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Sayed Nasrallah: les discours de Netanyahou et d’Obama montrent la place de la Résistance dans l’équation régionale

Sayed Nasrallah: les discours de Netanyahou et d’Obama montrent la place de la Résistance dans l’équation régionale
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Discours du secrétaire général du Hezbollah le 25 mai 2011

Je vous souhaite la bienvenue à tous et j’espère que vous considèrerez votre présence sous le soleil comme une contribution aux efforts des moujahidins de la résistance qui ont eux, passé près de trente ans sous le soleil.

Je voudrais commencer par vous présenter mes vœux à vous et à toute la oumma arabe pour la fête de la libération qui coïncide cette année avec la naissance de la Dame des Dames Fatima al Zahra.

Nous avons choisi de célébrer cette fête cette année à Nabi Shit, près de notre chef, de notre maître et du chef de nos martyrs, sayed Abbas Moussawi. Par ce choix, nous voulons confirmer la participation de la Békaa et de ses fils à la libération et à la défense du Liban, une participation qui continue aujourd’hui encore. Cette localité a d’ailleurs été l’une des premières dans la Békaa à accueillir et à protéger la résistance depuis l’époque de l’imam  Moussa Sadr.

Cette localité a servi de berceau et de refuge aux moujahidins fuyant la zone occupée et servait de lien entre les premiers camps d’entraînement à Janta et Yahfoufa, les scènes d’affrontement et la banlieue sud pendant l’occupation. Cette localité continue à avoir son rôle près de la tombe du chef sayed Abbas Moussawi.

Chers frères et sœurs,
Dans ce lieu, sayed Abbas a rejoint la première session d’entraînement et l’air est encore imprégné de cet engagement, tout comme chaque chemin, chaque vallée et chaque colline gardent le souvenir des sacrifices des moujahidins et de tous ceux tombés sous les bombes lancées par les avions israéliens, au cours des entraînements et des opérations de résistance. Cette terre est pleine de souvenirs qu’il faut évoquer chaque jour et non seulement une fois par an.

Je vais essayer d’être bref car il y a trop de sujets à évoquer et cela fait un bout de temps que je ne me suis pas adressé à vous. 
Je vais donc parler de la Palestine, de la situation en Syrie que j’évoquerai pour la première fois, ainsi que des discours qui montrent une fois de plus l’arrogance et l’impérialisme du président américain Barak Obama et ceux de Netanyahu avant de revenir à la situation libanaise.
Je commence donc par la célébration d’aujourd’hui, que nous tenons à célébrer chaque année, convaincus qu’elle n’est pas celle d’une région ou d’une confession, mais celle de tous les Libanais et elle devrait être une fête pour le peuple palestinien et l’ensemble de la oumma arabo-musulmane.

Nous rappelons que la fête du 25 mai 2000 est le fruit de tous les sacrifices consentis depuis 1948 par tous ceux qui sont tombés en martyrs, qui ont été blessés déplacés, mutilés, privés des leurs et de leurs biens. Bref, il s’agit d’une fête nationale par essence. Si nous parvenons à en faire une grande fête pour la oumma, tout le monde saura l’ampleur de la réalisation accomplie ce jour-là, loin des rancoeurs, des considérations étroites et des petites susceptibilités. Il s’agit d’une victoire nationale dans tous les sens du terme.
Si nous insistons pour célébrer cette fête chaque année, c’est d’abord en raison de son symbolisme permanent, ensuite à cause de son importance et enfin parce qu’elle a constitué un tournant dans la vie libanaise. Le 25 mai 2000 a changé la situation au Liban et dans la région. C’est donc une nécessité stratégique, politique et morale  de célébrer cette fête chaque année.
Notre oumma qui a le souvenir de la nakba et dans quelques jours celui de la naksa a besoin de victoires à célébrer pour se débarrasser des séquelles psychologiques, politiques et militaires des défaites du passé et pour les effacer de sa mémoire.


Aujourd’hui, en écoutant les discours d’Obama devant les juifs américains et l’Aipac (le lieu et l’auditoire ont leur importance), nous sommes plus que jamais convaincus de la justesse de notre choix depuis le début. Les trois dernières décennies, en tout cas depuis 1982, ont montré que le seul choix fructueux, utile et réaliste est celui de la résistance populaire armée, alors que le choix absurde, illogique, fou et qui n’aboutit qu’au désespoir, à l’humiliation, à la dépression et pousse à la mendicité devant les portes internationales est celui de la négociation.

