noscript

Please Wait...

Sayed Nasrallah salue les révoltes des peuples arabes

Sayed Nasrallah salue les révoltes des peuples arabes
folder_openCommuniqués de presse access_time depuis 14 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Discours du secrétaire général du Hezbollah au cours du rassemblement de solidarité avec les peuples arabes le 19 mars 2011-03-25

Nous nous réunissons aujourd’hui pour exprimer notre solidarité avec nos populations arabes, dans leurs révolutions et leurs intifadas en particulier en Tunisie ( Je commence par ordre chronologique), en Egypte, à Bahrein, en Libye et au Yémen.
Cette solidarité a d’abord une valeur morale et politique. Ses effets ont en premier lieu moraux, car l’élément le plus important dans ces révolutions, ces résistances ou ces révoltes reste la détermination des populations et leur résistance, qui sont principalement liées à leur foi et à leur moral.
Nous nous souvenons tous comment pendant les journées difficiles de la guerre de juillet 2006- dont nous commençons à connaître les scandales à travers wikileaks- chaque déclaration, chaque manifestation, chaque témoignage de solidarité dans n’importe quel coin du monde avait un impact positif sur notre moral et sur celui des résistants. C’est aussi le cas aujourd’hui des populations en révolte.
Nous leur disons aujourd’hui: nous sommes avec vous, nous vous appuyons, nous sommes heureux de votre joie et tristes de votre peine. Nous prions pour que vous remportiez des victoires et nous sommes prêts à vous aider selon vos intérêts et les nôtres et selon nos moyens.
Je voudrais évoquer aujourd’hui de nombreux sujets, notamment les points communs entre les révoltes de ces populations, puis les cas spécifiques de chaque Etats avec une attention particulière pour Bahrein en raison de la polémique confessionnelle et des complications de ce dossier, je parlerai aussi des initiatives requises et je terminerai en abordant la situation libanaise.
Premièrement, il faut insister sur le fait que ces révolutions émanent essentiellement de la volonté des populations.
Toute accusation portant sur le fait que ce seraient les Etats-Unis qui auraient initié ses révolutions et les auraient lancées est fausse et injuste pour ces populations. Les 5 régimes où se déroulent des révolutions sont les alliés des Etats-Unis, et, en tout cas, leur rendent des services. Ils ne constituent en aucun cas des menaces pour les Etats-Unis et Israël. Est-il possible dans ce cas que les Etats-Unis cherchent à écarter de tels régimes en lançant contre eux des révolutions populaires ?
C’est illogique d’autant que les Etats-Unis savent parfaitement, à travers des études effectuées et des sondages, que ces populations ont atteint un haut degré de discernement par rapport à la politique américaine et la présence israélienne dans la région. Comment dans ces conditions, les Etats-Unis pourraient-ils lancer ces révolutions populaires avec des populations qui ont une vision très claire de la situation globale, sans même savoir à quels résultats aboutiront ces révolutions et quels seront les relèves de ces régimes ? Prétendre que les Etats-Unis sont derrière ces révolutions est donc une accusation injuste et sans le moindre fondement. 
Si au contraire, il s’agissait de régimes résistants, en dehors du système américain et de son projet, des régimes hostiles à Israël et qui luttent contre cette entité, on pourrait se poser des questions sur l’origine des révolutions populaires. En tout cas, le débat serait possible. Mais là, avec des régimes pro-américains, la théorie ne tient pas, tout comme le fait de dire qu’al Qaëda est derrière la révolte en Libye et l’Iran derrière celle de Bahrein.
Deuxièmement (et je vais me limiter aux grands titres car il y a beaucoup à dire), ces révolutions sont réellement populaires, issues des gens, des jeunes en particulier, suivis par les hommes, les femmes et les enfants, puis par les élites et les forces politiques. Ces révolutions sont mues par la foi, la colère et l’enthousiasme, mais le plus important est qu’elles sont prêtes à tous les sacrifices. Les régimes qui les affrontent ne peuvent pas ignorer cette réalité. Nous avons vu des jeunes ouvrir leurs poitrines face aux tirs des régimes. Nous avons vu ces scènes en Tunisie, en Egypte, en Libye, au Yémen et à Bahrein. Le plus incroyable est que dès que jeunes tombaient sous les tirs, d’autres venaient offrir leurs poitrines aux tirs des régimes.
