Soudan: Frappes de drones sur Port-Soudan pour le sixième jour consécutif, deux morts à Khartoum

Par AlAhed avec AFP
De nouvelles attaques de drones lancées par les paramilitaires ont touché jeudi le Soudan, notamment l'agglomération de Khartoum où Médecins sans Frontières a dénombré deux morts et de nombreux blessés, victimes de la guerre qu'ils livrent à l'armée depuis plus de deux ans.
La Chine a appelé jeudi ses ressortissants à quitter «immédiatement» le Soudan, après la parution d'un rapport d'Amnesty international démontrant que des armes chinoises fournies par les Emirats arabes unis aux paramilitaires, en violation de l'embargo onusien, sont utilisées dans le conflit.
La zone frappée dans la capitale Khartoum est contrôlée par l'armée, tandis que les paramilitaires, délogés de la capitale en mars, sont repliés dans le sud et l'ouest de la cité jumelle d'Omdurman.
«De nombreux blessés, dont la plupart sont des enfants, ont été transportés à l'hôpital Al-Naou, parmi lesquels deux jeunes filles déclarées mortes à leur arrivée», a déclaré MSF.
La Chine a précisé que son appel à quitter le pays «concerne les individus chinois et non les institutions», a indiqué son ambassade au Soudan dans un bref communiqué sur les réseaux sociaux, sans autre précision.
Les frappes de drones se sont multipliées ces derniers jours, marquant selon les experts, un tournant dans la guerre opposant depuis avril 2023 le général Abdel Fattah al-Burhane, dirigeant de facto du pays depuis un coup d'Etat en 2021, à son ancien adjoint, le général Mohamed Hamdane Daglo, à la tête des paramilitaires des Forces de soutien Rapide (FSR).
Jeudi matin, des drones ont ciblé la principale base navale au nord de Port-Soudan, siège provisoire du gouvernement, et les villes méridionales de Kosti, Tendelti et l'aéroport de Kassala, ont indiqué deux sources sous couvert d'anonymat.
Dans la soirée, des témoins ont rapporté des bruits de tirs de défenses anti-aériennes et des explosions au nord de Port-Soudan, en direction de la base militaire navale Flamingo.
Depuis dimanche, plusieurs sites stratégiques de Port-Soudan, ville clé pour la logistique de l'aide humanitaire, ont subi des dommages, dont l'aéroport civil, le dernier opérationnel du pays, une base militaire, une station électrique et des dépôts de carburant.
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a averti que les attaques «risquent d'augmenter les besoins humanitaires et de compliquer encore les opérations d'aide».
Il a déploré «le manque de volonté politique des parties de retourner à la table des négociations».
Face à ces attaques, les civils se sont précipités à la principale gare routière de Port-Soudan dans l'espoir de fuir.
«Tous les bus sont complets» et il faut réserver à l'avance, affirme Mahmoud Hussein, employé d'une compagnie de bus.
Bon nombre de ceux qui ont cherché refuge à Port-Soudan ont déjà vécu plusieurs déplacements, à mesure que la ligne de front déplaçait.
La guerre des drones
«Des bombes guidées chinoises GB50A et des obus AH-4 de 155mm» ont été identifiés grâce à l'analyse d'images de débris retrouvés après des attaques à Khartoum et au Darfour, dans l'ouest du Soudan, a affirmé jeudi Amnesty dans son enquête.
«Le seul pays du monde à avoir importé de Chine des obus AH-4 de 155 mm, ce sont les Emirats, en 2019», selon Amnesty qui s'appuie sur les données de l'Institut de recherche suédois Stockholm International Peace (Siri).
Selon l'organisation, «cela indique que les Emirats continuent de soutenir les FSR».
Mardi, le gouvernement soudanais a rompu ses relations diplomatiques avec les Emirats, en les accusant d'équiper les FSR «d'armes stratégiques et sophistiquées».
Abou Dhabi a toujours démenti toute ingérence dans le conflit tout en estimant que l'administration soutenue par l'armée «ne représente pas le gouvernement légitime du Soudan».
Jeudi, le ministère soudanais des Affaires étrangères a qualifié cette réponse d'«affligeante et ridicule».
Le conflit qui a tué des dizaines de milliers de personnes et déraciné 13 millions, a divisé en deux de fait le Soudan, troisième plus vaste pays d'Afrique.
L'armée contrôle à présent le centre, l'est et le nord du Soudan, tandis que les paramilitaires tiennent à l'ouest la quasi-totalité de la vaste région du Darfour et certaines parties du sud.
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