noscript

Please Wait...

Sayed Nasrallah : J’accuse "Israël" de l’assassinat de Rafic Hariri (3 Août 2010)

Sayed Nasrallah : J’accuse
folder_openCommuniqués de presse access_time depuis 15 années
starAJOUTER AUX FAVORIS

Discours-Dans le cadre de la célébration du quatrième anniversaire de « la victoire divine » de 2006, le secrétaire général du Hezbollah a prononcé un important discours devant un gigantesque rassemblement populaire dans la banlieue sud, en présence de nombreuses personnalités, dont des représentants des trois présidents, ainsi que ceux du général  Aoun et du commandant en chef de l’armée, alors que Taymour Joumblatt était assis non loin de l’ambassadeur d’Iran.

D’emblée et devant une foule en délire sayed Hassan Nasrallah a informé ses auditeurs qu’il célèbre aujourd’hui la victoire du Liban, avec son peuple, son armée et sa résistance, sur l’armée israélienne qui s’est crue invincible.

Il a précisé qu’il comptait commencer le discours par la guerre de 2006, mais les incidents de la journée l’ont poussé à commencer par l’attitude héroïque de l’armée face à l’agresseur israélien à Adayssé.

Le discours s’est articulé autour de trois titres : l’agression qui se poursuit et les responsabilités qu’elle engage, le dossier du TSL et les sommets qui se sont tenus au Liban et enfin, la guerre de juillet et les équations en vigueur.

Sayed Nasrallah a estimé que l’agression israélienne contre le Liban ne s’est jamais arrêtée. Les opérations militaires et les agressions générales, mais la guerre israélienne contre le Liban revêt plusieurs formes. Selon des statistiques établies depuis le 14 août 2006 jusqu’à aujourd’hui, il y a eu plus de 7000 violations israéliennes de la résolution 1701.

Le sayed a ajouté que le monde n’a pas bougé, et encore moins le Conseil de sécurité qu’il a invité à respecter ses propres résolutions, face aux violations israéliennes maritimes, terrestres et contre les citoyens libanais qui sont enlevés de temps en temps. Selon lui, l’agression d’hier est une des violations de la 1701. Certes, l’armée a réagi avec dignité, courage et constance et elle a eu deux martyrs tombés au champ d’honneur, tout comme la presse a perdu un martyr, ce qui n’est pas nouveau pour elle. Quant à la résistance, beaucoup se demandent comment elle s’est comportée et ce qu’elle fera par la suite. Elle était dès les premiers instants dans un état d’alerte maximale. Nous étions en contact avec nos frères au Sud et nous leur avons demandé de se retenir et d’attendre les instructions. La sagesse et la fidélité voulaient que la résistance se mette à la disposition de l’armée qui s’était chargée de la confrontation directe. La résistance a contacté le président de la République et le président de la Chambre pour les informer qu’elle n’entreprendra aucune action sans ordre de l’armée et elle était en contact avec le commandant en chef de l’armée pour lui dire qu’elle se tenait prête et l’appuyait, tout en restant à sa disposition. En tout état de cause, selon lui, le Liban a adressé un message fort à l’ennemi. « Le Liban a montré qu’il ne craint pas les menaces et ne tolèrera aucune agression, ni aucune violation. Il affrontera les agressions avec tous ses moyens. L’armée s’opposera à l’agression, en dépit de ses faibles moyens. Ce qui est d’ailleurs un spectacle affligeant, qui exige une solution de la part de l’Etat. Malgré cela, l’armée a fait preuve d’un courage immense et a provoqué la surprise chez l’ennemi. Elle a montré qu’elle se tenait aux côtés de la population, dont elle est elle-même issue. Cette armée n’a pas peur et ne s’enfuit pas comme le font leurs colons. En ce jour, l’équation de l’armée, la population et la résistance a connu un nouveau baptême de feu.

Le second message est la coordination totale entre l’armée et la résistance.

Selon Sayed Nasrallah, la discrétion dont a fait preuve le Hezbollah est due à plusieurs facteurs. L’un d’eux vise à dire qu’il y a une patrie et que c’est l’armée qui mène la bataille. Si les choses évoluent, il faut attendre ce que fera l’armée. Un autre facteur vise à  empêcher ceux qui ont de mauvaises intentions de dire que le Hezbollah veut faire une surenchère sur l’armée ou créer une diversion au problème de l’acte d’accusation. D’autres se seraient empressés de dire que le Hezbollah traduit les propos de Assad  et d’Ahmadinajad sur les risques de guerre qui grandissent et d’autres encore auraient prétendu qu’il s’agit d’une riposte aux sanctions contre l’Iran. Naturellement, ce sont des idées stupides. Je vous avoue que j’étais influencé par ces données. Heureusement l’affaire s’est arrêtée à ce stade. Si les choses avaient évolué, qu’aurions-nous fait ? L’armée représente le sacrifice et le courage, mais ce sont nos fils, nos frères  et c’est notre patrie. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés à les regarder se faire agresser. Je dois dire à l’ennemi que s’il porte de nouveau la main à l’armée, nous la lui couperons. L’armée protège la résistance et vice-versa et toutes  deux protègent le peuple. C’est la seule équation qui protège le Liban et préserve sa dignité.