Ces faits montrent un élément très important, c’est que la terreur, les pressions et même les massacres et les tueries n’effraient pas les révolutionnaires et n’ont pas réussi à les contraindre à quitter les places publiques. Il s’agit là d’une règle divine et historique propre aux sociétés qui consiste au fait que lorsqu’un peuple fait preuve d’une telle détermination, d’une telle foi et d’une telle aptitude au sacrifice, nul ne peut le vaincre, ni les Etats-Unis, ni Israël, ni les régimes despotiques dans le monde.  C’est une règle divine, naturelle. Quelle que soit l’ampleur des sacrifices et des souffrances, la victoire est au rendez-vous à cause de la détermination, du courage et de l’attachement aux droits et principes. C’est ce qu’ont montré les révolutions et les mouvements de résistance à travers l’histoire et c’est ce que nous voyons dans ces mouvements aujourd’hui.
La résistance victorieuse en 2006 lance donc cet appel aux mouvements de révoltes actuels : tenez bon, résistez, patientez et vous verrez que vous sortirez victorieux.
Troisièmement, je voudrais parler des réactions des régimes face à ces mouvements aux revendications justes.
Au lieu d’entamer avec eux un dialogue sincère et d’entamer un processus de réformes, les régimes ont eu recours à la répression, aux accusations, à la violence, allant jusqu’à accuser les manifestants d’être des rats, de prendre des hallucinogènes ou d’être affiliés à al Qaëda.
Cette attitude a compliqué la situation dans ces pays et elle a annulé les possibilités de dialogue, relevant ainsi le plafond des revendications des insurgés. Les morts, les blessés et la violence des régimes a poussé les insurgés à rejeter des offres qui ne correspondaient pas à leurs aspirations. Mais la victoire a été au rendez-vous en Tunisie et en Egypte, alors que le dirigeant libyen a entraîné son pays dans une guerre interne très dure et les régimes de Bahrein et du Yémen ont placé leurs pays au bord de la guerre civile. Si les révoltes dans ces deux pays n’insistaient pas sur l’aspect pacifique de leur mouvement, leurs pays seraient alors plongés dans une guerre civile sanglante.
Quatrièmement : ce qu’il faut relever c’est l’attitude hypocrite des Etats-Unis et de l’Occident à l’égard des événements des derniers mois dans la région. L’attitude des Etats-Unis peut se résumer comme suit :  Là où ils peuvent maintenir en place un régime allié, ils le font. Là où les régimes peuvent mater la révolte dans un laps de temps relativement court et sans provoquer trop de catastrophes, ils les laissent faire. Là où la répression s’annonce difficile et coûteuse, menaçant les intérêts des Etats-Unis, ils demandent aux régimes alliés de se retirer et tentent de limiter les pertes et commencent à ruser pour empêcher les populations d’atteindre leurs objectifs.
Dans tous ses scénarios, les Etats-Unis cherchent à se présenter comme les défenseurs des peuples, des droits, des libertés, de la réforme et du changement.
Nous demandons aujourd’hui à ces mouvements de ne pas se laisser duper par l’attitude des Etats-Unis. Je suis d’ailleurs convaincu qu’ils ne peuvent pas l’être. Car nos populations arabes et musulmanes savent désormais parfaitement quelle est la politique américaine dans la région et le degré de la complicité américaine dans le comportement des régimes qu’ils rejettent aujourd’hui et dans leur propension à maltraiter leurs populations.  Ils savent aussi comment ces régimes protègent les intérêts américains depuis des décennies.
Les déclarations américaines sur la protection des peuples de la région et condamnant la répression des régimes n’ont aucune valeur puisqu’il y a quelques jours les Etats-Unis ont posé leur véto sur une résolution du Conseil de sécurité condamnant la construction de colonies par les Israéliens. Telle a toujours été la politique des Etats-Unis, appuyant l’injustice faite au peuple palestinien, dont les maisons sont détruites, les biens confisqués, qui meurt chaque jour et a plus de 11000 détenus chez l’ennemi. Malgré cela, les Etats-Unis soutiennent l’assassin et celui qui spolie le peuple palestinien de ses droits. Dans ce contexte, toutes les déclarations d’appui aux peuples de Tunisie, d’Egypte, de Libye, du Yémen, de Bahrein et d’ailleurs ne sont pas sincères. Elles sont mues par la volonté cachée d’améliorer l’image des Etats-Unis et de garantir l’arrivée au pouvoir de groupes qui ne mettent pas en danger le projet américain. Les Américains veulent aussi empêcher des groupes nationalistes sincères de mettre la main  sur les richesses de ces pays, notamment le pétrole. Ce sont là les véritables raisons des déclarations américaines favorables aux révoltes populaires. Je dis aux peuples arabes et musulmans : gardez l’œil sur la Palestine. Tant que l’administration américaine continuera d’appuyer Israël dans ses agressions contre le peuple palestinien et les autres peuples de la région, cela signifiera qu’elle ment lorsqu’elle parle des droits de l’homme et de la démocratie.
