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Sayed Nasrallah prédit au TSL des scandales pires que ceux de Wikileaks

Sayed Nasrallah prédit au TSL des scandales pires que ceux de Wikileaks
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Discours du secrétaire général du Hezbollah le 15 décembre 2010 à l’occasion de la dernière nuit de Achoura

Je souhaite ce soir évoquer deux thèmes, le second dépendant d’ailleurs du premier: le sujet israélien et celui du TSL, de
l’acte d’accusation et de leurs conséquences sur la situation du pays.
En réalité, dans notre région, le sujet essentiel est le conflit israélo-arabe. Tous les projets américains et occidentaux dans la région tournent autour de la Palestine, de l’existence d’Israël et des conséquences néfastes de cette existence sur les peuples et les gouvernements de la région.
Pour ne pas m’étaler sur les réalités historiques, je voudrais rappeler ce que j’ai déjà expliqué dans d’autres discours à
l’occasion des victoires enregistrées par la résistance. J’en parle donc aujourd’hui pour rappeler l’idée: aujourd’hui, le projet du Grand Israël n’existe plus. Non pas parce que les Israéliens y ont renoncé par noblesse d’âme, mais parce que la oumma s’y est opposée et a tenu bon, montrant l’incapacité des sionistes à réaliser ce projet. J’ai déjà déclaré que c’est la résistance palestinienne née dans les années 70 et qui a duré, ainsi que la guerre de 1973, au cours de laquelle les armées syrienne et égyptienne ont tenu bon, ainsi enfin que la résistance nationale et islamique libanaise et sa victoire de 2000 qui ont permis la fin de ce projet qui s’est concrétisée par le départ des troupes israéliennes du Liban la tête basse et sans la moindre compensation. Le 25 mai 2000, le projet du Grand Israël a été définitivement abandonné.
Aussitôt, l’idée d’un Israël superpuissant, dans les frontières de la Palestine, mais fort et en mesure d’imposer sa volonté aux gouvernements et aux peuples de la région, en mesure de leur imposer des gouvernements et des accords, a émergé et elle a été aussi abandonnée à cause de votre résistance au cours de la guerre de 2006 et de celle de nos frères à Gaza.
Aujourd’hui, l’image d’Israël qui fait peur aux gouvernements et aux peuples arabes n’effraie même plus les enfants. Israël n’est plus un Etat en mesure d’imposer ses conditions, de menacer ou même de décider seul de lancer une guerre.
Ces deux grandes réalisations sont le fait des résistances et des Etats qui les ont appuyés. Ceux qui étaient dans l’autre camp, partagent l’échec et sont partenaires de la défaite. Lors de la guerre de 2006, leurs visages étaient blêmes comme ceux d’Olmertz, de Haloutz, de Lévy et d’autres. Je ne parlerai pas d’eux aujourd’hui. Je préfère évoquer les honnêtes et nobles personnes qui ont réalisé les deux victoires, en dépit de l’appui international et parfois régional dont bénéficie l’ennemi israélien.
Cela ne signifie pas qu’Israël est devenu faible et qu’il est facile de l’éliminer. Nous sommes réalistes. Israël possède encore de nombreux éléments de force, seulement Israël ne peut plus planifier pour ^le Grand Israël ou la superpuissance israélienne.
Actuellement, Israël cherche à reconstituer sa force, à fortifier son armée et à reconstruire ses services de sécurité pour renforcer son front interne. Le résultat a été concluant au cours des derniers incendies qui ont montré son incapacité interne.
