Ethiopie: explosion à Addis Abeba, plus de 80 blessés
83 personnes ont été blessées samedi par l'explosion d'une grenade lancée au milieu d'une foule immense venue écouter le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed dans le centre d'Addis Abeba, déclenchant un mouvement de panique qui a ensuite viré à la manifestation anti-gouvernementale, ont indiqué les services de sécurité.

Devant des dizaines de milliers de personnes réunies sur la place Meskel, M. Abiy venait de finir son discours et saluait la foule quand l'explosion s'est produite, provoquant un mouvement de foule vers l'estrade et des scènes de confusion.
Le Premier ministre a quitté précipitamment les lieux sain et sauf. Il a ensuite annoncé que plusieurs personnes avaient été tuées dans l'explosion, a rapporté la radio-télévision proche du pouvoir Fana Broadcast Corporate.
«Toutes les victimes sont des martyrs de l'amour et de la paix», a déclaré M. Abiy, selon Fana. Le Premier ministre a estimé que l'incident avait été planifié par des groupes cherchant à discréditer le rassemblement et son programme de réformes.
Son chef de cabinet, Fitsum Arega, a indiqué sur Twitter que l'explosion avait été provoquée par une grenade.
Il s'agissait du premier discours public à Addis Abeba de M. Abiy, 41 ans, depuis sa nomination en avril. Il en avait fait plusieurs en province, et celui-ci devait être le plus symbolique de sa campagne pour expliquer ses réformes.
Depuis sa prise de fonctions, après plus de deux années de manifestations antigouvernementales ayant coûté son poste à son prédécesseur Hailemariam Desalegn, M. Abiy a impulsé des changements majeurs, libérant nombre d'opposants emprisonnés et initiant une libéralisation de l'économie.
Il a aussi décidé de mettre un point final au différend avec l'Érythrée et opéré un important remaniement de responsables sécuritaires.
Après l'explosion, des dizaines de personnes ont envahi la scène dans la confusion totale, et commencé à lancer des objets divers vers la police en criant: «A bas, à bas Woyane», ou «Woyane voleur», en référence au surnom péjoratif utilisé pour qualifier le gouvernement.
Des échauffourées ont commencé à éclater entre spectateurs et des pierres ont été lancées en direction des journalistes, qui ont dû s'abriter. La police s'est d'abord gardée d'intervenir.
Des spectateurs ont ensuite arraché un drapeau éthiopien, pour le remplacer par un drapeau de l'ethnie oromo et un drapeau éthiopien ancienne version, en criant: «C'est le drapeau que nous voulons».
Après ces incidents, des dizaines de milliers de personnes ont continué à chanter dans le calme et à manifester leur mécontentement à l'égard des autorités. La police est finalement intervenue en lançant des gaz lacrymogène pour disperser la foule. A 12H30 (09H30 GMT), la place était complètement vide en dehors d'une forte présence policière, selon un journaliste de l'AFP.
Source: agences et rédaction