, dont je citerai quelques phrases en harmonie avec notre propos aujourd’hui. J’étais dans la banlieue sud et les immeubles s’effondraient autour de nous. Dans ce message oral, l’imam nous conseillait de poursuivre la lutte, comparant cette guerre à celle qui avait opposé Koreiche avec tous ses moyens au Prophète et à ses fidèles. Koreiche avait pris la décision d’éliminer tout ce groupe croyant. L’imam nous avait assuré que nous en sortirions victorieux et après cette victoire, nous deviendrions une force que nulle autre ne pourrait affronter.
Mon avant dernier témoignage se situe en 2001. Après les attaques du 11 septembre, et l’ invasion américaine d’Afghanistan, ainsi que la menace d’envahir l’Irak, les milieux politiques croyaient que le monde était entré dans une phase américaine et que les Etats-Unis allaient régner sur le monde pour cent ou deux cents ans en comparant cette période à celle des Croisades. J’effectuais une visite en Iran à cette période. Je vous parle de ce pays, alors que les Américains envahissaient l’Afghanistan tout proche et se préparaient à en faire de même en Irak, à sa propre frontière. Il se voyait quasiment encerclé. L’imam Khamanéi je le répète n’est pas un expert stratégique ou militaire, ni un chercheur politique. Je vous parle d’un chef qui, à la lumière de sa vision prend une décision qui ira à l’encontre de tout ce que pense le monde entier. A cette époque, la plupart des gouvernants dans le monde essayaient de trouver les moyens d’améliorer leurs relations avec les Etats-Unis. Même en Iran, certaines parties disaient qu’il fallait chercher un compromis avec les Etats-Unis. (Je ne l’aurais pas dit s’il n’en avait pas parlé lui-même au cours d’une de ses prêches pendant le Ramadan). Je lui avais posé la question et il m’avait répondu : il y a un climat d’appréhension autour de nous. Nous sommes nous-mêmes inquiets. Mais dis aux Frères de ne pas s’en faire. Les Etats-Unis ont atteint l’apogée de leur puissance et ils sont désormais dans une courbe descendante. Lorsque les Américains estiment qu’ils doivent venir eux-mêmes dans la région, c’est le début de la fin de leur projet dans la région, car c’est un signe de faiblesse. Ce que je dis est fondé sur des données et une lecture précise. Je lui ai demandé comment il pouvait en être aussi sûr alors qu’aucun indice ne va dans ce sens. Il a répondu : lorsque les Américains ne peuvent plus préserver leurs intérêts par le biais des régimes qui leur sont acquis et doivent rassembler leurs propres forces dans le monde pour venir eux-mêmes sur place, c’est un signe d’impuissance et de méconnaissance des populations de la région qui refusent le mandat et l’hégémonie et appartiennent à une culture jihadiste et de résistance. En venant ici les Américains vont s’enliser dans des sables mouvants dont ils ne sauront plus comment sortir. Ce qui se passe est donc la source d’un grand espoir de la libération de l’oumma de ceux qui exercent leur hégémonie sur elle. Il nous a ensuite conseillé d’agir en tenant compte de cette hypothèse.
Je voudrais rappeler ici qu’au cours de la dernière décennie, notre oumma a affronté une guerre sans doute la plus dangereuse de son histoire. Tous les moyens militaires, sécuritaires, financiers, médiatiques, idéologiques, psychologiques et économiques ont été mis à contribution. Ils sont venus pour contrôler notre région et mettre fin au phénomène de la résistance. C’était le projet clair de l’ancien président George W Bush, qui voulait établir un Nouveau Moyen Orient. L’imam Khaménéi était le chef de la confrontation dans cette période extrêmement difficile. Il lui a fallu beaucoup de sagesse, de vision, de conviction et d’intelligence pour faire face à une telle invasion.
J’en arrive à mon dernier témoignage : Israël.
L’imam Khaménéi estime qu’Israël se dirige vers la disparition dans un avenir qui n’est pas très lointain. Il l’a dit en public et le dit en privé. Il est convaincu que toute tentative de compromis n’aboutira à aucun résultat concret. En dépit de toutes les tentatives de les briser, les Palestiniens, surtout les jeunes générations, sont déterminés à poursuivre la lutte et sont poussés par un grand espoir et un élan immense pour retourner sur leur terre, soixante ans après en avoir été chassés. Ce que l’imam dit sur Israël, nous pouvons le comprendre aisément si nous regardons le recul du projet américain dans la région, des développements en faveur de la résistance et la détermination des jeunes Palestiniens, alors que les leaders historiques en Israël ont disparu et que la classe politique est faible. Sio nous revoyons la guerre de Gaza et celle de juillet 2006, nous pouvons dire comme « qu’Israël » est sur le point de disparaître dans un proche avenir si Dieu le veut.
Cette justesse dans la vision repose sur la clarté des fondamentaux chez l’imam Khaménéi. Sur sa pensée politique, mais aussi sur son courage. Car on peut voir juste et être faible et peureux et aller vers les concessions. Pas l’imam, qui est à la fois un visionnaire et un chef.
En conclusion, à la séance d’ouverture de ce séminaire, je ne peux que m’incliner devant le courage des jeunes palestiniens et syriens tombés dimanche en tentant de se rendre dans le Golan occupé. Ils ont affronté les soldats israéliens avec un courage inouï et ils ont montré que les Etats-Unis qui nous parlent de droits de l’homme et es libertés et n’ont pas eu un mot pour eux, ne songent en fait qu’à confisquer les révolutions arabes et à tromper les cerveaux arabes, pour protéger l’entité sioniste. Les Etats-Unis ont même été jusqu’à qualifier les tirs israéliens contre les jeunes désarmés d’exercice du droit de légitime défense. C’est cela l’Amérique qui nous parle des droits de l’homme, de dignité et de liberté et qui ne songe qu’aux intérêts des sionistes. Ce qui s’est passé dimanche est un nouvel exemple de la conscience du droit chez les jeunes palestiniens et syriens, ce droit confirmé par l’imam Khomeiny et après lui par l’imam Khaménéi . Ce que j’ai dit au sujet de l’imam est une petite facette de sa riche personnalité et de ce qu’on connaît de lui. Je souhaite le succès à votre séminaire.
Traduction: Soraya Hélou
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