Si nous avions attendu en 1982 une unanimité interne et arabe ou si nous avions attendu l’adoption d’une stratégie unifiée et une action commune de l’Onu, des Etats-Unis et de l’occident, notre terre serait occupée aujourd’hui encore, Israël occuperait aussi Baalbeck et la Békaa alors que les colonies israéliennes auraient été construites au Sud du Litani et le Liban ne serait plus qu’un nouvel Israël dans le flanc de la Syrie et dans celui de toute la oumma arabe, des milliers de Libanais seraient déplacés dans leur pays etc… Grâce à ses sacrifices, sa patience, ses souffrances, ses martyrs et son combat, la résistance a éloigné tous ces résultats possibles. Elle nous a redonné notre terre et notre dignité, sans la moindre contrepartie, tout comme elle a imposé une nouvelle équation dans le conflit israélo-arabe sur le plan régional. Revenons un peu en arrière, car certains Libanais ne mesurent pas l’importance de ce qui s’est passé en 2000. La droite israélienne par la voix d’Ishac Shamir avait déclaré : Israël après le retrait du Liban ne sera pas le même que l’Israël d’avant ce retrait.  Shamir a ajouté : Si ben Gourion devait revenir à la vie et s’il devait regarder Israël, il dirait que la stratégie sur laquelle est né cet Etat s’est effondrée. Quelle est donc cette stratégie ? Celle de la supériorité morale d’Israël sur les Arabes. Les arabes croient qu’Israël est le plus fort et son armée invincible. Ben Gourion disait aussi que le soldat arabe doit être convaincu que face à un soldat israélien, il n’a qu’un choix, la fuite. Or, en 200, celui qui a fui c’est le soldat israélien, celle qui est tombée c’est l’armée israélienne dite invincible. En 2000, l’équation s’est inversée et cela grâce à la résistance.

Même Netanyahu a déclaré dans une conférence donnée en 2007 : le chemin historique de l’Etat d’Israël s’est renversé à partir du retrait du Liban en 2000 et avec le retrait israélien de Gaza puis la guerre de 2006. Israël n’est plus invincible aux yeux des Arabes et l’existence-même de cet Etat est remise en question, non plus seulement par ses ennemis mais aussi par ses amis. Hier encore, devant le Congress américain, j’ai vu dans les yeux de Netanyahu la peur en parlant des missiles du Liban et de gaza et en parlant de l’Iran et de la Syrie, même s’il cherchait aussi à se présenter comme la victime.
En tout état de cause, nous devons constamment améliorer nos choix et nos moyens, au Liban et dans la région, puisque l’occupation persiste, ainsi que la menace.


C’est par là que je commence mes propos sur le sujet palestinien.
Après avoir écouté les discours d’Obama et de Netanyahu, une question se pose : qu’ont-ils laissé comme choix aux palestiniens, autorité, peuple et  organisations ?
Devant l’association sioniste Aipac, Obama a réaffirmé son engament ferme aux côtés d’Israël et en faveur de sa supériorité sur tous les autres Etats de la région. Ce président que nous considérons comme modéré et que nous appelons Barak Hussein a placé la coopération entre Israël et les Etats-Unis sur un niveau jamais atteint auparavant. Nous avons bon cœur et nous sommes attendris par sa couleur de peau. Mais il faut savoir qu’Obama a, en deux ans, refusé la déclaration unilatérale de l’Etat palestinien, ainsi que la réconciliation entre l’Autorité palestinienne et le Hamas, car il veut maintenir la discorde entre les Palestiniens et au sein de tous les pays arabes. Il a levé le niveau de coopération entre Israël et les Etats-Unis et il a parlé d’un Etat palestinien désarmé et mutilé sur les frontières de 67 mais il n’a pas tenu deux jours avant de revenir sur cette dernière idée. Le président des Etats-Unis a multiplié les explications, les excuses et les clarifications pour faire comprendre à l’Aipac ce qu’il a voulu dire en évoquant les frontières de 67.

