Le quotidien libanais Assafir a publié des câbles diplomatiques dévoilés l'année dernière par le site wikileaks, envoyés de plusieurs parties, surtout de l'ambassade américaine à Beyrouth, au
Département d’Etat américain. Les documents révélés par Wikileaks racontent la version américaine des évènements survenus au Liban du 7 mai jusqu'à 9 mai 2008.

Selon ces documents, le chef des "Forces libanaises" (FL) Samir Geagea est arrivé à huit heures du matin à l'ambassade américaine à Awkar pour une visite surprise. Il a proposé de déployer des "forces arabes pour maintenir la paix au Liban", formées de 5 000 soldats, appuyant la suggestion saoudite à cet égard. La chargée d'affaires américaine au Liban à ce temps, Michel Sisson a fait part dans sa dépêche qu'elle a informé Geagea de "la présence de 7000 à 10 000 soldats prêts à agir". "Mais nous avons besoin de votre soutien pour acheminer les armes par l'intermédiaire d'une opération terrestre maritime par exemple", a-t-elle ajouté. De même, Geagea lui a demandé de "soutenir le gouvernement de Fouad El-Siniora et de hausser le moral du chef du parti du Futur Saad Hariri, et du dirigeant druze Walid Joumblat".

 

Un autre document a révélé que M. Hariri a revendiqué "un plus grand soutien dans les heures prochaines, et non pas dans des jours", lors d'une réunion tenue le 12 mai 2008 avec Michelle Sisson. Il a proposé aux Américains de faire survoler "un avion américain au moins au-dessus de la Syrie comme signe de menace", ou de déployer leur sixième flotte maritime tout le long de la côte syrienne. "Les forces du 14 mars ne peuvent pas tenir pour longtemps devant le Hezbollah. Sinon, elles seront obligées de conclure un accord", a-t-il martelé, selon le document.

Un document daté du 13 mai a révélé que le directeur général des Forces de sécurité intérieure le général Achraf Rifi a exprimé sa préoccupation quant à la situation des habitants de la localité de "Tariq El-Jdidi", et des citoyens sunnites qui habitent dans des quartiers chiites. Selon le même document, Sisson a souligné que le chef des FL Samir Geagea l'a informée d'avoir rencontré Achraf Rifi le 12 mai, lui demandant de l'aider à acheminer des munitions d'autres pays.

L'un des documents wikileaks daté du 12 mai a confirmé ce fait. Sisson a signalé que Geagea l'a informée de la nécessité de mettre une stratégie à long terme pour faire face au Hezbollah, lors d'une visite nocturne à l'ambassade américaine en compagnie du ministre de tourisme Joseph Sarkis. Il lui a assuré qu'il œuvre avec Rifi à acheter des munitions pour les armes de sa milice et de la milice du député Walid Joumblat.

Le 12 mai, Sisson a rédigé un rapport sur deux réunions tenues le 11 mai avec le chef de l'armée Michel Sleiman, qui a qualifié les évènements du 7 mai "d'attaques cancéreuses du Hezbollah". Il a déclaré que "celui qui commet des actes de miliciens n'est pas une résistance". M. Sleiman a mis en garde contre ces actes, qui ouvreront un nouveau front dans le conflit sunnite-chiite au Moyen-Orient. Sisson a souligné à son tour que c'était la première fois que nous entendons "ce type d'expression de la part de Sleiman". "Par cet acte, vous avez créé de nombreux terroristes sunnites partisans d'Al-Zawahiri qui vont vous combattre", a-t-il déclaré à un député du Hezbollah.
Dans un document daté du 15 mai 2008, Sisson a dit que Joumblatt lui a fait part de sa volonté d'équiper les combattants du parti socialiste progressiste druze, en les armant secrètement, pour qu'ils se préparent pour le deuxième tour de lutte contre le Hezbollah. Elle a souligné que cet homme a planifié de reporter son voyage à Doha de trois ou quatre jours, avant de l'informer par téléphone qu'il est décidé de s'y rendre avec Saad el-Hariri après avoir reçu la bénédiction des Saoudiens. Il l'a également informée d'avoir accepté la formule gouvernementale de 10 - 10 -10, à condition que Hariri soit le premier ministre.

Selon le document, Joumblatt a tenu une réunion avec Sisson dans sa maison "très fortifiée" à Clémenceau, où il a demandé une aide des États-Unis, à travers l'ouverture de l'aéroport de Qleiat au nord. Il a également insisté sur la nécessité d'exercer des pressions sur les dirigeants israéliens, pour qu'ils arrêtent de prononcer des déclarations publiques soutenant le gouvernement libanais. Joumblatt a affirmé que la déclaration de la Ligue Arabe comprendra une formule acceptée par toutes les parties libanaises, stipulant l'interdiction de l'usage des armes dans des conflits intérieurs, selon le document wikileaks.

source: Assafir, traduit par moqawama.org