Nous pourrons revoir notre position à l’égard de l’administration américaine, lorsque nous percevrons des changements radicaux dans son attitude à l’égard de la Palestine. Sinon, il faut se méfier de la politique et des déclarations américaines qui visent à détourner le cours des révoltes et à provoquer une partition par ci (c’est effectivement un risque sérieux), une guerre civile par là, qui servent les projets de rechange américains dans la région.
Quatrièmement : Nous arrivons à la seconde partie. En Tunisie et en Egypte, les tyrans sont partis et la victoire a été enregistrée pour différents facteurs. Je voudrais énumérer les plus importants : la détermination des peuples, leurs sacrifices considérables avec les centaines de morts et les milliers de blessés et la neutralité de l’institution militaire, quelles que soient les causes de cette neutralité. Autre élément important, le rejet des populations de ces pays des régimes de Zeinedinne ben Ali et de Hosni Moubarak qui n’ont trouvé personne au sein du peuple pour les défendre. Ils ont eu recours aux « voyous » et se sont fait aider par les chameaux et les chevaux pour agresser les manifestants. Certains de ceux qui mènent la confrontation avec les peuples, ont cru que ceux-ci se contenteraient du départ des Tyrans avec leurs familles. Par conséquent, le système resterait le même. C’est d’ailleurs le pari qu’avaient fait les américains pour maintenir leur contrôle sur la région.
(Entre parenthèses, je voudrais préciser qu’une information vient de me parvenir sur l’existence de brouillage intense sur les chaînes satellitaires. Si c’est vrai, c’est un indice de faiblesse. Qui peut avoir peur d’un mot, venant en plus du Liban, ce petit pays où il n’y a ni millions d’individus, ni pétrole, même si nous pourrions en avoir bientôt si Dieu le veut, sinon le faible ?)
Ils ont donc été surpris par le fait que les peuples n’ont pas vidé les places après le départ des Tyrans et ils ont continué à réclamer le départ des gouvernements dits de transition et la chute des Parlements élus sur la base de fraudes, ainsi que la dissolution des services de sécurité, symboles de la répression. Ces peuples continuent de réclamer des modifications radicales et nous plaçons de grands espoirs en eux. Nous les appelons à l’unité, car les divisions pourraient permettre de reproduire le modèle précédent avec une contre-révolution. C’est surtout possible pour l’Egypte- A Dieu ne plaise-, surtout à cause de l’importance de ce pays sur la scène arabe et dans le conflit avec Israël.
Nos frères et nos sœurs en Egypte doivent avoir qu’ils sont un espoir pour nous et que leur attitude dépasse les frontières de leur pays mais elle a des répercussions sur l’ensemble du monde arabo-musulman.
En Libye, le peuple s’est soulevé comme en Egypte et en Tunisie. Un groupe de jeunes est descendu dans la rue à Benghazi. Ils ont dû faire face aux tirs et les gens se sont alors empressés de les soutenir. La révolte s’est déplacée de ville en ville et elle s’est accompagnée de désobéissance civile. La réponse des autorités est venue à travers les tirs, les blindés et les raids aériens. La guerre a été imposée à la révolte populaire pacifique et civile. Ce qui se passe en Libye est une guerre imposée par le régime à une population qui réclamait pacifiquement le changement. Cette population n’est pas une organisation militaire. Une grande partie d’entre elle ne possède ni armes ni expérience militaire. Nous avons vu ensemble sur les chaînes de télévision les images des chars, des blindés, des rampes de katiouchas, les avions  tiré sur les civils. Ce qui nous a rappelé l’invasion israélienne et toutes les guerres israéliennes au Liban et à Gaza. Les crimes commis par le régime de Kadhafi contre cette population doivent être condamnés par toutes les personnes sincères dans le monde et tous ceux qui peuvent aider cette population à résister face aux massacres doivent le faire.
Nos frères en Libye et dans le monde arabe doivent savoir que les Etats-Unis et l’Occident ont donné le temps nécessaire à Kadhafi pour qu’il étouffe la révolution, tout en multipliant les déclarations et les réunions. Mais la population libyenne a tenu bon. Si les insurgés avaient cédé au bout d’une semaine ou deux, le monde occidental aurait recommencé à reconnaître le régime de Kadhafi et à coopérer avec lui et l’argent du régime aurait recommencé à remplir les poches de responsables au sein de l’Union européenne et d’autres. La résistance de la population a modifié l’équation.