Netanyahu lui, a pris la parole devant le Congress américain et ce qu’a déclaré la presse est vrai : il y a eu plus d’applaudissements que de paroles. Autrement dit, chaque phrase de Netanyahu a été accueillie par un tonnerre d’applaudissements debout (des standings ovations). Cela signifie que toutes les thèses de Netanyahu font l’objet d’une approbation unanime, chez les Républicains aussi bien que chez les Démocrates américains. Alors les dirigeants arabes qui disent à leurs peuples qu’il y a une différence entre les Démocrates et les Républicains se moquent d’eux. Hier, toute l’Amérique s’appelait Netanyahu. Qu’a donc dit ce dernier ? « Jérusalem est la capitale éternelle d’Israël, les réfugiés doivent chercher une solution à leur problème en dehors des frontières (Le Liban est particulièrement concerné par ce point), l’Etat d’Israël est un Etat pour les Juifs, Israël doit maintenir une présence militaire sur le Jourdain, les principales colonies israéliennes en Cisjordanie seront rattachées à l’Etat d’Israël, l’Etat palestinien doit être sans armes et il n’y a aucun retour aux frontières de 67. Il a aussi demandé à Mahmoud Abbas de déchirer l’accord conclu avec le Hamas puis de revenir aux négociations. Mais que peut encore négocier le Palestinien ? Tout est déjà joué. Le plus cynique est qu’avec cela, Netanyahu promet qu’il sera généreux dans les concessions « douloureuses » qu’il fera au négociateur palestinien. C’est malheureux à dire mais c’est comme cela que nos ennemis traitent notre oumma…


Les Américains et les Israéliens ont ainsi défini leur position et leur vision de la solution et sur cette base, ils ont classé les amis et les ennemis. En faisant de telles  déclarations, ils ont porté un coup fatal à l’initiative arabe de paix. Quelle est donc la position de la Ligue arabe à ce sujet ? N’est-il pas temps de retirer cette fameuse initiative ?  Au cours du sommet du Koweit, le roi Abdallah avait déclaré que nous ne pourrons pas garder longtemps encore cette initiative sur la table des négociations. Le temps n’est-il donc pas venu de la retirer ? En votre nom, je demande à la Ligue arabe de répondre aux discours d’Obama et de Netanyahu en retirant cette initiative. C’est la réponse minimale et la réponse maximale serait de devenir une oumma qui sache affirmer ses refus, selon les termes de Netanyhau, lequel a été vaincu en 200à, à Gaza et en 2006, qui a peur des transformations arabes. Malgré tout, il a le courage de dire : non au retour de Jérusalem aux Arabes, non au retour des réfugiés et non au retour aux frontières de 67. Nous devrions à notre tour avoir le courage de dire : non à la négociation, non à l’existence de l’Etat d’Israël, non à l’occupation de Jérusalem, oui à la résistance. Une oumma et des gouvernements qui n’adoptent pas cette attitude sont déjà morts. Quel choix reste-t-il aujourd’hui aux Palestiniens ? Y a-t-il encore des Palestiniens qui croient pouvoir obtenir quelque chose de l’administration américaine, du Conseil de sécurité ou de l’Onu ?

En ce 25 mai, je vous le dis, les Palestiniens n’ont d’autre choix que la résistance, pour aboutir à la libération de leur territoire. Je vous appelle d’abord à l’unité et j’appelle aussi la oumma arabe à vous entourer et à appuyer le choix de la résistance par tous les moyens, car la menace n’est pas seulement contre la Palestine, mais contre toute la région.

Avant d’entrer dans le détail de ce qui se passe dans la région, je voudrais démentir certaines rumeurs véhiculées par des médias arabes et étrangers et lancées par l’Otan, qui a annoncé que les combattants du Hezbollah et d’al Qaëda sont présents à Benghazi et dans l’est de la Libye.
Le gouvernement de Kadhafi a dit de son côté qu’il y avait des francs tireurs (attention des francs tireurs, non des combattants ordinaires) du Hezbollah à Misrata la ville où il y a encore des affrontements.
Tout cela est faux.