Mais le plus grave est le fait qu’en raison d’un certain contexte régional et international, Israël accélère le processus de judaïsation de la Palestine et non plus seulement de Jérusalem. Ce qui signifie l’annonce d’Israël Etat juif. Les amendements des critères de la nationalité, les menaces contre les Arabes de 48, la destruction des maisons, des écoles et des mosquées dans le désert du Néguev et même dans la ville palestinienne de Lod, les décisions religieuses des rabbins interdisant la vente ou la location de maisons et de boutiques aux  Arabes, tout cela va se multiplier, en même temps que le fait d’encercler Jérusalem par les colonies, le partage de la Cisjordanie. Gaza restera encerclée et Israël travaille donc sur ce projet de garder la Palestine historique exceptée la bande de Gaza. En même temps, il multiplie les préparatifs militaires à tous les niveaux et dans tous les domaines, pour combler les lacunes apparues lors de la guerre de 2006 et celle contre Gaza. Il collecte aussi des informations sur la Palestine, la Syrie, l’Iran et le Liban. « L’axe du Mal » est en fait celui de la résistance. Au Liban, il ne s’agit pas seulement d’avoir un réseau d’espions, de contrôler les télécommunications, mais aussi d’installer des radars et des dispositifs d’espionnages sophistiqués qui envoient des photos en simultané, de jour comme de nuit, comme nous l’avons découvert récemment grâce à la coopération entre deux parties de l’équation en or, l’armée et la résistance. A cet égard, il faut remercier les soldats de l’armée, qui travaillent dans des conditions difficiles sur les cimes pour démanteler ces dispositifs.
Mais si nous voulons jeter un regard global, nous pouvons dire qu’Israël se trouve dans une impasse stratégique. Nous devons être réalistes : Israël n’est pas faible, mais il n’est plus ce qu’il était. Dans le nouveau contexte avec les changements régionaux, le recul du projet américain, la fin du régime du Shah d’Iran etc, Israël est devant trois choix :
Le premier est d’aller vers un compromis et de relancer les négociations avec les Palestiniens puis avec Damas et Beyrouth. Ce choix est rejeté par le gouvernement Netanyahu, par Liberman et par les Israéliens. Parler des négociations est une perte de temps et les Israéliens en profitent pour augmenter les colonies, pousser le peuple palestinien au désespoir et le priver de ses droits les plus élémentaires. D’ailleurs, les négociations n’ont abouti à aucun résultat depuis 18 et 19 ans. Imaginez-vous qu’on a proposé aux Israéliens des appâts considérables sécuritaires, militaires et financiers pour qu’ils gèlent les colonies pendant trois mois et ils ont refusé. En réalité, le projet israélien n’est pas de laisser naître un Etat palestinien, mais de contrôler toute la Palestine, sauf Gaza. La Cisjordanie sera une province autonome et tout le reste sera l’Etat d’Israël. Le compromis n’est donc pas une option, car Israël ne veut pas faire la moindre concession, ni aux Palestiniens ni à d’autres. Il y aura peut-être des rencontres pour gagner du temps et l’administration américaine a exprimé son désappointement, tout en essayant de solliciter les Arabes pour qu’ils fassent pression sur l’Autorité palestinienne afin qu’elle revienne aux négociations indirectes. Donc pour aller vers plus de perte de temps.
Le second choix est la guerre, pour sortir de l’impasse stratégique. Israël peut songer à recourir à une guerre contre le Liban, la Syrie, l’Iran ou Gaza ou tous ensemble. Ce choix n’est pas logique à l’heure actuelle. Tout en parlant de la guerre, les Israéliens (ce n’est pas de l’analyse, ce sont eux qui le disent) savent qu’aucune n’a désormais des résultats garantis. Autrement dit une guerre rapide et une victoire éclatante ne sont plus possibles. Toute guerre serait donc une aventure risquée pour Israël qui ne peut plus supporter des défaites comme celles de 2006 ou de Gaza. Les menaces s’inscrivent donc dans le cadre de la guerre psychologique.
Le troisième choix est le maintien du statu quo actuel : ni compromis, ni guerre, dans l’attente de développements régionaux et internationaux qui permettraient à Israël d’adopter un des deux premiers choix.