Encore un mot sur la situation en Libye. Le peuple n’a pas d’autre choix que de continuer à résister et à se battre. Nous avons une certaine expérience des guerres, des confrontations et de la guerre psychologique et en regardant les visages des insurgés, nous ne voyons pas des gens désespérés, effrayés ou sur le point d’abandonner la lutte. Au contraire, j’ai vu dans tous ces visages, la détermination, le moral élevé, la volonté de continuer jusqu’au bout même au prix du sacrifice. Certes, la situation en Libye est complexe, surtout en raison de l’intervention occidentale qui peut entraîner la Libye dans le jeu des nations. Ce qui exige un grande sagacité de la part des insurgés dont le nationalisme a déjà fait ses preuves. Au nom de la résistance libanaise qui a tenu 33 jours alors que dans le ciel libanais plus de cent avions israéliens vrombissaient, j’adresse un hommage aux moujahidins libyens qui résistent à Benghazi, Misrata, Ajdabia et les autres villes libyennes.
Toujours au sujet de la Libye, il faut rappeler le grand crime commis par Kadhafi contre le Liban, la résistance au Liban et en Palestine et contre Jérusalem en enlevant puis en faisant disparaître l’imam moussa Sadr et ses compagnons. Quant à la dernière déclaration de Kadhafi au sujet de l’imam dont il a fait l’éloge pour la première fois il est totalement faux. Nous connaissons le pouvoir de l’argent de Kadhafi sur le gouvernement italien et en particulier sur le gouvernement de Berlusconi et sur la justice italienne. Nous attendons donc encore le jour où l’imam de la résistance sera libéré de l’étau de ce tyran.
Au sujet du Yémen, où les protestations sont antérieures aux révolutions arabes relevant d’un cumul de conflits et de guerres, la situation est complexe. Mais on ne peut se taire contre la répression qui fait des morts et des blessés contre un peuple sans armes qui réclame des droits légitimes. Nous rendons hommage à la résistance du peuple yéménite et nous saluons leur insistance au pacifisme de leur mouvement. D’autant que le Yémen est plein d’armes. Les tribus ne possèdent pas seulement des kalachnikovs, mais aussi des douchkas, des RPG et des canons. Malgré cela, ils refusent d’utiliser les armes avec beaucoup de sagesse, ne voulant pas ainsi faire entrer le pays dans une guerre civile.
Je voudrais m’étendre un peu sur la situation à Bahrein à cause de la problématique particulière dans ce pays. Nous avons tous vu ce qui s’est passé à Bahrein. En suivant de très près ce qui se passe dans la région, je constate qu’il existe à Bahrein une injustice particulière. Nous savons tous que ce pays est une petite île dont la population n’atteint pas le million de personnes. C’est une population injustement traitée et pacifiste qui est descendue dans la rue pour réclamer ses droits légitimes et elle a été accueillie par les tirs et la mort. Le premier jour des centaines de jeunes sont descendus dans la rue. On ne parle ni de milliers, ni de dizaines de milliers. C’est dire qu’il aurait été facile d’absorber cette vague de revendication en appelant à un dialogue sincère avec l’opposition. Mais ce qui s’est passé est que la réaction du pouvoir a été de tuer les jeunes qui protestaient avant d’appeler au dialogue sous la menace. Mais le peuple de Bahrein a poursuivi son mouvement ripostant aux tirs en lançant des fleurs. Le peuple a confirmé l’aspect national de ses revendications, démentant toute arrière-pensée confessionnelle ou régionale. Malgré cela, des armées ont été appelées à l’aide contre lui. Des gens ont été tués, d’autres arrêtés et d’autres encore blessés.
Ici, il faut relever une anomalie. Devant les crimes commis par le régime libyen contre son peuple, les régimes arabes et la Ligue arabe n’a pas bougé un doigt, ni envoyé ses armées pour défendre la population (que celle-ci l’ait réclamé ou non). Par contre, les pays arabes ont envoyé leurs armées pour défendre un régime qui n’était même pas menacé, car l’opposition à Bahrein est totalement pacifique. (Et on sait qu’une opposition pacifiste ne peut rien contre de tels régimes). Elle n’a pas cassé une vitre, ni brûlé une voiture ni attaqué les biens publics. C’est tout de même curieux. Face à cette opposition pacifiste, les hôpitaux ont été attaqués et les blessés agressés. Nous avons entendu dire que les maisons de certains leaders de l’opposition arrêtés ont été détruites. En passant, je voudrais rappeler qu’il s’agit là de méthodes israéliennes. Lorsqu’un moujahed palestinien est arrêté par l’armée israélienne, sa maison est aussitôt détruite. Les dirigeants de Bahrein se comportent de la même manière. Ils n’ont plus supporté le rond point de la perle à cause du symbole qu’il représente, alors ils l’ont détruit.
Je vous le dis toutefois, tout cela peut être supporté. La barbarie fait partie de la nature des tyrans et le sacrifice de celle des moujahidins. Mais la plus grosse injustice est d’encercler tous ces sacrifices, ce sang et ce peuple avec l’étau détestable du confessionnalisme.