Il y a deux ans, lors des troubles en Iran et alors que l’opposition là bas est en partie menée par les Moujahidi Khalq- eux-mêmes liés à Israël-, des médias ont annoncé que 1500 combattants du Hezbollah avait été envoyés sur place pour réprimer les manifestations. L’Iran est un grand Etat qui fait peur aux Etats-Unis et à Israël et pour régler leur compte à quelques manifestants, il doit faire appel au Hezbollah... Si le mensonge est trop gros, il finit par être découvert.
Il y a d’ailleurs des précédents. Au cours de ce qu’on appelle la sixième guerre du régime yéménite contre les Houthis, on avait dit que le Hezbollah combattait aux côtés de ces derniers et qu’il avait même 50 martyrs dont il ne savait pas comment annoncer la mort à leurs proches. Nous sympathisons certes avec les Houthis qui sont à nos yeux injustement traités, mais nous ne sommes pas battus à leurs côtés. De plus, comment pourrions-nous cacher un mort au Liban que serait-ce alors pour 50 ?
Nous en arrivons à la Syrie. Dans les premiers jours des émeutes, sur la chaîne Al Arabiya (Je suis obligé de nommer) un homme est apparu pour accuser le Hezbollah d’avoir envoyer 2000 combattants à Damas pour aider le régime syrien. Il nous a même adressé des menaces : Si vous ne les retirez pas, nous vous les renverrons dans des linceuls. C’est bien  entendu faux et le responsable des relations avec la presse au sein du Hezbollah a fait un démenti officiel sur Al Arabiya. Le démenti a été diffusé une seule fois, alors que les accusations ont été diffusées en boucle pendant au moins 24H. Ces derniers jours, des informations circulent dans un même cercle vicieux : une chaîne de télé qui reprend un quotidien, lequel reprend un site internet ( je voudrais citer ici en particulier le site des forces libanaises, non pour lui faire de la publicité mais pour donner un exemple concret) et qui dit que des francs tireurs du Hezbollah se trouvent à Homs et il y aurait dix morts du Hezbollah à Homs.


Heureusement qu’à Bahrein, il n’y a pas d’actes militaires de l’opposition pour qu’on en accuse le Hezbollah. Le peuple de Bahrein poursuit son opposition pacifique, en dépit de la destruction des mosquées, des arrestations et des perquisitions…je tiens donc à démentir toutes ces informations et à dire à tous ces menteurs qui travaillent pour le compte de Jeffrey Feltman, Hillary Clinton et Barak Obama et avec leur argent que leurs sources ne proviennent certainement pas du terrain qu’ils sont censés couvrir.
Je dis à tous ceux-là que nous ne sommes pas concernés pour intervenir militairement dans aucun pays que ce soit. Et si cela devait arriver, nous avons le courage de dire où nous nous battons et où nous mourrons  et dans quel but, mais nous ne nous battrons jamais en secret en cherchant à cacher par honte notre présence.

J’aborde maintenant la situation dans les pays arabes.
Au sein du Hezbollah, nous avons adopté des positions claires aux côtés des révolutions en Tunisie, en Egypte, au Yémen, en Libye et à Bahrein. Nous avons même organisé un rassemblement pour exprimer notre appui.

Je voudrais préciser que notre approche est double pour ce qui concerne les scènes arabes.
Notre premier critère est la position du régime par rapport au conflit israélo-arabe. Or, la Tunisie, l’Egypte , la Libye, le Yémen et Bahrein avaient des positions connues à ce sujet, notamment le régime égyptien.
Le second critère est basé sur la possibilité ou non pour le régime en place de procéder à des réformes internes. C’est sur la base de ces critères que nous adoptons nos positions. Ils sont clairs et nous n’avons pas deux poids deux mesures. Deux révolutions sont en voie de réussir et ont déjà accompli un grand chemin en Tunisie et en Egypte. Dans d’autres pays, comme la Libye, le Yémen et Bahrein, la situation est difficile. Bien entendu, les populations de ces pays savent mieux que quiconque comment aborder leurs problèmes, mais nous avons une position générale de principe qui repose sur une volonté d’harmonie entre les régimes et leurs populations. Nous souhaitons que les régimes arabes tiennent compte des problèmes de leurs populations et cherchent à les régler tout comme nous souhaitons que les pays arabes connaissent la stabilité et le développement internes. Notre grand souhait est que les régimes arabes soient à la hauteur des ambitions de cette oumma au sujet de la cause centrale, celle de la Palestine.

Mais dans la situation arabe actuelle, nous estimons de notre devoir d’appeler à la vigilance et à la méfiance. Car les Etats-Unis et Israël cherchent à confisquer les révolutions arabes par les mots doucereux et par l’argent. Qu’est-ce que 2 milliards de dollars ? Un homme d’affaires du Golfe m’a raconté que les riches d’un seul pays du golfe ont des dépôts de 3300 milliards de dollars dans les banques américaines. Les américains exploitent ces fonds et demain, à la moindre secousse dans ce pays, Obama décidera de geler les fonds et de se les approprier. Qu’est-ce donc que 2 milliards de dollars ? C’est pourtant avec cette somme et un peu plus par ci par là que l’on cherche à acheter l’Egypte, « mère du monde »…

On ne peut qu’éprouver de la honte et du dégoût en voyant le tueur d’enfants qu’est Netanyahu parler des jeunes et des révolutions arabes. Il insulte ainsi toute la oumma et ses régimes.