Israël préfère en réalité ce choix, car elle ne veut pas d’un compromis ni d’une guerre en attendant de compléter l’opération de judaïsation de la Palestine. Mais le problème dans ce choix est qu’il donne aussi le temps aux ennemis d’Israël de se préparer à la confrontation future. C’est un problème réel puisqu’il est clair que ni le blocus, ni les pressions sur Gaza n’ont réussi à détruire le moral des combattants palestiniens, ni à les affaiblir. Nous venons d’entendre les dernières positions du frère Ismaïl Haniyé devant des milliers de Palestiniens. De même, les Israéliens ne cessent d’évoquer la force grandissante du Hezbollah et leurs dirigeants vont dans le monde entier et particulièrement à Washington pour demander que l’afflux d’armes au Hezbollah s’arrête, alors que la Syrie et l’Iran continuent de se renforcer. En face d’Israël, il y donc des gens déterminés, convaincus que leur lutte est une chose sérieuse et qui travaillent jour et nuit pour se renforcer. L’autre problème qui se pose avec ce troisième choix est le recul des américains dans la région. En Irak, leur échec est clair, en Afghanistan et au Pakistan aussi. Israël qui compte sur les Etats-Unis voit ceux-ci en régression dans la région. Ils perdent leurs alliés, l’un après l’autre, l’Iran, puis la Turquie et si le monde est pris par le problème de la Corée du Nord, Israël sera petit à petit laissé à son sort. De plus, la haine contre Israël dans les mondes arabes et musulmans est en train d’augmenter, en dépit de toutes les tentatives pour enjoliver son image. Toutes ces données font qu’Israël est inquiet. Que doit-il faire dans ce cas ? Chercher à affronter les forces ennemies. Ses dirigeants sillonnent le monde pour obtenir l’application de sanctions contraignantes contre l’Iran et pour que le monde fasse pression sur la Syrie. Il fait le tour du monde pour obtenir l’adoption de la résolution 1559 qui vise à désarmer la résistance. Mais le plus grave est qu’il travaille sans relâche avec les Américains pour susciter une discorde entre sunnites et chiites et dans le monde arabo-musulman, qui est le seul moyen de sortir Israël de son impasse stratégique, puisque les pressions, les sanctions et la 1559 ont montré leurs limites. Même l’Egypte qui a signé un traité avec eux n’est pas laissée tranquille puisque les Israéliens et les Américains veulent y provoquer des conflits entre les chrétiens et les musulmans. Même chose en Irak, entre chiites et sunnites, entre musulmans et chrétiens et entre Arabes et kurdes. Cet objectif a un grand titre : la discorde entre sunnites et chiites. C’est comme cela que j’en arrive au dossier du TSL.
Le plus drôle dans l’affaire c’est que les Israéliens ne sont pas avares en paroles sur le sujet. Ils continuent de croire que les Arabes ne lisent pas. Ce qui reste vrai pour bon nombre d’entre eux. Mais les mouvements de résistance qui sont avant tout des mouvements intellectuels et culturels lisent correctement. Ils disent donc eux-mêmes sur quoi ils misent. Shaoul Mofaz, qui se présente comme le futur candidat à la présidence du parti Kadima et comme un futur Premier ministre probable a déclaré en gros : musulmans et Arabes un grand danger vous menace, celui représenté par les chiites, qui menacent aussi Israël. Il a même parlé de « microbe » chiite qui menace les sunnites et Israël et il a appelé avec arrogance à une alliance entre Israël et ce qu’il appelle les sunnites modérés face à la menace chiite. Ils n’ont aucune honte et élaborent des analyses sur base de procès d’intentions. Ils proposent une alliance aux sunnites, oubliant ce qu’ils ont eux-mêmes faits aux sunnites, depuis avant 1948 à nos jours. Les personnes massacrées en Palestine et celles dont les maisons ont été détruites et qui ont été contraintes à l’exode sont-elles sunnites ou chiites ? Permettez-moi d’utiliser un tel langage. Toutes les cibles des Israéliens sont des sunnites et ceux qu’ils menacent aujourd’hui, en Palestine, en Syrie, en Jordanie, en Egypte et ailleurs sont des Arabes sunnites. Les détenus dans leurs geôles sont aussi des sunnites. Comment un personnage aussi odieux que Mofaz peut-il oublier cela et proposer une alliance aux « sunnites modérés ». Même ceux qu’ils ont tués au sein de la flotille de la liberté sont des turcs sunnites. Et la Turquie a simplement posé comme condition pour reprendre contact avec Israël que les Israéliens présentent des excuses et versent des indemnités aux familles des victimes. Même   des excuses, Israël ne veut pas en présenter. Voilà le passé et le présent. Il est bon de le rappeler pour avoir en tête l’hypocrisie et l’arrogance des plans préparés par les Israéliens et les Américains pour notre oumma et pour nos pays.