Avant de formuler des critiques, je voudrais rendre hommage aux ulémas sunnites au Liban et dans le monde arabo-musulman. Je voudrais aussi rendre hommage aux positions des mouvements sunnites ( hélas je dois appeler les choses par leur nom) notamment celle du Premier ministre turc Rejib tayyeb Erdogan. Je le répète c’est le début.
Je voudrais demander à certains dans le monde arabo-musulman pourquoi ce silence  sur la situation à Bahrein et sur l’injustice faire au peuple là bas ? Pourquoi aller même jusqu’à condamner les revendications du peuple ? Pourquoi critiquer les blessés et les morts tombés au cours des manifestations sous les tirs du régime ? Simplement parce qu’ils sont chiites ?  Est-ce que le fait d’appartenir à une confession ou à une religion dans certains pays peut priver le citoyen de ses droits naturels ?
C’est la vraie question. Le fait qu’une grande partie de l’opposition bahreinie soit de confession chiite suffit-il à la traiter injustement, à refuser de lui reconnaître des droits et à lui lancer toutes sortes d’accusations ? Est-cela la justice ?
Tous, musulmans et chrétiens, nous nous sommes tenus aux côtés du peuple palestinien. Nul n’a demandé, avant d’appuyer ce peuple, de quelle confession est-il ? Nous savons tous qu’il y a en Palestine des chrétiens et des musulmans sunnites. Mais nul n’a cherché à savoir à quel rite appartient. De même, nul n’a demandé quelle est la religion du peuple tunisien et égyptien ou encore libyen et yéménite. Nous nous sommes tous tenus aux côtés des opprimés. Même la plus haute autorité iranienne l’imam Khaménéi s’est tenu aux côtés des peuples opprimés, tout comme il se tient aux côtés du peuple palestinien. Cette attitude est-elle dictée par une arrière-pensée confessionnelle ou bien s’agit-il de l’expression d’une conviction profonde et de principes.    
Je suis très étonné de voir comment certains avaient appelé le peuple égyptien à descendre dans la rue, avait réclamé la mort de Kadhafi, avait appuyé la révolte tunisienne et dès qu’on en vient à Bahrein, où l’opposition ne veut tuer personne, c’est le silence total.
Vous savez quelle est l’histoire du Hezbollah et son attitude au cours des dernières années. Mais je voudrais courageusement demander aujourd’hui quelle est la différence entre le régime d’Al Khalifa et celui d’al Moubarak ? Ou encore avec le régime de Kadhafi ? Y a-t-il de la démocratie dans tous ces pays ou sont-ils des pays hostiles au système américano-israélien ? Si c’était le cas, je pourrais comprendre qu’on dise aux jeunes qui ont des revendications : attendez un peu, modifiez votre approche, établissez un dialogue, ayez recours à des amis  car il y a d’autres priorités. Mais là il s’agit du même genre de régime. Dans ce cas pourquoi adopter des critères différents ?
En tout état de cause, ce qui se passe à Bahrein n’est pas une action confessionnelle. Cette qualification est l’arme du faible pour étouffer les droits des gens. Mais cette arme ne parviendra pas à faire taire ceux qui aspirent à la liberté à Bahrein.  Je voudrais dire encore à nos frères et sœurs à Bahrein : ne soyez pas influencés par les voix confessionnelles, ne soyez pas gênés par leurs médias et leurs chaînes de télévision, car il y a de nombreuses voix importantes et influentes dans le monde musulman des frères sunnites qui se tiennent à vos côtés et appuient vos droits. Patientez, continuez à réclamer vos droits. Vous avez des leaders sages (je le dis parce que je connais les personnes), raisonnables et courageuses. Ecoutez-les et soyez en phase avec eux. Votre sang et vos blessures vaincront les oppresseurs et les tyrans et les contraindront à reconnaître vos droits légitimes. Votre objectif mérite les sacrifices, le travail de longue haleine, même si la lutte peut prendre du temps.
Aux dirigeants en Libye, à Bahrein et au Yémen, je voudrais demander : comment voyez-vous l’avenir ? Comment pouvez-vous imaginer stabiliser vos gouvernements et rester sur vos trônes après tout ce que vous avez accompli, tout ce versement de sang et toutes ces humiliations ? Même si votre entêtement se prolonge, votre défaite est inéluctable. Répondez donc aux revendications de vos populations avant qu’il ne soit trop tard.
