Syrie: mobilisation au conseil de sécurité avant les négociations

La réunion décisive du Conseil de sécurité de l'ONU destinée à discuter de la crise syrienne s’est transformée hier en une confrontation arabe aiguë entre la Syrie et le Qatar, terminée par une accusation explicite lancée par l’ambassadeur syrien à l’ONU au Qatar et à l’Arabie Saoudite, les condamnant du financement du trafic d’armes en Syrie.
M. Bachar Jaafari a réitéré le refus syrien du projet de résolution du Conseil, en insistant que « pour la Syrie, la souveraineté, l'indépendance et l'unité de ses territoires sont une ligne rouge ».
Tout en accusant les puissances occidentales et les pays membres de la Ligue arabe de « fomenter la crise », le délégué permanent de la Syrie à l'ONU, a assuré que Damas « fera fermement face à ses ennemis ».
M. Jaafari a mené une virulente attaque frontale contre les pays arabes, réservant l’essentielle de son offensive au Qatar, qui l’a accusé, avec l’Arabie Saoudite du « financement du trafic d’armes en Syrie ».
“Le Qatar est un membre de l'Otan ou de la Ligue arabe? Comment a-t-il procédé à la destruction de la Libye?”, s’est-t-il demandé.
De leur part, la Russie et la Chine, qui détiennent un droit de veto, ont réaffirmé leur opposition à une résolution qui réclamerait un changement de régime, dénonçant des ingérences dans les affaires syriennes.
Moscou a réaffirmé son opposition, jugeant ce texte « inacceptable » et prônant des négociations informelles entre régime et opposition.
« Nous rejetons toute possibilité de sanctions, toute tentative d'alimenter le conflit et de justifier une intervention militaire étrangère », a déclaré Vitali Tchourkine, le représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU.
Dans ce contexte, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a assuré, sur son compte Twitter, que « le projet occidental de résolution du Conseil de sécurité ne va pas vers un compromis ».
« L'imposer ouvrirait la voie à une guerre civile », a-t-il ajouté.
De même, le représentant permanent de la Chine à l'ONU Li Baodong, a annoncé que « son pays s'oppose fermement à l'utilisation de la force pour résoudre la question syrienne », en qualifiant cette pratique « une violation des buts et des principes de la Charte des Nations Unies, et également des normes fondamentales qui orientent les relations internationales ».
« La Chine soutient le projet de résolution proposé par la Russie sur la question syrienne », a-t-il martelé.
Toutefois, les Occidentaux sont montés au créneau pour réclamer une résolution « soutenant les efforts de règlement de la Ligue arabe », défendue par les Européens et des pays arabes mais bloquée jusqu’ici par la Russie et la Chine.
L’Américaine Hillary Clinton, le Français Alain Juppé et le Britannique William Hague ont notamment tour à tour réclamé que les 15 membres du Conseil adoptent une résolution dénonçant « la répression en Syrie et appelant à une transition démocratique à Damas ».
« Aujourd’hui, nous nous réunissons pour que cesse le silence scandaleux de ce Conseil », a lancé M. Juppé.
Mme Clinton avait précédemment affirmé que si le Conseil n’agissait pas rapidement en Syrie, « la crédibilité des Nations unies » s’en trouverait amoindrie.
« Il est temps pour la communauté internationale d’envoyer un message clair de soutien au peuple de Syrie », a-t-elle estimé.
Pour sa part, M. Hague a déclaré: « Nous devons être unis pour soutenir le plan de la Ligue arabe et c’est ce que je demande instamment à tous les membres du Conseil de faire cette semaine ».
À l’ouverture de la réunion, qui a duré jusqu'à deux heures du matin (temps de Beyrouth), le Premier ministre qatari cheikh Hamad ben Jassem al-Thani, qui préside le comité de la Ligue arabe sur la Syrie, avait dénoncé la « machine à tuer » de Damas.
« Nous venons devant votre Conseil pour vous demander de prendre vos responsabilités et traiter la tragédie humanitaire qui se déroule en Syrie », a-t-il déclaré.
Ensuite, le secrétaire général de la Ligue arabe, Nabil el-Arabi a appelé de ses vœux des « mesures rapides et décisives ».
La résolution en question, préparée par la France et la Grande-Bretagne avec l’appui du Qatar, du Maroc, des États-Unis, de l’Allemagne et du Portugal, s’inspire du plan de sortie de crise de la Ligue arabe en appelant « à la mise à l’écart de Bachar el-Assad et à la création d’un gouvernement d’union ».
Les Etats-Unis s'efforceront dans les discussions fermées, qui auront lieu dans les couloirs du Conseil de sécurité de l'ONU à huis clos, pendant les deux jours prochains, de rallier la Russie et la Chine au projet de résolution.
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