La responsabilité des élites, des partis, des mouvements et des commandements politiques est d’être vigilants face à ce complot. Chaque musulman sunnite ou chiite peut contribuer à faire face à ce complot israélo-américain et peut au contraire servir ce complot même sans le savoir ni le vouloir. C’est notre responsabilité à tous de faire face à ce complot et cela exige de notre part un grand sens des responsabilités, de la sagesse, du recul et une lecture précise des développements dans la région et dans le monde. Faire face à ce complot relève de la responsabilité des musulmans et des chrétiens orientaux menacés dans leur présence dans la région. Israël ne se soucie pas de la présence des chrétiens dans la région. Si les Israéliens ont pu tromper un temps une partie au Liban, cela fait désormais partie du passé. Les Américains non plus ne se soucient pas de la présence des chrétiens dans la région. Ce qui compte pour eux, ce sont leurs intérêts.
La présence chrétienne dans la région est donc menacée. Je voudrais dire à certains d’entre eux au Liban et hors de ce pays : s’ils croient que le conflit sunnito-chiite au Liban peut renforcer leur position, ils se trompent. Nous avons tous vu les conséquences du conflit en Irak sur les chrétiens là bas. J’espère que le conflit entre sunnites et chiites n’aura pas lieu au Liban. Malgré cela, certains misent sur un tel conflit. Ce sont de faux calculs. Ce que cherchent ceux qui se tiennent derrière le conflit entre sunnites et chiites dans la région, est la destruction de la présence chrétienne et l’affaiblissement de la présence musulmane, puisqu’ils ne peuvent pas l’éliminer. Ils veulent affaiblir et briser les musulmans pour pouvoir revenir aux projets d’antan, le Grand Israël et la superpuissance israélienne ainsi que l’hégémonie américaine sur la région. Mais tout cela est désormais illusoire.
C’est dans ce cadre que nous plaçons le TSL et l’acte d’accusation qui devrait incriminer des membres du Hezbollah dans l’assassinat du président martyr Rafic Hariri. Nous devons affronter ce complot et travailler jour et nuit pour le combattre en profitant du temps pour nous renforcer. Je tiens à vous rassurer car c’est ce que nous faisons, alors que certains nous croient occupés par des questions politiques. Certains nous disent : ne vous laissez pas distraire de la résistance. Mais je leur réponds : ne vous inquiétez pas pour elle. Et si Dieu le veut, comme vous avez misé sur elle dans le passé et vous avez gagnez, cette résistance continuera à relever les défis dans l’avenir.
En 2006, les médias ont commencé à dire que l’enquête se dirigeait vers le Hezbollah. Cela a été aussi dit en 2007 et en 200_. Si je suis contraint à le faire, je dévoilerai un jour tout sur ce sujet. Mais en 2008, il n’était pas question d’éléments indisciplinés du Hezbollah, mais d’un groupe infiltré travaillant pour le compte d’un service déterminé. En 2009, Der Spiegel a écrit ce que vous savez.
Je voudrais dire que nous avons été informés, nous avons lu et nous avons entendu. Tout cela est connu de nombreuses personnalités libanaises et dans le monde depuis des années. Mais nous nous sommes tus parce que nous tenons au pays, à sa stabilité et à son calme. C’est pourquoi nous avons proposé une trêve d’un an mais nous savions que certaines parties travaillaient jour et nuit pour fabriquer un acte d’accusation impliquant contre le Hezbollah.
