Un compte Twitter contre «Daech» ouvert par la Grande-Bretagne

La Grande-Bretagne a ouvert un compte Twitter explicitement adressé à diffuser ses messages contre «Daech». Une illustration moderne de la politique de contre-propagande qui accompagne toute guerre.
Alors que la France a lancé son site internet «Stop-Djihadisme» en janvier dernier, le gouvernement de Grande-Bretagne a décidé d'ouvrir un compte Twitter directement adressé à «Daech», ou à ceux qui pourraient être tentés de rejoindre ses rangs.
Ces initiatives, renforcées par une censure croissante des comptes Twitter utilisés par les organisations extrémistes et leurs sympathisants (avec des méthodes parfois contestables), constituent autant de volets de la stratégie européenne consistant à mettre en place ce que la bienséance convient d'appeler un «contre-discours», ou ce que les historiens et militaires appellent une «contre-propagande» en temps de guerre.
Le compte britannique est appelé @UKAgainstISIL, c'est-à-dire «la Grande-Bretagne contre l'Etat Islamique (EI ou Daech)». Il n'y a donc aucune recherche de subtilité, l'ennemi est clairement désigné comme tel, et le Foreign Office britannique explique bien son intention de fournir sur ce compte des «informations à jour sur le travail continuel du gouvernement britannique pour vaincre l'EI».
Son premier message consiste à expliquer la stratégie britannique et à se vanter de ses résultats opérationnels. «Pour vaincre l'EI la Grande-Bretagne joue un rôle majeur dans la Coalition Globale», se félicite la vidéo publiée.
Et de poursuivre: «Nous supprimons militairement du territoire à l'EI, nous coupons les finances de l'EI, nous réduisons le nombre des combattants qui voyagent pour rejoindre l'EI et fournissons de l'aide humanitaire. Pour protéger les Britanniques chez eux nous avons déjoué des plans de terroristes liés à l'EI, empêché des gens qui voulaient faire du mal de parvenir en Grande-Bretagne, travaillé avec l'industrie d'Internet pour supprimer la propagande extrémiste et arrêté 203 personnes pour des délits liés au terrorisme en Syrie».
Le Guardian rappelle qu'en décembre 2013, les Etats-Unis ont eux aussi lancé un compte Twitter, «Think Again Turn Away» («Réfléchis-y encore et fais demi-tour»), dont la directrice de la firme de renseignement SITE Intelligence Group avait critiqué l'initiative dans le TIME.
Elle reprochait au compte de fournir des prétextes à réponses de la part des partisans de «Daech», qui faisaient valoir leurs propres points de vue et contestaient, par exemple, le bilan d'opérations militaires.
Le fait que les extrémistes aient de moins en moins accès à Twitter sous la pression politique, au point que ses dirigeants sont désormais menacés de mort pour leur censure, limite ce risque de voir l'ennemi répliquer à la communication destinée, avant tout, à son propre camp.
La soi-disant «Coalition internationale» a néanmoins pour elle d'avoir un contrôle sur les médias sociaux utilisés par l'ennemi pour communiquer, ce qui lui offre un petit avantage. Un avantage évidemment très maigre face aux moyens par ailleurs inhumains mis en œuvre par «Daech» lorsque, en particulier, il commandite des actions meurtrières contre les civils.
Source: sites web et rédaction