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Le spécialiste des Affaires turques Mohamad Noureddine: le rapport israélien est un abus supplémentaire contre les Turcs

Le spécialiste des Affaires turques Mohamad Noureddine: le rapport israélien est un abus supplémentaire contre les Turcs
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La tension entre la Turquie et "Israël" est revenue sur la scène politique internationale et régionale après l’émission du rapport de la commission d’enquête israélienne accusant les victimes turcs d’avoir attaqué les soldats israéliens qui étaient "en situation de défense légitime".

Interview - Fatima Ali

« Moqawama.org » a rencontré le journaliste et spécialiste dans les affaires turques M.Mohamed Noureddine, pour plus mettre la lumière sur cette affaire et l’avenir des relations turco-israéliennes.

1. Que pensez-vous du rapport de la commission israélienne chargée de l’enquête sur l’attaque sur la flottille turque « Marmara », surtout que le rapport a accusé les victimes turcs d’avoir attaqué les soldats israéliens qui -selon le rapport – étaient en situation de défense légitime ?

Dès sa création la commission israélienne a été refusée par le côté turc car le résultat était couru d’avance. La décision d’attaquer le navire "Marmara" et la flottille d’aides humanitaires en route pour Gaza n’a pas été prise au même moment; nous étions devant un ordre émis par le gouvernement israélien.
Les Turcs ont refusé cette commission à partir du moment de sa constitution et ont appelé à la formation d'une commission d'enquête internationale. Cette commission a commencé ses travaux en août dernier après sa formation par le Secrétaire général des Nations Unies. Au lendemain de la publication du rapport israélien dans sa version finale, le gouvernement turc a déclaré à travers son premier ministre Recep Tayyip Erdogan que ce rapport manque de crédibilité. Au delà de ceci, j’estime que la publication du rapport avec un tel résultat, et après plusieurs initiatives turques visant à améliorer les relations avec "Israël" se considère comme un abus supplémentaire contre les Turcs par les Israéliens surtout qu’"Israël" n’a pas laissé un moyen permettant l’amélioration de ces relations.

2. Comment, selon vous, réagira la Turquie suite à la publication de ce rapport, surtout que le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a annoncé que la Turquie "va poursuivre cette affaire»?

Il n'y a aucun doute que la première réaction turque face à l'agression israélienne et les étapes ultérieures prises par le gouvernement turc portaient une sorte de confusion et d’hésitation; dans le sens où les exigences turques étaient au début élevées mais aujourd’hui, les Turcs ne demandent à "Israël" que de s’excuser et d’offrir une compensation aux familles des victimes. Malgré que leur première exigence était de lever l’embargo sur Gaza. Toutefois, "Israël" n’a pas répondu à ces deux exigences turques.
De même, et contrairement à "Israël", la Turquie n’a pas établi une commission d’enquête officielle pour sa part; elle a renvoyé la question à la commission d'enquête formée par l'ONU, qui n'a pas encore publié son rapport.
Je pense que les Turcs ne peuvent qu’attendre la publication du rapport de la Commission onusienne et que la balle est dans le camp d'"Israël"; et que l'amélioration des relations dépend des Israéliens et la manière dont ils se comporteront face aux exigences turques.

3. Pensez-vous que les résultats de l'enquête internationale seront différents de ceux du rapport israélien récemment publié?

La composition de la commission mise en place par Ban Ki-moon n'a pas été rassurante pour le côté turc, surtout qu’elle est présidée par l'ancien Président de la Colombie qui est connu pour ses bonnes relations avec "Israël". Mais si cette commission parvient à émettre son rapport, je crois que les résultats seront neutres en imputant à "Israël" une certaine responsabilité. En tout cas, je ne pense pas que le rapport reprochera "Israël", surtout que ce dernier n’a pas donné son approbation quant à la formation de cette commission qu’après avoir reçu des garanties concernant les résultats de l’enquête.

4. Croyez-vous que la présentation des excuses par les Israéliens et les indemnisations pourront rétablir les relations turco-israéliennes?