Nous n’avons jamais travaillé dans l’esprit de provoquer un problème au Liban ou de chercher un prétexte pour changer la situation politique, provoquer un renversement contre Taëf ou encore prendre le pouvoir. Si nous le faisions, nous pouvions passer à l’acte en 2008 et en 2009. Nous avons eu maintes occasions pour cela et même au début de 2010. Puis ont nous a dit d’attendre. Tout le monde attend décembre. Des personnalités du 14 mars attendaient décembre, tout en affirmant ne rien savoir du contenu de l’acte d’accusation. Mais lorsque nous avons vu que l’affaire prenait une tournure sérieuse, qui visait le Hezbollah et le Liban, nous avons décidé de ne plus nous taire. Je vous le dis, si Dieu le veut, des scandales pires que ceux de Wikileaks attendent le TSL. Ceux qui nous disent d’attendre connaissent depuis le premier jour le contenu de l’acte d’accusation. Ils en connaissent les détails et sont liés au dossier des faux témoins. Ils savent tout. Tous les indices confirment ce que je dis et le jour viendra où tout deviendra clair. Face à tout cela, devrions-nous nous taire ? Non, nous devons lutter et affronter. Nous avons ouvert le sujet il y a quelques mois, car la date fatidique approche. Devions-nous attendre la publication de l’acte d’accusation et la réalisation des objectifs du complot ? Nous avons décidé de réagir. Mais nous l’avons fait en utilisant la raison, les éléments concrets et le dialogue. Nous n’avons pas été négatifs, nous n’avons pas organisé de manifestations, ni de sit in, nous n’avons pas paralysé le gouvernement, nous ne l’avons pas renversé et encore moins utilisé les armes. Pourtant l’acte d’accusation est annoncé pour bientôt et certains disent que M.Bellemare remettra au juge Fransen une enveloppe fermée, mais je vous l’assure, beaucoup de gens au Liban en connaissent le contenu. Selon les procédures, le juge Fransen six ou dix semaines pour évaluer l’acte d’accusation et s’il juge les indices suffisants, il le publiera, sinon il le renverra au procureur.
Nous savons que la situation se dirige vers la publication de l’a te d’accusation et nous n’avons pas pour autant eu recours aux procédés négatifs. Nous avons expliqué, donné des éléments discuté et voyez la réaction : si le Hezbollah se démène autant c’est qu’il est coupable. Si quelqu’un cherche à se défendre et demande d’attendre accusant le tribunal qui l’implique d’être politisé, d’utiliser des indices faux et politiques, cela devient-il une preuve de sa culpabilité ? Avez-vous une telle logique dans l’histoire ? De toute façon, avec la partie qui veut nous accuser nous n’en aurons jamais fini : si nous nous taisons, elle dira c’est la preuve de leur culpabilité et si nous réagissons elle dira la même chose. En fait, tout cela ne nous intéresse pas. Ce qui compte pour nous c’est d’accomplir notre devoir et celui-ci, selon notre évaluation, est de parler franchement avec nos alliés pour expliquer le sens que prennent les événements. Lorsque j’ai donc parlé de tout ce qui s’est passé en 2008 et 2009 à mes alliés au sein de l’opposition, ils m’ont dit : pourquoi vous vous êtes tus ? et j’ai répondu que je ne voulais pas provoquer une tension dans le pays.
Aujourd’hui, le temps presse et nous devons faire un effort pour nous défendre et défendre la résistance, qui est le testament des martyrs et l’espoir de l’avenir dans la confrontation avec l’ennemi israélien et dans la protection du Liban. Car ce qui est visé ce n’est pas seulement le Hezbollah, mais la destruction du Liban. Nous commençons par une question élémentaire: cette enquête mène-t-elle réellement vers la justice ? S’agit-il d’une enquête technique et professionnelle qui avance des indices et des preuves claires et indiscutables ?
En général, lorsqu’on mène une enquête on travaille sur plusieurs hypothèses. Or cette enquête n’en a utilisé qu’une, le Hezbollah. D’accord, mais où sont les autres ? Nous avons présenté des indices sur une piste israélienne, que sont-ils devenus ? Ils ont été ignorés et certains ont même minimisé leur importance.
Ensuite, une enquête qui fait l’objet d’autant de fuites, n’est ni saine, ni correcte. Vous pouvez poser cette question aux juges du monde entier. Or cette enquête a commencé à faire l’objet depuis le début. Son contenu se trouve désormais dans les salons et dans les colonnes des journaux.