Si le président iranien Ahmadinajad avait dit un seul mot sur les régimes arabes, tous les médias arabes, la Ligue arabe auraient poussé les hauts cris, dénonçant « une invasion iranienne du monde arabe ».
Hier, pourtant, devant les représentants du Congress américain, Netanyahu a insulté tous les dirigeants et les jeunes du monde arabe, lorsqu’il a dit que 300 millions d’arabes vivent dans l’oppression, privés de dignité et de liberté, alors que le million d’arabes dans ce qu’il appelle Israël bénéficient de la démocratie et du respect.
Si les autres arabes ne veulent pas lui répondre, cela les regarde. Mais nous lui disons qu’au Liban, nous sommes des hommes libres, nous avons conquis notre liberté avec le sang de nos martyrs. Et nous sommes une partie intégrante du monde arabe.
Les Etats-Unis veulent aujourd’hui confisquer les révolutions arabes. Ceux qui les mènent doivent rester vigilants et ne pas croire les promesses américaines. Ils doivent savoir que seuls ses intérêts comptent pour l’Amérique.


Si Obama était sincère dans son respect de la volonté des peuples, qu’il se pose d’abord la question : que veulent aujourd’hui les Irakiens ?Que les américains s’en aillent. Or, lui souhaite garder ses hommes en donnant à l’occupation des qualificatifs civilisés : il veut que son ambassade à Bagdad compte 7000 hommes avec 12000 soldats pour la protéger. Il veut aussi un consulat dans chaque mohafazat protégé par mille soldats. Autrement dit, il veut garder 50000 hommes en Irak sous couvert d’ambassade et de consulats.  S’il veut respecter la volonté des Irakiens, il doit en retirer se s troupes. Même chose en Afghanistan. Et en Palestine, ne veut-il pas respecter la volonté du peuple palestinien ? Cela suffit de mentir et de chercher à tromper tout le monde. Les Américains savent parfaitement ce que pensent d’eux les opinions publiques arabes.

En conclusion de ce paragraphe, je voudrais dire aux peuples arabes, ne vous laissez pas tromper par les Américains, si vous voulez vous jeter dans leurs bars, restez donc où vous êtes. Ne les laissez pas vous détourner de vos objectifs.

Je voudrais maintenant parler de notre position par rapport à la Syrie. Je vais le faire avec beaucoup de franchise car la situation exige une position responsable et claire.
Notre position à l’égard de la Syrie est tributaire de plusieurs critères : le premier est qu’au Liban et nous au Hezbollah nous avons la plus grande estime pour les présidents Hafez et Bachar Assad ainsi que pour le peuple syrien qui subissent depuis des décennies les conséquences de leurs positions nationales et arabes. L’armée syrienne a eu des martyrs dans ce but.

Le second critère est que la Syrie a fortement contribué à préserver l’unité du Liban. La Syrie a arrêté la guerre civile au Liban et elle a appuyé la résistance contre Israël. Il y a eu ainsi le premier retrait israélien en 1985 d’une partie du Sud, de la Békaa et de la montagne, jusqu’au grand retrait de 2000 (exceptées les fermes de Chebaa et les collines de Kfarchouba). Nous ne pouvons pas non plus oublier la position de la Syrie pendant la guerre de 2006, ni comment les Syriens ont accueilli les réfugiés libanais pendant cette guerre. La Syrie, régime et peuple, nous a aidés. C’est pourquoi aujourd’hui, si nous sommes inquiets nous le sommes pour le régime et pour le peuple, nous le sommes en raison de ce qui se trame contre ce pays.
Personne ne nie le fait que la Syrie a commis des erreurs au Liban. Le président Assad l’a reconnu lui-même dans son discours devant le Parlement de son pays. Mais les réalisations de la Syrie au Liban sont plus importantes. Elles sont grandioses et d’une portée nationale pour la oumma.
Le second critère est la position de la Syrie par rapport à Israël et à la résistance palestinienne. La Syrie a résisté à toutes les pressions, depuis la Conférence de Madrid (1991) et à tous les appâts.
Le troisième critère est la position de la Syrie par au projet du Nouveau MO que le Liban a fait tomber par sa porte est mais que les Etats-Unis et Israël tentent aujourd’hui d’introduire par de nouvelles portes.
Nous nous trouvons donc devant un pays résistant, dans son régime, son commandement, son armée et son peuple.