Sayed Nasrallah a soulevé la question des bombes à fragmentation qui constituent un nouvel indice de la continuation de l’agression israélienne contre le Liban. Il a précisé qu’en quatre ans, 200000 bombes à fragmentation ont été neutralisées mais il en resterait encore un million laissées par Israël après la guerre de 2006, qui ont fait 306 blessés et 44 martyrs. Plusieurs ONG dont une relevant de la résistance travaillent sans relâche pour déminer et neutraliser les bombes, mais il faut encore du temps et des pressions politiques et diplomatiques et même médiatiques pour tenter de poursuivre l’ennemi en justice et ne pas le laisser échapper au châtiment. 

 Sayed Nasrallah est revenu sur la question des espions, qui est selon lui, un autre indice de la continuation de l’agression israélienne contre le Liban. L’ennemi a réussi à infiltré tous les secteurs et toutes les institutions, dont l’armée. Mais le plus grave reste le secteur des télécommunications qui lui permet de contrôler toutes les communications et de les manipuler à sa guise.  A cette agression sécuritaire continue correspond une réalisation sécuritaire continue. En moins de deux ans, cent espions ont été arrêtés, mais il y en a sans doute encore. Sayed  Nasrallah a appelé tous les services à continuer à démasquer les espions, tout en réclamant l’accélération de l’exécution des sentences capitales. Il a insisté sur la nécessité de ne pas être clément avec les espions pour n’importe quelle considération, confessionnelle, politique ou autre. Selon lui, ces espions qui ont contribué aux bombardements d’immeubles et causé la mort de Libanais pendant la guerre de 2006 ne doivent pas rester en vie.

Le sayed a estimé qu’un autre indice de la poursuite de l’agression israélienne est l’occupation des fermes de Chebaa, des collines de Kfarchouba et de la partie Nord du village de Ghajar. 

Il a invité l’Etat à se doter d’une vision stratégique pour défendre le pays, libérer le territoire et protéger les ressources. Il a insisté sur le fait que l’Etat est responsable de l’adoption de cette stratégie et que le Hezbollah reconnaît cela, rappelant que le Hezbollah n’a agi que lorsque l’Etat n’a pas assumé ses responsabilités. Désormais, avec l’équation armée-population résistance, c’est une expérience unique qui a permis de remporter des victoires historiques.

Dans le second volet du discours, sayed Nasrallah est revenu sur l’acte d’accusation du TSL. Il a repris les propos de Gaby Ashkénazi sur le contenu de l’acte d’accusation, qui, a-t-il précisé n’est pas un journaliste, mais le chef de l’Etat major de l’armée d’un pays considéré par l’Occident comme une oasis de démocratie dans la région. Il a aussi évoqué les informations véhiculées par les médias israéliens sur le sujet. Selon lui, ces médias évoquent avec beaucoup de joie et d’espoir ce qui attend le Liban après la publication de cet acte, en ayant l’œil sur la résistance.

Selon lui, même si peu en parlaient ouvertement, de nombreuses personnalités vivaient dans l’inquiétude de ce qui se tramait. Evoquant la double visite de Abdallah et Assad à Beyrouth, sayed  Nasrallah a affirmé que le Hezbollah est favorable à tout rapprochement entre les Arabes, surtout les S-S (Syriens et Saoudiens), d’autant que tout éloignement entre les Arabes se traduit d’abord au Liban. Il a rendu hommage à la visite de l’émir du Qatar au Sud et il a affirmé que le Liban attend aussi dans le même état d’esprit la visite du président Ahmadinajad à la fête du Fitr. 

Selon lui, la visite du roi Abdallah et du président syrien et le sommet tripartite avait pour objectif de protéger le Liban des plans ourdis contre lui. Il s’agissait de déployer des efforts arabes pour couper court à tous les rêves israéliens de semer la discorde au Liban. « Dans cette période, a-t-il dit, nous devons donc coopérer et appeler au calme, en attendant les résultats des efforts arabe. Je voudrais aussi rappeler que nous voulons la vérité, mais nous refusons l tromperie, la fraude et la politisation. Nous voulons la justice, car elle est un droit pour la famille du Premier ministre martyr, mais aussi pour tout le Liban ».