Je vais faire une révélation. Lorsque Mehlis était le président de la commission d’enquête, son adjoint s’appelait Gerhard Lehman. Il était allemand et Mehlis comptait sur lui dans les interrogatoires. Cet officier des renseignements devait être le plus soucieux du secret de l’enquête, mais il est en fait le principal responsable des fuites. Je détiens des preuves à ce sujet et je les exhiberai si c’est nécessaire. Lehman n’a pas seulement donné des fuites, il a vendu, moyennant des sommes d’argent les pièces du dossier. Certaines personnes ont acheté ces pièces et me les ont remises. Bellemare protège les faux témoins et refuse de donner les documents au général Sayed, alors que l’ancien vice-président de la commission vend des documents de l’enquête. Il n’est pas seulement corrompu, mais aussi il n’est pas cher, entre 50 et 60000 dollars le document. Il m’a même été proposé par personne interposée d’acheter l’ensemble du dossier pour un million de dollars. Mais nous avons fait preuve d’avarice. Vous pouvez me reprocher cela. Mais je vous donne des faits. Une commission dans laquelle il existe des gens aussi corrompus peut-elle mener une enquête crédible et professionnelle ? Il se peut plus tard, pour des raisons politiques que d’autres membres de la commission dévoilent des enregistrements, des documents et des données dont nul ne peut encore mesurer l’importance.     
Où est le sérieux dans tout cela ? Nous avons exposé le dossier des télécommunications et on ne nous a pas répondus. Nous avons ouvert le dossier des faux témoins et ils nous ont répondu cela relève de la compétence du TSL. Celui-ci a répondu que ce dossier relevait des institutions libanaises. Nous nous sommes adressés au gouvernement et celui-ci refuse d’assumer ses responsabilités. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet mais je voudrais rappeler deux événements. Il y a eu il n’y a pas longtemps un double crime odieux qui a été appelé « l’assassinat des deux Ziad ». Parce que ceux qui ont été soupçonnés d’être les assassins étaient chiites alors que les deux adolescents appartenaient à une autre confession, et par crainte d’une discorde confessionnelle, le gouvernement a déféré le dossier devant la cour de justice. Même chose dans l’assassinat des frères Antonios, des bijoutiers qui ont été cambriolés avant d’être tués. L’assassin appartenait à une autre confession et pour éviter une éventuelle discorde, le dossier a été transmis à la Cour de justice. Or, l’affaire des faux témoins ne met pas seulement en cause des confessions, mais aussi les relations libano-syriennes. Elle a déjà provoqué une discorde et envenimé les relations entre le Liban et la Syrie. Malgré cela, ils refusent de déférer le dossier devant la Cour de justice. Veulent-ils réellement la justice et la vérité ? C’est la vraie question. Celui qui veut la vérité accepte-t-il une enquête menée de cette façon avec toutes les lacunes  déjà apparues ? Accepte-t-il des enquêteurs corrompus ? Accepte-t-il que les autres pistes possibles soient ignorées ? Accepte-t-il de laisser en suspens le dossier des faux témoins, alors qu’il sait parfaitement qui les a fabriqués ? Je vous dis ce soir la vérité: le TSL protège les faux témoins, car Mehlis et Lehman ont participé à leur fabrication et que des commandements politiques et sécuritaires libanais ont participé aussi à leur fabrication. Le gouvernement libanais les protège aussi alors qu’ils ont entraîné le pays vers la discorde pendant quatre ans. Ils ne protègent pas Mohammed Zouhair Siddiq et ses compagnons, mais ceux qui les ont fabriqués.
Nous avons déclaré que le TSL et l’acte d’accusation ne nous concernent pas. Nous ne cèderons pas et nous ne remettrons aucun des nôtres à qui que ce soit. Certains ont peut-être cru que l’affaire pourrait être réglée avec nous comme elle l’a été avec d’autres dans le monde, en remettant à la justice deux ou trois membres. Mais ce n’est pas nous qui faisons cela et qui trahissons la confiance placée en nous et surtout qui renonçons à notre dignité. Pourtant, nous avons laissé la porte ouvertes aux efforts de médiations, notamment syriens et saoudiens. Si nous voulions vraiment prendre le pouvoir, comme on nous accuse de le vouloir chaque jour, nous aurions fermé la porte aux médiations. Nous nous serions contentés de dire: nous sommes agressés et nous ripostons. Mais nous n’avons pas agi ainsi. Nous tenons au pays et en même temps, nous ne voulons pas que la résistance soit agressée.