Enfin, le quatrième critère est le fait que le commandement syrien est convaincu de la nécessité de procéder à des réformes, de combattre la corruption et de faire des ouvertures politiques. Je suis personnellement convaincu- et cette conviction est basée sur des conversations avec le président Assad lui-même- que celui-ci veut sincèrement procéder à de grandes réformes, mais dans le calme et avec le sens des responsabilités. En d’autres termes, le régime est prêt à évoluer. Il n’est pas fermé comme c’est le cas à Bahrein ou comme ca l’était en Egypte et en Tunisie. Le régime syrien annonce qu’il est prêt et convaincu des réformes et j’ajoute qu’il est sérieux et déterminé.
Le cinquième critère repose sur le fait que jusqu’à présent, toutes les données (je ne parle pas bien sûr des fausses informations véhiculées par les chaînes satellitaires arabes) montrent que la grande majorité du peuple syrien est avec son régime et mise sur la volonté et la capacité du président Bachar Assad à procéder à des réformes.
J’ajouterai encore que ce qui dicte notre position, c’est aussi le fait que la chute du régime syrien sert les intérêts des Américains et des Israéliens qui voudraient le remplacer par un régime qui ressemble aux autres régimes arabes, c’est-à-dire prêt à une reddition face à Israël.
Parmi les critères qui dictent notre position, je cite aussi le fait que les sorts du Liban et de la Syrie sont liés et ce qui se passe en Syrie a des conséquences sur le Liban. Enfin, je parlerai aussi des engagements du Liban envers la Syrie prévus dans l’accord de Taëf et ceux dictés par les intérêts communs aux deux pays.

Pour toutes ces raisons, nous disons clairement notre position (Les autres Libanais peuvent en être convaincus ou non, c’est leur affaire) : nous pensons que nous Libanais, nous devons être aux côtés de la sécurité et de la stabilité de la Syrie, régime, peuple et armée.  Deuxièmement, nous appelons les Syries à préserver leur pays et leur régime résistant. Nous leur demandons de donner une chance à leur régime de procéder aux réformes, et de coopérer avec lui en choisissant la voie du dialogue, au lieu de la confrontation. Troisièmement, nous n’intervenons pas dans les questions internes à la Syrie. Nous laissons les Syriens régler leurs problèmes seuls et ils en sont capables, à moins d’intervenir pour jouer un rôle positif. Dans ce cas pourquoi pas ? Cinquièmement, nous rejetons toutes sanctions concoctées par les Etats-Unis et l’Occident contre la Syrie et nous n’acceptons pas que le Liban soit un poignard planté dans le flanc de la Syrie. Le Liban ne devrait pas appliquer d’éventuelles sanctions contre la Syrie, même si c’était là l’un des objectifs de la dernière visite de Feltman à Beyrouth. Il faut une position claire à la fois populaire et officielle à ce sujet. Nous devons coopérer tous ensemble pour que la Syrie sorte renforcée de cette épreuve, car c’est dans l’intérêt du Liban, de la Syrie et de toute la oumma arabe.