Je pense qu’il y a trois niveaux sur ce plan: le premier se relie au peuple et là je ne pense pas que les excuses d'"Israël" ou une quelconque compensation pourront diminuer la colère et la haine des Turques envers "Israël" et ses politiques. Le deuxième niveau se relie aux relations entre les deux pays et qui répondent aux accords signés et je pense que cela continuera avec ou sans les excuses; cependant, nous voyons que ces relations sont encore fortes et persistantes à tous les niveaux. Au troisième niveau, nous pouvons voir un changement quant à la nature ou la reprise des contacts entre les hauts responsables turcs et israéliens, c’est-à-dire au niveaux du premier ministre et président. Mais cela ne se fera pas d’une manière gratuite de la part des Turcs; car la Turquie s’attend aux prochaines élections où le parti de la Justice et du développement ne peut pas se montrer comme s’il court derrière la reprise des contacts avec les Israéliens surtout après la perte des victimes turcs tués par "Israël".

5. La tension entre les deux pays a-t-elle eu un impact sur les relations économiques?

Le paradoxe flagrant apparaît dans le fait que malgré que l’attaque contre la flottille est un précédent dans l'histoire des relations entre les deux pays, et que c’est la première fois que nous assistons à une effusion du sang turc provoquée par un pays étranger depuis la fin de la première guerre mondiale, nous avons vu que la Turquie s’est limitée à geler une partie des accords militaires tels que les manœuvres militaires sans prendre une décision visant à annuler complètement toutes les manœuvres qui peuvent se dérouler dans l'avenir. La Turquie a refusé aussi le survol de son territoire par les avions israéliens. Mais malgré tout, ces mesures demeurent modestes. L'essentiel c'est que les relations économiques entre les deux pays non seulement n'ont pas diminué mais ont augmenté de manière inattendue et soudaine en 2010 et même après l'attaque sur la « Flottille de la Liberté » et dans les mois qui ont suivi l'agression contre la « Flottille de la Liberté ». Le taux des exportations turques vers "Israël" a augmenté de 40% en 2010 par rapport à l'année 2009; de même, les exportations israéliennes vers la Turquie ont augmenté de 20%. Les échanges commerciaux entre les deux pays ont donc augmenté de 30% en 2010.
La raison c'est que les deux pays et malgré toutes les tensions politiques entre eux jouissent d'une reconnaissance structurelle due au fait qu’"Israël" d'une part ne veut pas totalement perdre la Turquie et d’autre part, la Turquie ne désire pas amener les relations avec "Israël" à l'étape de la rupture pour plusieurs raisons liées au dossier de la Chypre, les relations avec les Etats-Unis et l'Union européenne, et l'adhésion de la Turquie à l'OTAN, alors que la Turquie - et en particulier « le Parti pour la Justice et le développement » - voit que les relations de la Turquie avec "Israël" font partie des relations de la Turquie avec l'Occident et les Turcs ne partiront pas vers la rupture totale avec "Israël", ce qui justifie l’évolution de ces relations depuis l'année dernière.

6. Comment "Israël" a-t-il été touché sur le plan stratégique après l’arrêt de ses manoeuvres militaires sur les territoires turcs ?

Je crois qu’"Israël" envoie un double message fort à la Turquie que cette dernière n'est plus une nécessite pour "Israël" dans les domaines militaires et non militaires et que les intérêts de la Turquie exigent de maintenir une relation plutôt bonne avec "Israël".
"Israël" exerce aussi une pression sur le gouvernement turc à travers l’établissement des alliances et la coopération avec les pays voisins de la Turquie, comme la Chypre, la Grèce et la Bulgarie. "Israël" envoie à la Turquie un message disant qu'il existe des alternatives à la Turquie, mais néanmoins je pense que la quête d'"Israël" pour établir de telles relations avec les pays occidentaux voisins de la Turquie n'est qu’un moyen de pression sur la Turquie pour l'empêcher de rompre ses relations avec "Israël". Je crois que même si la Turquie ne représente plus comme avant une nécessité pour "Israël", il n’est pas dans l’intérêt d’"Israël" de rompre cette relation avec un grand pays régional et musulman comme la Turquie.

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