A partir du moment où nous avons décidé de nous diriger vers la solution, certains ont commencé à miser sur la réussite de la médiation, alors que d’autres ont nié son existence, misant au contraire sur les initiatives du procureur et du TSL.
A ce sujet, je voudrais encore préciser deux points :
Nous travaillons dans le cadre d’un plan et d’une vision et tous nos amis et nos alliés qui sont comme nous convaincus qu’il y a un complot contre la résistance savent que nous agissons dans le cadre d’un plan. Je voudrais vous rassurer : Personne ne peut s’imaginer que nous voulons annuler la résolution du Conseil de sécurité. Nous n’avons jamais déclaré une telle chose et si un de nos frères a parlé d’annuler le TSL, cela n’a jamais été la position officielle du parti. Nous savons que lorsque le Conseil de sécurité adopte une résolution, il le fait sur la base d’un grand projet et d’une stratégie. Nous ne pouvons pas
l’arrêter. Certes, certains développements peuvent geler des résolutions. C’est le cas notamment de nombreuses résolutions adoptées au sujet du conflit arabo-israélien. Elles sont gelées mais pas annulées.
Nous avons voulu être pragmatiques : l’orientation dès le début de l’accusation contre la Syrie avait un objectif. Mais la résistance des Syriens et des libanais, ainsi que le fait que l’enquête n’ait pas trouvé un seul élément et les développements régionaux et internationaux a abouti à une impasse. En d’autres termes, il a été possible de mettre en échec la plupart des objectifs recherchés. Aujourd’hui, nous tentons de faire la même chose et je peux dire qu’un grand pas a été accompli dans ce sens au cours des 5 derniers mois, grâce à l’action du Hezbollah, de ses alliés et de ses amis, dirigeants, intellectuels, élites, partis politiques. Je voudrais donner un exemple : si l’acte d’accusation avait été publié et que le Hezbollah était resté silencieux, le pays aurait été dans l’inconnu. Imaginez un peu la gigantesque campagne médiatique commençant par la CNN qui aurait été menée pour vendre cet acte d’accusation. Nous n’aurions pas été en mesure d’affronter une telle campagne. Au contraire, nous avons pris notre temps pour exposer notre point de vue et il n’a pas été possible de détruire l’image de la résistance. Aujourd’hui, même si l’acte d’accusation paraît, il n’aura pas le même effet que s’il n’y avait pas eu la campagne du Hezbollah. Les sondages d’opinion dans le monde arabe et dans le monde en général, montre que beaucoup mettent en doute le contenu probable de l’acte d’accusation, car le Hezbollah avancé des preuves, des indices et des arguments logiques. Ils veulent que nous nous taisions, mais nous ne le ferons pas, même si on nous égorge.
Concernant le second point, je possède des informations selon lesquelles une fois l’acte d’accusation publié et ayant l’effet d’une bombe, les alliés du Hezbollah, notamment les sunnites parmi eux, devraient prendre leurs distances avec lui. Il y aurait une division dans les rangs chiites et certains alliés chrétiens et druzes du Hezbollah se retrouveraient en difficulté. Cela sur le plan local. Sur le plan arabe et internationale, de nombreuses parties qui nous appuient changeraient d’attitude, ne pouvant appuyer voire tolérer des criminels. Le Hezbollah sera isolé, en prélude à son affaiblissement puis à son élimination. Cet objectif a été détruit, car nous avons pris notre temps pour expliquer à nos alliés et à nos ennemis, avec des indices et des preuves notre positions. Et ils en ont été convaincus puisqu’ils défendent aujourd’hui le même point de vue que le nôtre.
Je voudrais aussi préciser que nous avons un rendu un fier service à ceux qui recherchent la vérité. Ils sont libres de ne pas vouloir le reconnaître. En 2000, nous avons libéré le Liban. Nous l’avons certes fait, à leurs yeux, pour le compte de l’Iran, de la Turquie, de la Syrie et même des Italiens, mais nous l’avons fait quand même. Nous avons ainsi montré que le TSL et le mécanisme qui le précède sont en train de s’écarter de la vérité et de la détourner.
