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Sayed Nasrallah: la révolution du peuple égyptien changera la face du monde

Sayed Nasrallah: la révolution du peuple égyptien changera la face du monde
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Discours du secrétaire général pour les manifestants en Egypte (7 février 2011)

En ce jour, notre objectif est clair: déclarer notre solidarité avec le peuple égyptien et ses jeunes et avant eux, avec le peuple de Tunisie et ses jeunes.
Je voudrais d’abord m’excuser devant le peuple de Tunisie et  celui d’Egypte parce que nous avons tardé à exprimer notre solidarité. La raison n’est certainement pas l’attente ou l’hésitation. Nous ne pouvons pas rester de côté, surtout après notre longue histoire de lutte contre le projet américain et sioniste dans la région ; nous ne pouvons pas rester de côté lorsque le combat est entre le vrai et le faux, entre l’oppresseur et l’opprimé, mais c’est pour vous, pour que vous ne soyez pas accusés-ce que vous êtes d’ailleurs aujourd’hui-, que nous avons évité de parler au cours des derniers jours.
Si ce mouvement avait été lancé -je parle maintenant de l’Egypte, puisque la Tunisie a dépassé ce stade- et que nous avions pris la parole, les manifestants sur la place « Al Tahrir » et dans les villes égyptiennes auraient été accusés d’appartenir à des cellules du Hezbollah et du Hamas ou encore des Gardiens de la Révolution iranienne. Ce mouvement purement national sera ainsi accusé de servir un agenda extérieur. Nous avons une expérience malheureuse avec le régime en Egypte. Lorsqu’un de nos frères -et je dis bien un seul- a été arrêté et il coopérait avec des frères palestiniens et égyptiens pour aider nos frères à Gaza, on a aussitôt parlé de « cellule du Hezbollah ». Cette cellule a été accusée de travailler pour le renversement du régime égyptien, pour changer l’image de l’Egypte et la chiiser. Vous vous souvenez de l’ampleur des accusations portées contre un de nos frères qui a coopéré avec un nombre réduit d’Egyptiens et de Palestiniens pour apporter un appui logistique à la résistance à Gaza. Pour cette raison, nous avons attendu –je ne vous cache pas que dès les premiers jours, nous avons entrepris un large éventail de consultations avec nos amis égyptiens présents sur la scène du soulèvement, qui nous ont eux-mêmes conseillé d’attendre un peu, car pour l’Egypte c’est un sujet très délicat. L’accusation d’écouter des voix étrangères, même si celles-ci sont amies et aimantes, suscite la méfiance dans ce pays et toute intervention étrangère dans les affaires internes du pays y est mal vue. Nous avons donc voulu ménager cette susceptibilité.
Aujourd’hui, tout cela est terminé. J’ai pourtant entendu ce que je craignais d’entendre sur certaines chaînes de télévision, mais ces accusations tomberont devant la volonté des Egyptiens et la pureté de leur action.
Aujourd’hui, nous clamons notre solidarité. Un des aspects de cette solidarité est de protéger cette révolution et cette intifada. Un des aspects de la protection de ce mouvement populaire historique et grandiose est d’en montrer le visage véritable. Tantôt, nous parlons de nos espoirs, nous y projetons nos rêves et nos pronostics et tantôt nous contactons les gens sur les places, nous les écoutons exprimer leurs slogans et leurs chants, nous parlons avec eux et nous les entendons exprimer eux-mêmes leurs attentes, leurs objectifs et leurs espoirs et raconter eux-mêmes leur intifada.
Je voudrais un peu de temps préciser en votre nom, à l’opinion publique autorisée à nous écouter, à accomplir une partie de notre devoir en exposant certains aspects véritables de cette révolution historique.
Premièrement, nous sommes devant une révolution populaire égyptienne nationale, à laquelle participent les chrétiens, les courants laïcs et islamistes, les courants nationalistes et toutes les tendances intellectuelles. Elle a porté dans la rue toutes les classes sociales, les jeunes et les vieux, les femmes et les enfants, les élites, les savants, les paysans et les ouvriers. Mais la présence la plus importante est celle des jeunes. Sur ce plan, nous nous trouvons donc devant une révolution complète.
