Le silence de Washington le rend complice des crimes d’Erdogan

Washington doit cesser d'évaluer les actions de la Turquie sous l'autorité de Recep Tayyip Erdogan comme à l'accoutumée, et doit désormais tenter de le faire de manière objective, a déclaré un politologue américain.
Il est temps que la Maison-Blanche considère les faits sur lesquels il est déjà impossible de fermer les yeux, a annoncé David L. Phillips, le directeur du programme sur le renforcement de la paix et des droits de l'homme à l'Institut de l'étude des droits de l'homme auprès de l'Université de Columbia.
Dernier fait d'armes d’Erdogan : mentionner de manière favorable «l'Allemagne nazie» lors d'un récent discours. Il entrave également le travail des médias et la liberté d'opinion, ce qui est confirmé par le fait que 34 journalistes sont maintenant en prison, y compris ceux qui ont été accusés «d'insulte au président».
Mais ce n'est pas tout. Le président turc bafoue la primauté du droit et a même usé d'un «impudent subterfuge» : il a relancé la «guerre civile» avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) avant les élections pour gagner les électeurs nationalistes. Les attaques contre le peuple kurde se sont dernièrement multipliées en Turquie sous prétexte de «la lutte contre le terrorisme».
En outre, la Turquie souffre d'une corruption endémique dans laquelle des membres de la famille d’Erdogan sont impliqués, a écrit David Phillips, ancien conseiller et expert en politique étrangère au Département d'Etat américain, dans son article pour The Huffington Post.
La politique étrangère turque soulève également de nombreuses questions. Au lieu de combattre le groupe terroriste «Daech», la Turquie apporte une aide aux combattants extrémistes : les soldats blessés reçoivent des soins médicaux gratuits dans les hôpitaux turcs et l'Organisation du renseignement national (turc, ndlr) leur ont fourni des armes, de l'argent et un soutien logistique. Bien que la Turquie proclame maintenant son opposition à «Daech», un grand nombre d'infrastructures qui soutiennent le terrorisme sont toujours en place.
La Turquie conduit également une forme de politique néo-ottomane dans les Balkans en favorisant un programme qui vise à étendre l'influence turque dans les anciens territoires de l'Empire ottoman. La Turquie exporte l'extrémisme sous couvert de mettre en place une coopération culturelle en construisant des mosquées et en finançant des syndicats dans les Balkans occidentaux.
Le président turc a refusé pendant presque un an l'accès à la base aérienne d'Incirlik, «primordiale» pour l'Otan dans sa «lutte contre Daech en Irak et en Syrie».
«L'administration américaine ferme les yeux sur les agissements pourtant scandaleux de M. Erdogan…», a déclaré M. Phillips.
Ce dernier a également expliqué que «la Turquie était depuis longtemps un allié indispensable de l'Otan aux marches de l'Union soviétique». Le monde a changé, la Turquie aussi. Sous la domination hégémonique de Recep Tayyip Erdogan, cette dernière a «abandonné les valeurs occidentales» et «ne sert plus les intérêts américains».
«L'administration Obama doit repenser et modifier son approche de la Turquie. Le silence déplorable de Washington le rend complice des crimes de M. Erdogan», conclut l'auteur de l'article.
Source: Sputnik et rédaction
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