J’en arrive maintenant à la situation libanaise.
Je vais commencer par les accusations d’Obama contre nous de faire des assassinats politiques et de placer des voitures piégées. Naturellement l’hostilité des Américains à l’égard du Hezbollah n’est pas nouvelle. Même si les précisions de la part d’Obama sont nouvelles. Le lieu et l’auditoire laissent croire qu’il voulait vendre cette position aux sionistes.
Le second point que je voudrais soulever est que les accusations d’Obama ne reposent sur aucune preuve. Troisièmement, il confirme nos propos sur la politisation de l’acte d’accusation du TSL. Les gens attendent que Fransen et Bellemare annoncent le contenu de l’acte d’accusation et Obama l’a fait, confirmant ainsi la crédibilité de nos soupçons sur le fait que cet acte s’inscrit dans le cadre d’un complot contre le Hezbollah et sur le fait que le TSL est une création israélo-américaine. L’Américain est ainsi le procureur, le juge et le bourreau. Mais inchallah il sera la première victime de ses actes. Quatrièmement, les Etats-Unis nous accusent de faire des attentats à la voiture piégée, alors qu’ils sont le pays qui a eu le plus recours à ce genre de procédé. Les livres, les documents et les informations sécuritaires confirment cela. Pour ne donner qu’un exemple, je voudrais rappeler qu’il est désormais de notoriété publique que c’est la CIA qui a placé une voiture piégée dans une rue passante à Bir el Abed le 8 mars 1985 dans le but de tuer feu sayed Mohammed Hussein Fadlallah faisant une centaine de morts parmi les civils pour la plupart des femmes et des enfants.
Lorsqu’un assassin nous accuse, cela n’a aucune importance. C’est lorsqu’un juste lance de telles accusations qu’il faut s’inquiéter. Mais les accusations de celui qui a tué des centaines de milliers d’Irakiens, autant d’Afghans et de Pakistanais, tout en participant à des tueries un peu partout dans le monde n’ont aucune valeur.

Par ailleurs, nous considérons que c’est un honneur pour nous qu’Obama nous ait accusés devant l’Aipac et Netanyahu devant le Congress américain. Certains sont heureux lorsque les Américains leur font des compliments, d’autres ont peur lorsqu’ils les critiquent. Nous autres, nous sommes fiers lorsque les responsables qui ont accompli le plus d’actes terroristes nous lancent des accusations. Cela signifie que nous avons du poids et que nous comptons dans l’équation locale et régionale. Voyez donc les choses sous l’angle positif, comme on dit au Liban, la moitié remplie du verre. C’est donc un honneur pour le Liban et pour le Hezbollah de faire parler de lui devant la Aipac et devant le Congress. Si le contraire s’était produit, si Obama et Netanyahu avaient fait notre éloge, nous aurions dû tenir une réunion urgente pour voir ce qui ne va pas. C’est cela l’école de l’ayatollah Khomeiny qui voyait dans l’Amérique Satan et qui estimait que si Satan lance des accusations contre vous c’est que vous êtes un ennemi redoutable.