Deuxièmement, cette révolution est issue de la volonté du peuple, de sa détermination et le fruit de son plan. C’est le peuple qui manifeste, qui donne des martyrs et des blessés ; c’est lui qui dort dans le plus grand dénuement dans les places publiques et c’est encore lui qui décide jusqu’où il veut arriver et ce qu’il veut faire. C’est lui qui décide, qui agit et qui exprime ses aspirations. Toutes les accusations de suivisme à l’étranger, quel que soit celui-ci, sont nulles et sont tombées face à la volonté du peuple égyptien et celle de ses courageux jeunes. Je reviendrai sur ce sujet.
Troisièmement, l’essence de cette révolution suscite de nombreuses interprétations. Certains estiment qu’il s’agit d’un soulèvement pour plus de justice sociale et contre la faim. D’autres considèrent qu’il s’agit d’un soulèvement pour plus de liberté et de démocratie et d’autres encore affirment qu’il est essentiellement politique, provoqué par les politiques étrangères du régime. Nous avons entendu beaucoup d’explications et chacun tente de pousser les choses vers son interprétation.
Les amis d’Israël et des Etats-Unis parmi les intellectuels, les élites et les commandements politiques et médiatiques veulent convaincre l’opinion publique mondiale qu’il s’agit d’un soulèvement contre la faim et l’injustice sociale. Pourtant, les manifestants dans les places publiques ne cessent de clamer à travers leurs slogans, leurs cris de colère et leurs déclarations d’espoir expliquent à chaque instant que cette révolution est un peut tout cela. C’est une révolution complète, dans le contenu, l’essence et la signification. C’est la révolte de ceux qui ont faim, de ceux qui aspirent à la liberté et de ceux qui rejettent l’humiliation de leur pays par les Etats-Unis et Israël et par la soumission à leur volonté. C’est une révolution politique, sociale, contre la corruption, l’oppression, la faim, la dilapidation des ressources du pays et contre les politiques du régime dans le conflit arabo-israélien.
Quatrièmement, un des devoirs face à cette révolution est de la mettre à l’abri des accusations de ceux qui veulent lui coller des accusations.  Parmi ces accusations, il y a celles que nous avons entendues dans la bouche certains génies dans notre monde arabe et selon lesquelles l’administration américaine, le Pentagone, le secrétariat d’Etat et les services de renseignements américains sont à l’origine de cette révolution et en coordonnent le moindre développement avec les jeunes.
En cette journée de solidarité, nous devons dire qu’il s’agit là d’une grande injustice. Toute personne musulmane ou arabe libre qui peut penser cela des jeunes de Tunis et d’Egypte est en train de commettre une grave injustice et insulte les cerveaux, la volonté et l’éveil de ces jeunes et de leurs peuples.
Lequel d’entre nous, chers frères et sœurs, pourrait croire que l’Amérique pourrait faire chuter un régime qui lui assure autant de services et protège aussi sincèrement ses intérêts et son projet dans la région et dans le monde ? Ce sont des propos illogiques.
Si nous écoutons les Américains -je parlerai plus tard des Israéliens- des deux partis, républicain et démocrate, et les éloges qu’ils ont faits de ce régime et de son chef, on ne peut pas croire qu’ils peuvent chercher à le renverser. Nous avions entendu ces mêmes propos au sujet de la révolution iranienne en 1979. Certains avaient même dit que l’imam Khomeiny travaillait pour la CIA. Cet homme avait été injustement traité, car si certains l’accusaient d’être proche de la CIA, d’autres l’accusaient d’être avec le KGB. Pour les premiers, la CIA agitait l’imam Khomeiny pour soutirer plus de concessions au régime du shah, alors pour les seconds, le KGB voulait à travers la révolution renverser le système américain. Mais les dernières décades ont montré combien l’imam Khomeiny était sincère, honnête et fidèle à ses principes, à son peuple et aux aspirations de la oumma. C’est aujourd’hui le cas du peuple de Tunisie et de celui d’Egypte.
Certes, les Américains cherchent à rattraper le train et à récupérer la révolution. Ils cherchent à la canaliser et à améliorer leur sinistre image dans le monde arabo-musulman. Ils cherchent à se présenter comme les défenseurs des droits et des libertés face à l’oppression et aux dictatures, après avoir protégé celles-ci pendant des cades. C’est d’ailleurs le principal danger auquel sont confrontés les peuples en révolte et les mouvements de résistance dans la région.