Sayed Nasrallah a affirmé qu’au cours de sa conférence de presse de lundi, il compte accuser Israël de l’assassinat du Premier ministre Rafic Hariri et précise qu’il détient des documents qui confirment sa thèse. Il a rappelé que depuis quelques mois, lorsque la direction des événements est devenue claire, le Hezbollah a constitué une équipe de professionnels qui a étudié tous les détails et revu les archives, qui n’ont pas été endommagées pendant la guerre de juillet et elle a rassemblé des indices importants. Cette équipe est même remontée jusqu’en 1993, lorsqu’il y avait des tentatives pour exploiter les divergences politiques avec l’ancien Premier Rafic Hariri et convaincre celui-ci et ses proches que le Hezbollah voulait l’assassiner. Le sayed a affirmé qu’il ne compte plus demander à ma commission d’enquête internationale de creuser la piste israélienne, mais il compte présenter à l’opinion publique des indices probants sur l’implication d’Israël dans cet assassinat. Il a ajouté que pendant quatre ans, l’autre camp a multiplié les accusations politiques, cela ne fait donc rien s’il compte, lui, lancer des accusations fondées sur des éléments concrets. J’accuse donc Israël d’avoir assassiné le Premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, a clamé le sayed, annonçant qu’il présentera des documents et des enregistrements ainsi que des films pour étayer ses affirmations. Le sayed a aussi annoncé son intention de dévoiler un secret qui consiste dans une opération rare dans l’histoire de la résistance islamique, importante dans le cadre de cette enquête. Il a ajouté que l’Etat libanais doit se sentir concerné et nous sommes prêts à coopérer avec l’instance locale de son choix qui souhaiterait enquêter sur les éléments en notre possession. Le secrétaire général du Hezbollah a insisté sur le fait que ces données ne sont dirigées contre le TSL, ni contre personne. Il a réitéré sa demande de former une commission d’enquête libanaise pour juger les faux témoins, ajoutant qu’il ne s’agit pas de vouloir la tête de qui que ce soit, mais de tenir un fil qui pourrait mener vers la vérité. Selon lui, tous les Libanais ont  été lésés par l’affaire des faux témoins et il est de leur droit de réclamer la vérité sur ce sujet.

Passant au troisième volet, Nasrallah est revenu sur le fait que la guerre de juillet était une grande décision qui visait à « éliminer » le Hezbollah, dans le cadre de l’édification du Nouveau Moyen Orient si cher à Condoleeza Rice. Le Liban était une partie du projet qui couvrait aussi la Palestine, la Syrie, l’Iran, l’Afghanistan. Le sayed a révélé qu’au début de la guerre de juillet, un leader libanais « aimant » lui a dit qu’il a contacté un leader arabe pour lui demander d’arrêter la guerre israélienne contre le Liban et ce dernier lui aurait répondu : Ne vous fatiguez pas, il existe une grande décision internationale d’éliminer le Hezbollah.  Rappelez-vous, a ajouté le sayed la réunion du G8 qui a publié un communiqué contenant un point concernant le Hezbollah…Il a affirmé qu’un membre de la délégation arabe qui s’est rendue à New York pour parler avec les membres du Conseil de sécurité lui a raconté que John Bolton aurait déclaré  que la guerre de juillet ne prendra fin que dans deux cas si le Hezbollah est éliminé, ou s’il lève les bras et livre ses armes en guise de reddition. Quelques jours plus tard, le même Bolton aurait pris de côté un des membres de la délégation et lui aurait demandé de déployer des efforts pour arrêter la guerre, car « nos amis les Israéliens sont en difficulté ».  « Ce représentant arabe, poursuit le sayed, m’a ensuite déclaré : Vous seuls avaient mis fin à la guerre. Que personne ne vous dise le contraire. Nous avons tenu bon et nous avons remporté la victoire. Je le dis aujourd’hui, l’ennemi fait de faux calculs et continue de le faire. Noam Chomsky avait affirmé que la guerre de juillet était une décision américaine avec une exécution israélienne, contrairement aux autres guerres israéliennes. Il ne s’agissait pas de l’affaire de deux soldats enlevés. Tout comme aujourd’hui, il ne s’agit pas d’un arbre qui cache la vue à Adayssé. L’ennemi misait sur l’effritement de l’armée et la voilà qui continue de les affronter avec courage. Il a misé sur le million de déplacés espérant qu’ils vont faire pression sur le gouvernement. Et ils vous ont trouvés, nobles vous étiez et nobles vous resterez…Nous avons tenu bon ensemble et nous avons remporté la victoire ensemble. Nous avons imposé la nouvelle équation. Je ne sais pas s’il y aura une guerre bientôt, mais l’expérience nous a montré que lorsque quelque chose se prépare sur le volet palestinien, une guerre est à craindre.  Mais l’ennemi n’a pas besoin de prétexte. Nous autres, nous devons nous tenir prêts. Depuis juillet 2006, la résistance cherche à établir de nouvelles équations pour protéger le Liban, basées sur des données réelles. « J’ai parlé de la terre, de l’eau, il reste le ciel et à ce sujet, a déclaré sayed Nasrallah, je voudrais maintenir le flou constructif ». Il a conclu en invitant les Libanais à rester vigilants face à la guerre psychologique menée par Israël pour leur faire peur et les faire douter d’eux-mêmes, ajoutant qu’il existe une véritable inquiétude au sein de la société israélienne à cause de la résistance, alors qu’elle avait misé sur le rejet des Libanais de cette même résistance. Sayed Nasrallah a conclu en rappelant les files qui sont retournées dans les villages détruits dès le 14 août 2006, ajoutant que le message le plus important adressé à l’ennemi est le suivant : les gens si nobles, qui ont donné de si nobles martyrs ne peuvent pas renoncer au chemin de la résistance.

//