Après l’évaluation profonde de l’action de la commission d’enquête, avec ses fuites, sa corruption, ses démissions et ses errances, n’est-il pas temps de revoir son travail ? Nous ne vous demandons pas de fermer le dossier de l’assassinat qui ne concerne plus un homme ou une famille, mais le pays tout entier et la oumma. Nous voulons simplement que l’on procède à une évaluation sérieuse et concrète des failles et des lacunes dans l’action du TSL et de la commission d’enquête.
Pour la précision, nous tenons à ce que la porte de la vérité soit ouverte en grand et cela ne peut se faire qu’à travers l’ouverture du dossier des faux témoins. Ce dossier est crucial pour comprendre qui a orienté l’enquête dans la mauvaise direction pendant quatre ou cinq ans. Nous avons réussi à alerter de nombreuses parties sur cette question et aujourd’hui, l’Arabie saoudite et la Syrie se sentent concernées. Le Qatar s’est joint aux efforts et l’objectif est de ne pas laisser le pays entre les mains de Bellemare, Fransen, Cassese et ceux qui les appuient. C’est désormais une responsabilité arabe, nationale, islamique et internationale.
En résumé, de nombreux objectifs ont été déjoués. Mais il en reste d’autres et le risque du complot continue de menacer le pays.
Au sujet des conséquences de l’acte d’accusation sur la scène interne, j’ai une proposition à faire à l’autre camp : puisqu’ils disent qu’ils ignorent le contenu de l’acte d’accusation et je veux bien les croire. Dans ce cas, qu’ils nous laissent affronter le TSL. Qu’ils évitent de prendre parti dans ce conflit, en défendant les faux témoins et nous sommes prêts à tourner la page du passé et à ne pas les considérer comme une partie.
Je répète que tous ceux qui apparaîtront impliqués dans l’affaire des faux témoins, nous ne voulons pas les juger. Dans ce pays, nul ne demande de comptes aux autres. Nous voulons seulement connaître la vérité.  Même pour les vérités de Wikileaks et d’autres, nous n’avons pas réclamé des comptes. D’ailleurs, nous connaissons beaucoup d’autres choses. A la fin de la guerre de 2006, nous avons décidé de tourner la page et de ne pas demander de comptes. Nous sommes prêts à rééditer l’expérience, mais ne soyez pas partie dans ce conflit et cessez de protéger les faux témoins.
Pourquoi défendez-vous le TSL et l’enquête ? Sur quoi vous basez-vous pour estimer que l’enquête est juste, sérieuse, professionnelle et mène à la vérité ? C’est cela la cause de la tension interne, non le fait qu’il y a un TSL qui veut nous agresser et contre lequel nous nous défendons. Si certains de nos  frères utilisent un ton haut, c’est parce qu’ils se sentent blessés et qu’ils mesurent la gravité des menaces qui pèsent sur le Liban.
C’est pourquoi je le répète, laissez-nous affronter seuls le TSL. Nous sommes en mesure de le faire et de nous défendre et ensemble, nous parviendrons à protéger notre pays.
Certes, les efforts syro-saoudiens qui bénéficient d’un appui qatari et turc se poursuivent et ils ont notre appui. La maladie du roi a retardé le processus mais il se poursuit et nous devons tous aider à le faire aboutir, avant la publication de l’acte
d’accusation. Car, après cette publication, ce sera une toute autre situation. Nous mènerons alors des concertations avec nos alliés et nous prendrons les décisions qui s’imposent pour défendre la résistance de cette agression contre elle. Mais je vous le dis: nous ne sommes pas tendus ou inquiets, contrairement à ce que prétendent certains.
Nous ne sommes pas inquiets pour la résistance, mais pour le Liban, car celui qui fabrique l’acte d’accusation lui prépare une suite. Nous verrons comment l’affronter.
Sayed Nasrallah invite ensuite ses partisans à participer en grand nombre à la marche de Achoura pour témoigner de la vérité et montrer leur détermination à préserver la résistance et leur engagement en sa faveur.

Traduction: Soraya Hélou

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