Turquie: explosion devant un bâtiment de la police à Diyarbakir, 30 blessés

Au moins une personne est morte et une trentaine d'autres ont été blessées dans un attentat à la voiture piégée survenu vendredi matin près du siège de la police de Diyarbakir, une ville à majorité kurde dans le sud-est de la Turquie, ont indiqué des responsables de sécurité à l'AFP.
De nombreuses ambulances ont été dépêchées sur les lieux de l'explosion, indique l'AFP se référant aux responsables. Des coups de feu ont éclaté après la déflagration.
Plusieurs immeubles d'habitation voisins du bâtiment de la police ont été fortement endommagés, a constaté un journaliste de l'AFP sur les lieux.
«Des policiers ont tiré des coups de feu en l'air pour disperser des habitants en colère qui criaient des slogans antigouvernementaux», selon ce journaliste.
«Ne nous battons pas! Nous devons être solidaires aujourd'hui», a lancé un policier en direction des personnes rassemblées.
Véhicule piégé du PKK
Cette explosion survient quelques heures après l'interpellation des dirigeants et de députés du principal parti pro-kurde du pays dans le cadre d'une enquête «antiterroriste» en lien avec les rebelles du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK). Il n'était pas possible d'établir dans l'immédiat un lien entre ces deux événements.
L'explosion a été causée par «ce qui semble être un véhicule piégé utilisé par des membres de l'organisation terroriste séparatiste», une expression désignant le PKK, a indiqué le gouvernorat de Diyarbakir dans un communiqué.
Deux habitants de la ville ont affirmé à l'AFP avoir vu un minibus exploser devant le bâtiment de la police, situé dans le district de Baglar.
Les dirigeants du parti pro-kurde en garde à vue
Sur le plan politique, les deux coprésidents et plusieurs députés du HDP, principal parti pro-kurde de Turquie, ont été placés en garde à vue dans la nuit de jeudi à vendredi.
Selahattin Demirtas et Figen Yüksekdag, qui dirigent conjointement le Parti démocratique des peuples, ont été interpellés dans le cadre d'une enquête «antiterroriste» liée au PKK, selon l'agence de presse progouvernementale Anadolu.
Ces arrestations, ordonnées par le parquet de Diyarbakir (sud-est), représentent un coup de filet sans précédent contre le HDP, un parti farouchement opposé au président Recep Tayyip Erdogan. Avec 59 députés, c'est la troisième force parlementaire du pays.
Au total, au moins 11 députés du HDP ont été placés en garde à vue, selon une liste diffusée par le parti et par le ministère de l'Intérieur. Parmi eux, figurent des poids lourds, comme Idris Baluken, président du groupe parlementaire HDP, et Sirri Süreyya Önder, figure respectée de la cause kurde.
Une perquisition était en cours vers 04H00 (01H00 GMT) au quartier général du HDP à Ankara, selon les images retransmises en direct par la chaîne d'information NTV.
«Le HDP appelle la communauté internationale à réagir contre ce coup du régime d'Erdogan», a déclaré le parti sur son compte Twitter.
Ce vaste coup de filet nocturne intervient dans un contexte très tendu dans le sud-est à majorité kurde de la Turquie, ensanglanté par des combats quotidiens entre forces de sécurité et membres du PKK, une organisation classée «terroristes» par Ankara, Washington et Bruxelles.
M. Demirtas et Mme Yüksekdag font l'objet de plusieurs enquêtes pour des liens présumés avec les rebelles kurdes. Selon Anadolu, leur placement en garde à vue a été décidé après qu'ils eurent refusé de répondre à des convocations judiciaires.
Source: agences et rédaction