Cinquièmement : Les pays arabes et musulmans doivent assumer leurs responsabilités dans chaque pays arabe. Leur devoir est d’intervenir, non en envoyant des armées pour mater les insurger mais pour appuyer les revendications populaires et pour empêcher les interventions étrangères. Aujourd’hui, en raison de la renonciation des dirigeants arabes et musulmans à assumer leurs responsabilités, la porte est ouverte  devant une intervention américaine et occidentale en Libye. Qui peut prédire comment va évoluer la situation en Libye ? Elle ouvre la voie à de nouvelles interventions dans tous les pays arabes. Ce qui nous ramènerait à l’époque des occupations, des colonisations directes ou encore de la partition.
En cette période historique et décisive, tous ceux qui le peuvent doivent intervenir pour tenter de trouver des solutions. Aujourd’hui par exemple, au Yémen et à Bahrein, il y a une crise de confiance entre l’opposition et le régime. Même si les raisons de cette crise de confiance sont différentes dans chacun des deux pays. Où est donc la médiation arabe ? Où est celle de l’Organisation du Congrès Islamique ? Certains Etats dans la région jouissent de la confiance des deux parties, pourquoi n’interviennent-ils pas ? Au lieu d’envoyer leurs armées à Bahrein, les pays qui l’ont fait auraient mieux fait d’envoyer leurs ministres des AE pour lancer une médiation sérieuse et sincère. C’est encore possible aujourd’hui.
En cette journée de solidarité, mon appel s’adresse aussi aux dirigeants arabes, aux élites et aux ulémas pour qu’ils assument leurs responsabilités. Quiconque a la moindre influence doit agir de manière à préserver l’unité politique et géographique des pays ainsi que leur souveraineté, tout en cherchant à éviter les bains de sang et à répondre à un minimum des revendications populaires.
Je voudrais enfin évoquer la situation au Liban.
Au cours des deux derniers mois et depuis la chute du gouvernement précédent et la désignation d’une nouvelle personnalité pour former le nouveau gouvernement, nous avons assisté à une campagne systématique et programmée appelant à « la disparition des armes ». Tout a été dit à ce sujet, le faux et le vrai, tous les moyens de communication ont été utilisés, même les dessins animés. Je ne veux entrer dans une polémique. Je ferai simplement ce commentaire :
D’abord, au sujet de la forme. Nous avons assisté à des rassemblements, des discours, des déclarations enflammées, des accusations et il n’y a pas eu un seul incident, ni même une rixe, ni la moindre arme menaçante pointée contre untel ou tel autre ni encore la moindre tentative d’intimidation. Ce qui montre que toutes leurs allégations sont mensongères. Les forces de la nouvelle majorité, en particulier Amel et le Hezbollah ont veillé toute la nuit et pendant la journée du rassemblement aux côtés de l’armée et des forces de sécurité, soucieux de protéger ceux qui veulent insulter la résistance. C’est bien la preuve qu’aucun revolver n’a été pointé contre la tempe de qui que ce soit. Vous insultez, vous agissez, vous incitez et vous provoquez sans que nul ne s’en prenne à vous ou n’ait la moindre réaction.
Dans le fond, ce que nous avons entendu au cours des deux derniers mois ne contient rien de nouveau et ne mérite donc pas qu’on y réponde ou qu’on en discute.
La question de la résistance ne peut être résolue par l’incitation. Nous avons toujours dit que nous étions ouverts à tout dialogue. Nous n’avons pas peur d’un tel dialogue, car nous avons de la logique, une vision, une expérience dans la lutte et des preuves solides de l’efficacité de notre conception dans la défense de notre pays, qui est d’ailleurs enseignée dans les plus grandes écoles militaires dans le monde.
Je peux vous assurer que tout ce tapage ne modifiera en rien l’efficacité de la résistance. Celle-ci poursuit ses préparatifs, ses entraînements, ses équipements et le perfectionnement de ses moyens. Tout cela dans le but de relever au maximum la coopération dans le cadre de l’équation en or entre l’armée, la résistance et le peuple. Cette coopération se poursuit et son dernier fruit a été la découverte du nouveau dispositif d’espionnage israélien qui a été découvert au Sud depuis quelques jours.
En somme, tout ce tapage n’aura aucun effet ni sur le moral, ni sur la préparation, ni sur la détermination de la résistance. Il n’aura aussi aucun effet sur la foi des partisans de la résistance. Au contraire, celle-ci augmentera.
Demain, lorsqu’un nouveau gouvernement, quel qu’il soit, libanais décidera d’effectuer des forages dans les eaux territoriales à la recherche de gisements de pétrole et de gaz convoités par Israël, il ne trouvera que la résistance pour imposer à Israël et au monde le respect des droits du Liban. Car, comment comptons-nous défendre les droits du Liban dans son gaz et son pétrole ? Avec des slogans, des banderoles et des poèmes ? Ce jour-là, nous aimerions voir les vestes… je dis cela pour alléger l’atmosphère. Sinon, chacun a le droit de porter pu d’enlever les vêtements de son choix.
