Côte d’Ivoire: Aqmi revendique l’attaque terroriste de Grand-Bassam
Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) a revendiqué l'attaque d'une station balnéaire dimanche en Côte d'Ivoire, qui a coûté la vie à 14 civils, dont un Libanais, et deux membres des forces spéciales, selon le bilan fourni par les autorités ivoiriennes.

Six assaillants ont été tués par les forces de sécurité après avoir attaqué une plage et trois hôtels de bord de mer à Grand Bassam, une ville côtière située à une quarantaine de kilomètres à l'est d'Abidjan, très fréquentée le week-end, notamment par les Occidentaux.
«Dans un message posté sur l'un de ses comptes Telegram le 13 mars 2016, (Aqmi) a rapporté que trois 'héros' de son groupe avaient pu prendre d'assaut la station balnéaire», indique SITE, qui surveille les communications sur internet entre groupes extrémistes. La différence entre le nombre d'assaillants donné par Aqmi et celui annoncé par les autorités ivoiriennes n'a pu être expliquée dans l'immédiat.
«Malheureusement, le bilan est lourd», a déclaré le président Alassane Ouattara, qui s'est rendu sur les lieux. «Ces terroristes ont réussi à tuer 14 civils et (...) nous avons aussi perdu deux éléments de nos forces spéciales».
«Cette attaque a été maîtrisée en trois quarts d'heure de temps grâce à nos forces de sécurité», a ajouté le chef de l'Etat ivoirien. «Les forces spéciales ont mené des combats difficiles et réussi à neutraliser les six terroristes».
D'après le ministre de l'Intérieur Hamed Bakayoko, des ressortissants français, allemand, burkinabé, malien et camerounais figurent au nombre des tués.
«Un tir toutes les dix ou quinze secondes»
Selon des témoins, les tueurs, arrivés sur la plage par une allée, ont ouvert le feu sur les nageurs et les personnes prenant le soleil sur la plage, avant d'attaquer les hôtels, remplis de clients à l'heure du déjeuner.
«J'ai vu sept morts que j'ai filmés. Il y avait quatre assaillants. J'étais en train de nager quand les tirs ont commencé", a déclaré un témoin, Dramane Kima, qui a montré à Reuters une vidéo où l'on voit les corps de sept victimes.
Le témoin a également filmé des grenades et des chargeurs apparemment laissés derrière eux par les assaillants.
Les forces de sécurité sont arrivées pour évacuer les lieux autour de la plage. Des véhicules ou des fenêtres de bâtiments situés à proximité ont été criblés de balles.
«Ils ont commencé à tirer et tout le monde s'est mis à courir. Il y avait des femmes et des enfants qui couraient et se cachaient», a déclaré un autre témoin, Marie Bassole. «Ça a commencé sur la plage. Dès qu'ils voyaient quelqu'un, ils tiraient dessus.»
Les autorités ivoiriennes ont ouvert une enquête dès dimanche. Hamed Bakayoko a déclaré que la police scientifique ivoirienne avait en sa possession un téléphone portable qui permettra aux enquêteurs d'examiner toutes les ramifications et de remonter à la source.
De sanglantes attaques extrémistes ont visé ces derniers mois des hôtels de Bamako et Ouagadougou, les capitales malienne et burkinabé.
En janvier, un commando extrémiste a attaqué un hôtel et un restaurant du centre de Ouagadougou, faisant au moins trente morts dont trois Français.
En novembre dernier, une autre attaque terroriste avait visé l'hôtel Radisson Blu à Bamako, faisant 21 morts.
La Côte d'Ivoire, qui n'avait pas encore été touchée par la violence extrémiste, était toutefois considérée de longue date comme une cible par les groupes djihadistes. Elle était en état d'alerte renforcée depuis l'attaque de Ouagadougou.
Le président sénégalais Macky Sall, un autre pays considéré comme une cible potentielle pour Aqmi, a appelé les pays ouest-africains à renforcer leur coopération contre le terrorisme.
A Paris, le président François Hollande a déclaré dans un communiqué que la France apportait «son soutien logistique et de renseignement à la Côte d'Ivoire pour retrouver les agresseurs».
«La plupart de ces victimes sont des Africains, des Africains de Côte d'Ivoire ou des pays voisins. C'est donc l'Afrique qui est visée à nouveau par le terrorisme», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Jean-Marc Ayrault.
«Les Français sont nombreux en Côte d'Ivoire, ils sont près de 18.000, il s'agit de la troisième communauté française d'Afrique sub-saharienne après celles du Sénégal et de Madagascar», a-t-il rappelé.
Source : agences et rédaction