Depuis des années, nous lisons dans les médias et les études faites par les universités américaines dans de nombreux pays du monde arabe et islamique, sur les aspirations des populations ; ce qu’elles veulent et ce qu’elles refusent. Les résultats sont clairs, notamment au sujet des options stratégiques, et n’exigent pas des informations particulières. Mais comme d’habitude, nous sommes considérés comme des peuples qui ne lisent. C’était vrai dans le passé. Aujourd’hui, nous savons que les résultats de ces études font apparaître les éléments suivants :
La grande majorité des populations arabes et islamiques sont hostiles aux politiques américaines et les rejettent. Ce n’est pas là l’expression d’une hostilité contre le peuple américain. Nous découvrirons sans doute avec le temps que la majorité du peuple américain sont des gens simples qui ont d’autres priorités et ignorent ce qui se passent dans le monde.
La grande majorité des populations arabes et musulmanes sont hostiles aux politiques américaines pour de nombreuses raisons : l’appui inconditionnel américain à l’entité sioniste et à ses guerres depuis sa création jusqu’à la guerre contre Gaza en 2008, en passant par la guerre contre le Liban en 2006. L’appui inconditionnel américain aux régimes totalitaires et aux dictatures et leur alliance avec eux. Les guerres menées par les Américains eux-mêmes et leurs crimes en Irak, en Afghanistan, au Pakistan et dans d’autres pays du monde arabe et musulman. La clarté du mensonge américain, dans l’adoption de la politique des deux poids deux mesures dans tous les domaines, notamment en matière de droits de l(homme, de libertés et de démocratie.
Les analyses et les études américaines ont montré qu’il y aura de grands changements dans la région. C’est d’ailleurs ce qu’a évoqué Mme Clinton depuis quelques semaines, en prenant conscience que ces régimes collaborant avec les Américains et allant à l’encontre des souhaits et des aspirations de leurs peuples ne pourront pas tenir longtemps devant la détermination de leurs peuples hostiles à l’alliance avec les Etats-Unis et Israël. Les études ont aussi montré que ces dirigeants ne jouissent d’aucune considération et d’aucun respect auprès de leurs peuples. Alors que les personnalités engagées dans la défense de la cause palestinienne et contre la politique américaine dans la région occupent les premières places dans les sondages.
Ces études ne prouvent pas que les Américains aient planifié les soulèvements populaires, mais qu’ils attendent. Lorsque ces soulèvements se produisent, se tiennent au centre et ne cherchent pas à appuyer les régimes dictatoriaux et oppresseurs, profitant ainsi de leur expérience avec la révolution iranienne. Ils ont compris qu’un appui aux régimes totalitaires en période de soulèvement pourrait avoir des conséquences désastreuses pour eux, pour leurs alliés et leurs agents. Ils se tiennent donc à l’écart, se présentant comme les protecteurs des populations et tentant d’assurer une transition du pouvoir qui protège leurs intérêts, leurs alliances et leur projet.
Je le répète, tout ce qui intéresse les Américains, ce n’est pas l’identité de ceux qui sont au pouvoir, mais dans quelle mesure ils protègent leurs intérêts et ceux d’Israël. Ils peuvent même être des islamistes, cela ne compte pas pour les Américains qui ne mettent un véto contre personne, ni cheikh, ni laïc, ni patriarche ni évêque, l’essentiel étant pour eux, qu’il préserve leurs intérêts et ceux d’Israël.
Pour conclure cette partie, je voudrais dire que nous ne devons préserver l’intégrité de la révolution égyptienne. Nous ne devons pas nous leurrer par l’attitude « neutre » des Etats-Unis et croire qu’ils la protègent et la dirigent.
Cinquièmement, le peuple d’Egypte et ses jeunes doivent prendre de l’impact de leur révolution populaire sur les équilibres du monde et de la région. Cette révolution s’est imposée en quelques jours comme un événement mondial auprès des Etats et des opinions publiques internationales. Il suffit pour le peuple égyptien de voir le cafouillage dans les positions des puissances de ce monde et de leurs alliés qui ne savent pas quelle attitude adopter face à cette révolution. Le plus important pour nous au Liban, en Syrie et en Palestine, c’est le sujet israélien. En 14 jours, les jeunes et la population d’Egypte ont provoqué une véritable panique en Israël. Nous entendons les Israéliens parler de révision stratégique. Il y a une unanimité en Israël pour évaluer le régime égyptien et les services qu’il a rendus à l’entité sioniste depuis la signature des accords de Camp David jusqu’à aujourd’hui. Ecoutez-les parler de la place du régime égyptien dans le concept de la sécurité nationale israélienne et leurs appels pour une révision rapide des stratégies de cette sécurité. Même dans les détails, Netanyahu s’est empressé d’appeler à la construction d’un mur électronique à la frontière avec l’Egypte. Des appels ont été lancés pour une reprise du contrôle de la frontière entre l’Egypte et Gaza et pour reconstituer les unités militaires dissoutes après les accords de Camp David. Israël parle aujourd’hui avec beaucoup de tristesse de la perte d’un allié stratégique fort, après celle du shah d’Iran en 1979 et en partie de la Turquie à cause des ses agressions contre le Liban et Gaza et à cause de ses crimes contre la flotille de la liberté. Israël est unanime pour vouloir défendre cet allié stratégique et critique l’attitude de l’administration américaine.
