Erdogan : «J’ai appelé Vladimir Poutine, il ne répond pas»

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déploré jeudi que son homologue russe Vladimir Poutine n'ait pas répondu à ses appels téléphoniques après que l'armée turque eut abattu un avion de chasse russe l'accusant d'avoir violé son espace aérien à la frontière syrienne.
«Après l'événement, j'ai appelé M. Poutine, mais jusqu'à maintenant M. Poutine n'a pas répondu», a déclaré le chef de l'Etat turc dans un entretien à la chaîne de télévision française France 24.
«Si nous avions su que c'était un avion russe, peut-être y aurait-il eu des mises en garde de nature un peu différente», a ajouté Erdogan.
«J'ai demandé une rencontre avec le chef de l'Etat russe Poutine à Paris, le 30 novembre, mais je n'ai pas encore reçu de réponse», a-t-il aussi déclaré.
Le président turc a également répondu jeudi aux accusations de complaisance avec les terroristes lancées par son homologue russe Vladimir Poutine en affirmant que l'engagement de son pays contre le groupe terroriste «Daech» était "incontesté".
Erdogan a en outre ajouté défié la Russie de prouver que la Turquie achetait du pétrole à «Daech», affirmant que «ceux qui nous accusent d'acheter du pétrole à Daech ont l'obligation de prouver leurs allégations».
«Si non, vous êtes des calomniateurs», a-t-il lancé en réagissant pour la première fois aux mises en cause russes.
Le ministre turc des Affaires étrangères Mevlüt Cavusoglu a exclu jeudi que la Turquie présente des excuses à la Russie pour avoir abattu un de ses avions militaires.
«Il n'y a pas de raison que la Turquie s'excuse pour une situation où elle a raison. Nous avons communiqué (à Moscou) notre tristesse quant à cet incident", a indiqué Cavusoglu lors d'un déplacement dans la partie nord de l'île de Chypre.
Moscou prépare des mesures de rétorsions économiques
Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev a quant à lui demandé jeudi à son gouvernement de préparer d'ici à deux jours une série de mesures de rétorsions économiques après «l'acte d'agression» de la Turquie.
Ces mesures concerneront aussi bien le commerce que les investissements ainsi que l'emploi de main d'œuvre, le tourisme, le transport aérien ou encore la sphère culturelle, a précisé le chef du gouvernement lors d'un conseil des ministres retransmis à la télévision.
«Je propose que tout cela soit fait dans un délai de deux jours afin de passer le plus vite possible aux procédures nécessaires», a-t-il précisé.
Sans entrer dans les détails, il a laissé entendre que des projets conjoints pourraient être suspendus, les droits de douanes augmentés, les déplacements des avions turcs dans l'espace aérien russe limités comme celui des bateaux turcs dans les eaux territoriales russes. L'utilisation de la main d'œuvre turque en Russie pourrait aussi être affectée.
Il a cité de possibles limitations aux importations de produits alimentaires turcs, alors que le ministère de l'Agriculture a annoncé dès jeudi matin un renforcement des contrôles, officiellement pour des motifs sanitaires.
Selon Medvedev, «des accords et projets d'investissements pourront être gelés ou tout simplement abandonnés», a-t-il prévenu.
La Russie a également dit ne toujours pas avoir reçu d'excuses de la part d'Ankara, deux jours après que l'avion de guerre russe a été abattu.
«Nous n'avons toujours pas entendu d'excuses claires de la part des dirigeants de la Turquie, ni de proposition pour compenser le mal et le dommage causés, ni de promesses de punir les responsables de ces crimes», a déclaré Poutine, lors d'une cérémonie retransmise à la télévision russe.
«Nous avons l'impression que les dirigeants turcs conduisent sciemment les relations russo-turques dans l'impasse. Nous le regrettons», a poursuivi le président russe.
Poutine a également dénoncé ceux qui «couvrent le trafic de pétrole, d'êtres humains, de drogue, d'œuvres d'art et d'armes», à l'origine de la majorité des revenus de l'organisation terroriste «Daech».
Source : divers et rédaction
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