En tout état de cause, cette campagne a plusieurs objectifs. L’un d’eux consiste à entraîner la résistance dans une polémique. Mais, il faut que vous le sachiez, nous avons décidé de ne pas répondre aux attaques qui nous visent. Car que pourrions-nous dire ? Expliquer aux gens l’importance et l’utilité de la résistance, ses réalisations et ses objectifs ? Ils le savent et ce sont eux qui ont réalisé les acquis de cette résistance. Nous ne sommes que l’expression de leurs aspirations.
Dites ce que vous voulez, nous ne répondrons pas. Sauf si nous constatons qu’il existe une idée ou une logique nouvelles, nous sommes alors prêts à la discuter. Oui, nous respectons les cerveaux et les discours des gens.
Un autre objectif de la campagne actuelle consiste dans la provocation. Je souhaite ici que les jeunes m’écoutent attentivement. Cette provocation, vise à susciter des réactions confessionnelles. C’est pourquoi je vous le dis, gardez vos esprits clairs et vos nerfs calmes. Celui qui ne peut supporter les discours provocateurs, qu’il ne les écoute pas.
Nous ne devons pas nous laisser entraîner par la provocation. Aves les révélations de Wikileaks, vous devez avoir compris qu’il y a toujours une partie du 14 mars et dans le monde qui cherche toujours à créer une discorde entre sunnites et chiites et à pousser dans ce sens. C’est cela le but de la provocation actuelle. Ils ont d’abord essayé à travers le TSL et l’acte d’accusation injuste du procureur Bellemare à susciter une discorde entre sunnites et chiites. Je vous l’ai dit à l’époque, il n’y aura pas de discorde sunnito-chiite à cause du TSL. Aujourd’hui, grâce à Dieu, même si l’acte d’accusation n’a pas été publié, tout le monde en connaît le contenu. Nous considérons par conséquent que cet acte a été publié et qu’il n’a aucune valeur. Il n’a pas provoqué de discorde entre sunnites et chiites et celle-ci n’aura pas lieu au Liban. Le prix de cet acte a été le pouvoir dont ils déplorent aujourd’hui la perte. Mais ni les chiites ni les sunnites ne sont coupables pour qu’éclate entre eux une discorde. Nous devons traiter avec tout ce qui se dit et nous comporter avec un degré élevé de sagesse, de patience  et de calme. De toute façon, nous ne sommes pas inquiets. Certains provoquent, se mettent en colère, crient, mais y a-t-il un danger réel ? Non. La résistance se porte bien, ses partisans et ses armes aussi. Ils sont toujours prêts à affronter l’ennemi, mais que nul ne les cherche.
Toujours au sujet du Liban, je voudrais évoquer les révélations de Wikileraks. Les documents publiés montrent, en tout état de cause, l’ampleur des paris placés dans la guerre israélienne contre la résistance et les espoirs placés dans une victoire israélienne, ainsi que l’ampleur de la déception à la suite de la victoire de la résistance le 14 août. Nous attendrons de connaître la suite et il se pourrait alors que nous ayons des choses à dire.
Dans un aperçu rapide, je voudrais diviser ce qui est révélé par Wikileaks en deux parties :
La première est ce que rapportent Jeffrey Feltman et Michele Sison ou d’autres diplomates à leur administration et il comporte leurs impressions et leurs analyses, ainsi que leurs attentes. Pas de problème. Qu’ils expriment leurs espoirs, de toute façon, ils ont été déçus. Dans cette partie, si une personnalité politique, un député ou un ministre affirme que les propos rapportés sont faux, nous sommes prêts à accepter sa position. Que voulez-vous de plus ?
La seconde partie ne constitue pas des analyses, mais des demandes faites à Feltman : certains lui ont demandé qu’Israël occupe Bint Jbeil, ou n’arrête pas la guerre avant d’avoir détruit le Hezbollah. Pour certains, la guerre ne doit pas s’arrêter avant de réaliser les conditions suivantes : le déploiement  de forces multinationales à la frontière libano-syrienne pour empêcher une victoire du Hezbollah. Il ne s’agit plus d’analyses et de l’expression de sentiments, mais d’une incitation pure et simple. Il y a donc des personnes qui ont poussé Israël –que nous reconnaissons tous comme un ennemi- à tuer des Libanais et à détruire le Liban, ou une partie du pays, ainsi qu’à tuer des soldats libanais. Il ne s’agit plus de sentiments. C’est une autre histoire.