Avec beaucoup d’arrogance et de cynisme, les Israéliens ont estimé que les dictatures protègent mieux leurs intérêts que les régimes démocratiques et ils ont déclaré aux Américains : vous êtes en train de jouer un jeu dangereux pour l’existence de l’entité israélienne. Je voudrais encore dire au peuple égyptien qu’Israël cherche par tous les moyens et en exerçant diverses pressions à maintenir le régime actuel en Egypte.      
C’est une partie du paysage actuel. Il y en a un autre, celui d’un peuple qui veut faire chuter ce régime, qui a rempli les places et donné des centaines de martyrs et de blessés dans ce but. Je pose donc aujourd’hui la question aux autorités religieuses dans le monde arabe et islamique, aux intellectuels, aux élites et aux ulémas : dans quel camp vous situez-vous : dans celui d’Israël qui protège un régime dictatorial pou dans celui du peuple qui veut renverser ce régime ?
Aujourd’hui, la seule approche précise et conforme à la réalité est celle-ci. Je dis aux autorités religieuses et à tous ceux qui croient au Jour du Jugement que Dieu nous demandera des comptes sur notre position en ce moment historique et le Jugement final sera dur/ Ca il ne s’agit pas du sang d’un homme, d’une femme ou d’un enfant tué, ni du pain volé aux pauvres et aux affamés, mais de la cause d’un peuple et d’une oumma, de l’avenir, du passé et des croyances de tout un peuple. Ceux qui se tiennent au centre ou appuient le régime devront rendre compte de cette position et des conséquences de cette position sur la suite des événements, surtout si à Dieu ne plaise, la révolution ne devait pas aboutir. Mais ceux qui se tiennent  aux côtés du peuple auront la dignité sauve devant Dieu car leur position historique a jeté les bases de l’avenir pour les générations à venir.
Je dis à tous ceux qui croient en la dignité humaine, en la liberté, en la justice et en la conscience : vous devez trancher et vous tenir aux côtés du peuple et des jeunes dans leur soulèvement courageux. 
Au peuple d’Egypte et à ses jeunes, je dis : nous n’intervenons pas dans vos affaires internes. C’est vous qui décidez de votre action, de ce que vous pouvez accepter ou refuser. Vous avez des amis, des frères, qui voudraient vous exprimer leur foi dans la grandeur de votre action et dans l’importance de ce soulèvement qui marquera l’Histoire de la oumma et de la région. Votre action et votre victoire changeront la face et l’avenir de la région, en faveur des peuples, surtout en Palestine.
Vous êtes en train de mener aujourd’hui, la bataille pour la dignité arabe. Avec votre détermination, vos cris et votre sang, vous redonnez à l’homme arabe sa dignité bafouée par certains dirigeants durant des années de défaite et de reddition. Ce que vous faites aujourd’hui n(‘est pas moins important que la résistance libanaise en 2006 ou palestinienne pendant la guerre de Gaza en 2008.
Dans les visages de vos martyrs, jeunes d’Egypte, nous voyons les traits des nôtres et dans les gémissements de vos blessés, nous entendons ceux des nôtres. Dans votre détermination et votre résistance, nous reconnaissons celles de nos héros au Liban et en Palestine. Vous venez de confirmer que l’Egypte est « la mère du monde »et vous portez les espoirs d’une nation entière qui veut reconstruire son avenir et définir ses choix.

Traduction: Soraya Hélou


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person عبد الرؤوف

تحية من شعب تونس

باسم الشعب التونسي أوجه تحية إلى سيد المقاومة السيد حسن نصر الله الدي نكن له كل الإحترام و التقدير.
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