Trois activistes kurdes ont été retrouvées mortes dans la nuit de mercredi à jeudi, tuées chacune d'une balle dans la tête, dans les locaux d'une association de la communauté kurde du centre de Paris.
La Fédération des associations kurdes de France a annoncé que parmi les victimes figure Fidan Dogan, présidente du centre d'information kurde. Dogan (32 ans) était également la représentante en France du Congrès national du Kurdistan, a-t-elle précisé dans un communiqué. Selon la fédération, les deux autres victimes sont Sakine Cansiz, présentée comme une des fondatrices du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan, interdit en Turquie) et Leyla Soylemez, une jeune activiste. Deux des femmes auraient été tuées d'une balle dans la nuque, la troisième présentant des blessures dans le ventre et au front.
La section antiterroriste du parquet de Paris a été saisie et a confié l'enquête à la section antiterroriste de la police judiciaire. "La scène peut laisser penser qu'il s'agit d'une exécution, mais l'enquête devra éclaircir les circonstances exactes de ce drame", a précisé plus tôt une source policière.
Dès l'annonce de ces assassinats, des centaines de Kurdes se sont rassemblés devant l'immeuble. "Elles ne sont pas mortes", "Nous sommes tous PKK!", "Turquie assassin, Hollande complice!", ont-ils scandé, agitant des drapeaux à l'effigie du chef emprisonné des rebelles kurdes Abdullah Öcalan. La fédération des associations kurdes de France a appelé les Kurdes d'Europe "à se rassembler à Paris pour dénoncer cette attaque".
Ces assassinats surviennent au moment où, selon des médias turcs, Ankara et le chef emprisonné des rebelles kurdes Abdullah Öcalan se sont mis d'accord sur un arrêt des hostilités qui durent depuis 1984. Selon ces sources, cet accord prévoit, en plusieurs étapes, la suspension des attaques du PKK dès le mois de mars, en échange d'une réforme de l'Etat turc destinée à accroître les droits de la minorité kurde.
A plusieurs reprises par le passé, la justice française s'est intéressée à des affaires impliquant la communauté kurde, en particulier des dossiers de financement du PKK, via des extorsions de fonds ou la levée d'"impôt révolutionnaire".
En France, les Kurdes représentent une population de plus de 150.000 personnes, dont près de 90% sont des Kurdes de Turquie, selon une étude réalisée en 2006 par Rusen Werdi, experte de l'Institut kurde de Paris.