Je voudrais diviser cette seconde partie en deux. Certaines personnalités ont revu leurs positions et se sont placées aux côtés de la résistance. C’est ce que nous souhaitons. Mais d’autres personnalités continuent à répéter le même contenu depuis 2006. Il incitait alors à la guerre et il continue à le faire contre la résistance. Au sujet de ces personnalités, nous voulons constituer un dossier judiciaire. Nous n’organiserons pas de manifestations, mais nous réagirons de manière civilisée et légale. Les Libanais de Bint Jbeil et d’ailleurs, tous ceux qui ont été lésés ou qui ont subi des dommages à la suite de la guerre de 2006 vont constituer des dossiers judiciaires et porter des plaintes devant les tribunaux. Par exemple si une personnalité a dit le 15 juillet : il faut poursuivre la guerre et bombarder etc, tous ceux qui ont subi ce jour-là les dommages de la guerre peuvent porter plainte contre elle. Nous verrons alors quelle sera l’attitude de la justice à ce sujet. Nous aurons ainsi un dossier qui ressemble à celui des faux témoins.
En 2006, nous avions des informations au sujet des positions de certaines personnalités. Mais nous avions décidé de ne pas les divulguer. Je le dis pour que tout le monde sache à quel point cette résistance est noble et dévouée à son pays. Mes frères et moi savions qui avait comploté contre nous et pourtant le 22 septembre 2006, au cours du rassemblement de la victoire après la guerre de juillet, j’avais déclaré : Mettons nos mains ensemble pour protéger le Liban et le reconstruire. Avec qui. Avec ceux qui avaient comploté contre nous et qui avaient participé à la mort de nos camarades et de nos enfants.
Aujourd’hui, ces questions sont désormais dans les journaux et sur les chaînes de télévision, ainsi que sur les sites internet. Malgré cela, nous nous comporterons de manière civilisée et nous poursuivrons le dossier devant la justice.
Au sujet du gouvernement, je dirais d’une façon concise : oui, des pressions sont exercées.
Sur le plan de la formation du gouvernement, il faut commencer à demander des comptes à la nouvelle majorité à partir de la rencontre du Bristol au cours de laquelle le 14 mars a officiellement refusé de participer au gouvernement. C’est donc à partir de ce moment qu’il faut compter le délai pris par M. Mikati.
Certes, de fortes pressions sont exercées sur lui, de la part d’ambassadeurs et d’Etats, à travers des questions sur la nature du gouvernement. On lui dit par exemple : ne formez pas un gouvernement à coloration unique. Comment ? La nouvelle majorité a le droit de former un gouvernement. Pourtant, ces ambassadeurs et autres émissaires veulent discuter, poser des questions sur sa composition, sa déclaration ministérielle et sa politique…
Le problème ne consiste donc pas dans des entraves internes. Au sein de la nouvelle majorité il y a des revendications, qui sont à mon avis justifiées. Elles doivent donc être discutées. D’ailleurs, dans chaque formation de gouvernement au Liban, la situation est identique. Ce qui se passe aujourd’hui n’est donc pas nouveau et il peut prendre un peu de temps. Mais le problème n’est pas là. Il est dans les pressions. Vous entendez chaque jours le 14 mars demander au Premier ministre Mikati de former un gouvernement de technocrates. Pourquoi. Quand ils avaient la majorité parlementaire, ont-ils accepté un PM centriste qui forme un gouvernement de technocrates ? Le PM Mikati est-un centriste ou bien a –t-il été désigné par une nouvelle majorité dans le cadre d’une lutte politique dans le pays ?
Il est donc certain que le Premier ministre Mikati subit des pressions diverses. Les entraves internes sont naturelles mais celles externes ne le sont pas. Plus même, l’étranger est appelé à l’aide et vous savez comme moi l’importance et l’ampleur du recours à l’étranger, qu’il soit américain, français ou arabe, pour exercer des pressions sur le PM désigné. Si nous éprouvons la nécessité de divulguer un jour les éléments en notre possession à ce sujet, nous le ferons.
Je voudrais quand même affirmer qu’avec l’aide de Dieu, la nouvelle majorité parviendra à former un nouveau gouvernement présidé par Négib Mikati. C’est un défi politique que nous devons relever et dont nous devons assumer la responsabilité au sein de la nouvelle majorité.
En conclusion de cette journée de solidarité, je voudrais saluer les martyrs de Tunisie, d’Egypte, de Libye, de Bahrein, du Yémen et de Palestine. A nos frères qui font les révoltes et qui résistent, je voudrais dire : votre printemps a commencé et rien ne l’arrêtera. Nul ne pourra vous entraîner vers un nouvel automne. Votre détermination et votre foi vous permettront de relever tous les défis et de remporter la victoire. Nous vaincrons tous, avec l’aide de Dieu.


Traduction: Soraya Hélou

Comments

//