Meurtre dans une mosquée: Rassemblement anti-islamophobie à Paris

Par AlAhed avec AFP
Plusieurs centaines de personnes ont manifesté dimanche 27 avril contre l'islamophobie, après le meurtre d'Aboubakar Cissé, un jeune Malien tué à coups de couteau dans une mosquée du Gard deux jours plus tôt. Plusieurs personnalités politiques dont le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon ou la patronne des Verts Marine Tondelier étaient présents.
Deux jours après le meurtre d'un fidèle vendredi dans une mosquée du Gard, un rassemblement contre l'islamophobie a réuni plusieurs centaines de personnes dimanche 27 avril à Paris.
Une minute de silence a été respectée en mémoire d'Aboubakar Cissé, le jeune Malien âgé d'une vingtaine d'années, tué de plusieurs coups de couteau dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe.
«Nous sommes venus en soutien à Aboubakar. Derrière sa mort, c'est l'islamophobie qui se banalise en France», a déclaré Mariame, une trentenaire parisienne venue place de la République.
«L'islamophobie est normalisée. Au bout d'une heure de télé, on entend parler de musulmans. C'est de plus en plus tendu. On suffoque, c'est banalisé d'être raciste», a-t-elle complété.
«On a l'impression que les vies n'ont pas la même valeur, ce meurtre en est la preuve», a ajouté Kamel qui accompagne la jeune femme.
Après s'être exprimé au micro des organisateurs, Yoro Cissé présenté comme le frère de la victime d'Alès, a déclaré : «Cela m'a vraiment choqué, fait mal au cœur mais voir tout ce soutien me soulage.»
«Un climat islamophobe»
«C'est avant tout un acte de barbarie. Je n'aime pas ce mot racisme», a-t-il poursuivi, affirmant ne pas avoir vu son frère depuis un an. «Mon frère était très attaché à la mosquée. C'était quelqu'un de bien qui aime tout le monde et de très respecté», a-t-il complété.
Plusieurs personnalités politiques comme le leader de LFI Jean-Luc Mélenchon ou la patronne des Verts Marine Tondelier ont participé à cette manifestation dont l'appel a été relayé notamment par des partis de gauche sur les réseaux sociaux.
«Une ambiance, un climat islamophobe a été entretenu, cultivé, et des mois durant, et chacun jusqu'aux plus officiels, s'est senti autorisé à faire des déclarations dont sans doute, ils ne mesuraient pas toute la portée et toute la violence pour ceux qui avaient à la subir», a déclaré Jean-Luc Mélenchon à la presse visant le ministre Bruno Retailleau.
«Quand le ministre de l'Intérieur, dans une réunion (le 27 mars, lors d'un meeting contre l'islamisme), dit 'à bas le voile', imagine-t-on que quelqu'un ait crié à bas les crucifix ?», s'est-il interrogé. «Lorsque on entretient une telle ambiance, on ne doit pas s'attendre à autre chose que les esprits les plus dérangés y trouvent une justification pour leurs actes», a-t-il complété.
Le suspect toujours en fuite
Selon la presse française, le suspect toujours en fuite avait porté des dizaines de coups de couteau à un jeune homme d’une vingtaine d’années en train de prier, dans la mosquée de la petite commune gardoise de La Grand-Combe. Puis il avait filmé sa victime agonisante avec son téléphone portable, en répétant à deux reprises : «Je l’ai fait […]» et tenant des propos insultants envers l’Islam.
Les éléments officiellement communiqués sur le meurtrier sont pour l’instant peu nombreux : né à Lyon en 2004, «Olivier A.» est un homme de nationalité française, issu d’une famille bosnienne, dont une partie réside dans le Gard. Sans aucun antécédent judiciaire, il serait sans emploi.
Selon le procureur de la République de Nîmes, il est «potentiellement extrêmement dangereux» et il est «primordial» de l’interpeller avant qu’il fasse de nouvelles victimes. Dans «les propos décousus» que le jeune homme tient dans la vidéo qu’il a lui-même filmée vendredi juste après son meurtre, face à sa victime agonisante, il semble en effet «manifester son intention de recommencer», avait précisé samedi soir le magistrat.
Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a appelé les musulmans de France à «l’extrême vigilance», selon un communiqué. Le CFCM, qui fustige «les conséquences dramatiques de la banalisation et de la médiatisation de la haine anti-musulmane», recommande aux fidèles de ne pas rester seuls ou isolés dans les mosquées. Il a, en outre, appelé les pouvoirs publics «à déclencher immédiatement un plan national de protection renforcée des lieux de culte musulmans».