Sur le plan gouvernemental :
Il ne faut pas regretter ce qui se passe car il peut avoir des aspects positifs. On dit que la nouvelle majorité ne parvient pas à former un gouvernement. Cette affirmation n’est pas très précise. Car il y a la nouvelle majorité, mais aussi le président de la République et le Premier ministre désigné. S’il s’agissait simplement de la nouvelle majorité, les choses seraient plus faciles. Quatre mois ont passé. Nous aurions certes préféré qu’un gouvernement soit formé dès le second jour. Mais ce délai a peut-être du bon puisqu’il a montré comment l’autre camp se comporte avec nous. Je vais maintenant défendre le Hezbollah, puisque cela fait longtemps que je ne me suis pas adressé à vous. 
Vous vous souvenez comment après la chute du gouvernement d’union, l’autre camp a poussé les hauts cris parlant d’un coup d’Etat iranien et que le gouvernement de Wilayet al Fakih est prêt. En réalité, il n’y avait ni coup d’Etat, ni rien de ce genre. Nous nous dirigions vers une solution et à un moment précis, les américains l’ont sabotée et le gouvernement a chuté. Quel est donc ce coup d’Etat qui n’a pas préparé un gouvernement et qui est dans l’incapacité de le faire depuis quatre mois ?
 L’autre camp a aussi accusé le Hezbollah de mettre la main sur le pays. Ils savent que c’est faux et ils connaissent bien la relation du Hezbollah avec ses alliés et son souci de les respecter. Mais en lançant de telles accusations, ils adressaient des messages à l’étranger, aux Etats-Unis, à certains pays du monde arabe et à l’Occident, pour les pousser à intervenir car le Hezbollah est en train de contrôler le pays.  Mais cela ne nous empêche pas de poursuivre nos efforts via les deux Khalil et d’autres en vue de former un gouvernement qui puisse gérer les problèmes des gens et assurer la stabilité et le développement du pays. Nous ne désespérerons pas et nous ne nous arrêterons pas mais nous ne comptons pas exercer des pressions sur qui que ce soit. Ne vous fatiguez pas. Nous n’exerçons de pressions sur personne. Nous respectons nos alliés, nous discutons avec eux et en fin de compte nous arriverons aux résultats requis.  Le dialogue, l’entente et l’effort politique nous permettront d’atteindre l’objectif requis.
Le choix d’un gouvernement de technocrates est tombé. Nous sommes tous d’accord sur ce point au sein de la nouvelle majorité. D’ailleurs, cette suggestion est venue des Américains et du Courant du Futur. Autrement dit, s’ils sont la majorité, ils doivent gouverner, même à travers un gouvernement d’union nationale. Mais nous devenons la majorité, il faut un gouvernement de technocrates. Cette ruse ne passera pas. En fait, ni auparavant, ni maintenant, ni demain, ni après demain un gouvernement de technocrates n’est possible au Liban, ce pays politisé jusqu’à l’os. Vous pouvez raisonner autant que vous le voulez, ce pays ne peut être mené que par un gouvernement politique, bénéficiant de la couverture d’importantes forces politiques ou par un gouvernement d’union nationale. Point final. Le reste est une perte de temps.
Nous voulons donc arriver à un gouvernement politique dotée d’une couverture et capable d’assumer ses responsabilités. Nous appuyons aussi l’initiative du président Nabih Berry de relancer le travail du Parlement et nous participerons aux séances générales car la situation ne peut rester bloquée en raison de la lacune gouvernementale.
Au sujet de la résistance, je voudrais vous rappeler qu’elle est la vôtre, vous qui lui avez donné ce que vous avez de plus cher, surtout dans la Békaa où chaque village a ses martyrs et ses sacrifices où chaque colline et chaque vallée a été le théâtre d’entraînements, eh bien, cette résistance continuera. Ni Obama, ni Netanyahu, ni toutes les flottes et les armadas du monde ne nous font peur. Nous appartenons à cette terre qui a vaincu armadas en 1982 et 1983. Ni les menaces, ni les accusations ne sous font peur. Ce qu’a dit Netanyahu devant le Congress devrait d’ailleurs faire réfléchir ceux qui veulent discuter des armes du Hezbollah à la table du dialogue. De quoi a peur Netanyahu ? Des missiles du Hezbollah. Je voudrais à cet égard lui dire qu’il doit mettre à jour ses informations. Il a parlé de 12000 missiles. Il y en a plus et nul ne pourra nous les enlever. Ces missiles sont notre force, notre dignité, notre sang et notre identité puisqu’ils protègent notre patrie et notre pays.
Cette résistance, celle de l’imam Sadr, de sayed Abbas Moussawi, de Imad Moghnié, de tous les martyrs et de tous les nationalistes, des musulmans et des hommes libres restera fidèle à ses objectifs, à ses fonds, à son sang et au chemin qu’elle s’est tracée. Comme je l’avais dit auparavant, je le répète aujourd’hui en ce 25 mai 2011, l’ère des victoires est arrivée et celle des défaites est partie à jamais.

Tout comme je l’ai dit il y a onze ans, Israël est plus faible que la toile d’araignée. Quelques jeunes Palestiniens sans armes  (certes ceux qui se sont rendus à Maroun el Rass étaient plusieurs milliers, mais ceux qui se sont rendus devant le fil barbelé à la frontière étaient quelques centaines) le long de la frontière avec le Liban et au Golan ont terrorisé Israël et l’ont poussé à revoir toutes ses mesures de protection. En les voyant si courageux et déterminés, je me suis rappelé les propos de l’ayatollah Khomeiny qui avait dit un jour : nous sommes un milliard de musulmans, si chacun de nous jette un seau d’eau sur Israël au même moment, celui-ci sera englouti sous les flots. Il s’agit bien sûr d’une image symbolique. Israël est faible. Mais le problème est chez nous. Imaginez un peu plusieurs millions de Palestiniens, de Libanais, de Syriens, de Jordaniens, d’Egyptiens et d’Arabes et de musulmans de tous les coins du monde marchant en même temps vers les frontières de la Palestine occupée et soulevant les barbelés. Que fera alors Israël ? Et Obama ? Cela exige toutefois une grande décision, une grande volonté comme celle des jeunes qui ont marché le 15 mai à Maroun el Rass et à Majdel Chams.

C’est Israël et c’est pourquoi nous pensons que nous sommes plus proches que jamais de la victoire et du changement des équations. Nous pensons aussi que la contre-attaque américano-israélienne contre les peuples de la région n’aboutira à aucun résultat. 

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