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D’Afghanistan au Malawi: Des millions d’enfants victimes des coupes de l’aide américaine

D’Afghanistan au Malawi: Des millions d’enfants victimes des coupes de l’aide américaine
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Par AlAhed avec AFP

Quand il sera grand, Ahmad, cinq ans, veut être «plus fort que Spiderman». Mais le rêve de cet enfant jordanien porteur d’un lourd handicap se heurte à la dure réalité: les coupes drastiques dans l’aide humanitaire américaine le privent d’accès à d’importants soins.

Comme lui, des millions d’enfants, sur tous les continents, souffrent du tarissement des financements américains après le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Tous ont en commun une grande vulnérabilité: ils sont des victimes de la guerre, du réchauffement climatique, de la pauvreté, de la maladie...

Affecté d’une malformation de la colonne vertébrale, Ahmad ne peut maintenir son torse droit et est paralysé des jambes. Ses pieds sont déformés. Il est aussi hydrocéphale.

L’enfant aux yeux rieurs effectuait, grâce à Handicap international (HI), des séances de kinésithérapie «pour renforcer ses membres supérieurs et lui permettre, plus tard, de marcher en s’appuyant sur des béquilles», explique son père Mahmoud Ibrahim Theeb Abdulrahman.

L’ONG devait aussi lui fournir, à terme, appareillages et prothèses, poursuit ce travailleur journalier de 30 ans, au salaire trop maigre pour financer ces soins.

Mais rien de tout ceci n’adviendra. Lorsque fin janvier l’administration Trump a mis en pause son aide humanitaire dite «non vitale», avant de décréter l’arrêt de multiples programmes, HI a dû fermer le centre de rééducation de Wehdat que fréquentait Ahmad dans la capitale jordanienne.

«Ils veulent me tuer»

Plus de 600 enfants se sont retrouvés du jour au lendemain privés de soins. Des prothèses déjà adaptées à la morphologie d’une trentaine d’entre eux, ainsi que des chaises roulantes, n’ont pu leur être délivrées, sur ordre de Washington.

Une décision «catastrophique», car «tous les mouvements appris, comme la marche ou l’équilibre, seront oubliés», soupire le Dr Abdullah Hmoud, ancien kinésithérapeute à Wehdat.

Lorsqu’il a compris qu’il ne verrait plus son kiné, «Ahmad a cessé de s’alimenter pendant trois jours. Il ne voulait plus se lever», se souvient Mahmoud. Avec la fermeture du centre de rééducation, «j’ai l’impression qu’ils veulent me tuer», chuchote son fils.

Le cas d’Ahmad se noie dans la masse d’histoires effroyables rapportées par le monde humanitaire depuis que les Etats-Unis ont annoncé supprimer 83% de leur aide.

Au Soudan du Sud, l’ONG Save the Children indique que des enfants malades du choléra sont morts en chemin vers une clinique trop lointaine, la réduction de l’aide américaine ayant entraîné la fermeture de nombreux centres de soins.

L’agence américaine de développement USAID, dont l’administration Trump a acté le démantèlement, soutenait à elle seule 42% de l’aide déboursée dans le monde avec ses 42,8 milliards de dollars de budget.

Des coupes «dévastatrices», notamment pour les enfants, exposés à des «risques» croissants d’être victimes de «travail forcé, traite ou mariage précoce», avertit Filippo Grandi, Haut commissaire onusien pour les réfugiés.

Globalement, les cas de la malnutrition, dont souffrent déjà 150 millions d’enfants de moins de cinq, risquent d’exploser.

«Des millions d’enfants (supplémentaires), malheureusement, vont souffrir d’un retard de croissance», de nature à altérer leurs capacités cérébrales et leur aptitude à mener une vie normale, craint Kevin Golberg, le directeur de Solidarités International.

A titre d’exemple, un programme de son ONG approvisionnant notamment en eau et nourriture des dizaines de milliers d’enfants – parmi quelque 240.000 déplacés internes – a été stoppé au Mozambique sur décision de Washington, dit-il.

Au Malawi, des dizaines de milliers d’enfants se voient aussi privés de repas scolaires, jusqu’ici payés par l’aide américaine. «Beaucoup devront quitter l’école», s’alarme une autre ONG, qui requiert l’anonymat par crainte de mesures de rétorsion américaines.

Les filles «ne peuvent que tomber»

Les premières victimes sont les filles, à l’éducation traditionnellement sacrifiée au profit des garçons. «C’est comme si on tirait le tapis qu’elles avaient sous les pieds», soupire une salariée de cette ONG. «Elles ne peuvent que tomber.»

Le Norwegian refugee council (NRC) déplore lui de devoir «réduire significativement son aide» aux femmes et filles d’Afghanistan. L’arrêt des financements américains l’a contraint à se séparer d’une partie de ses salariées, seules à même d’interagir avec des bénéficiaires féminines.

Dans un pays où règne «un apartheid de genre», selon l’ONU, Camilla Waszink, une cadre de NRC, se désole que «les dernières bouées de sauvetage de nombreuses femmes et filles leur soient retirées».

Dernier coup de massue à l’enfance, Washington devrait réduire drastiquement son soutien financier à la vaccination dans les pays pauvres.

D’après la directrice générale de l’Alliance du vaccin Sania Nishtar, ces nouvelles coupes, si elles sont confirmées, feront qu’«environ 1,3 million d’enfants mourront de maladies évitables grâce à la vaccination».

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