Turquie/putsch: plus de 10.000 fonctionnaires supplémentaires limogés

Les autorités turques ont limogé plus de 10.000 fonctionnaires supplémentaires après la tentative de coup d'Etat en juillet. La fermeture d'une quinzaine de médias est annoncée et des journalistes d'opposition ont été arrêtés.
Au total, 10.131 employés de l'Etat, notamment des ministères de l'Education, de la Justice et de la Santé, ont été limogés, selon ces décrets publiés samedi soir au Journal officiel, alors que de nombreux fonctionnaires ont déjà été touchés par des purges depuis le coup de force du 15 juillet.
Un rédacteur en chef arrêté
Ces décrets annoncent par ailleurs la fermeture de 15 médias, prokurdes pour la plupart. La police turque a arrêté le rédacteur en chef du quotidien d'opposition Cumhuriyet, a annoncé ce lundi l'agence Anadolu, tandis que la chaîne CNN Turk a affirmé que 13 mandats d'arrêt avaient été délivrés à l'encontre de journalistes et responsables du journal. Murat Sabuncu a été arrêté et les autorités sont à la recherche de Akin Atalay, le président du directoire, et du journaliste Guray Oz, a expliqué Anadolu. Mais selon le journal, qui dit ignorer la raison de ces arrestations, Guray Oz est déjà en détention.
Purge massive
Par ailleurs, la suppression des élections de recteurs dans les universités a été annoncée. Ils seront désormais choisis par le président Recep Tayyip Erdogan parmi des candidats sélectionnés par le Conseil de l'enseignement supérieur (YÖK). Ces mesures sont prises dans le cadre de l'état d'urgence instauré après la tentative de putsch de juillet. Les autorités turques accusent Fethullah Gülen, un prédicateur exilé aux Etats-Unis, d'avoir ourdi le coup d'Etat raté, ce que l'intéressé dément.
Depuis le putsch manqué, plus de 35.000 personnes ont été arrêtées en Turquie et plusieurs dizaines de milliers de professeurs, policiers et magistrats, notamment, ont été limogés ou suspendus.
Le rétablissement de la peine capitale va être soumis au Parlement
Dans le même contexte, le président turc a annoncé samedi que le rétablissement de la peine de mort serait soumis au Parlement.
Recep Tayyip Erdogan a déclaré que le rétablissement de la peine de mort serait soumis au Parlement, sans toutefois donner de calendrier, ajoutant que les critiques formulées à ce sujet par l'Occident «ne comptent pas».
«Bientôt, bientôt, ne vous en faites pas. C'est pour bientôt, si Dieu le veut», a déclaré M. Erdogan lors d'un discours à Ankara, en réponse à la foule qui scandait «nous voulons la peine de mort» pour les auteurs du coup d'Etat manqué.
«Notre gouvernement soumettra cela au Parlement. Et je suis convaincu que le Parlement l'approuvera et, quand cela arrivera devant moi, je le ratifierai», a poursuivi le chef de l'Etat turc.
Un éventuel débat parlementaire sur la peine de mort s'annonce tumultueux, à un moment où le gouvernement espère rallier des élus de l'opposition pour réformer la Constitution afin d'instaurer un régime présidentiel.
La peine de mort a été abolie en 2004 dans le cadre de la candidature d'Ankara à l'entrée dans l'UE et son rétablissement pourrait sonner le glas des négociations sur une adhésion de la Turquie, tout en aggravant les inquiétudes relatives à l'Etat de droit.
«L'Occident dit ceci, l'Occident dit cela. Excusez-moi, mais ce qui compte, ce n'est pas ce que dit l'Occident, c'est ce que dit mon peuple», a rétorqué M. Erdogan, qui s'exprimait lors de la cérémonie d'inauguration d'une gare de train à grande vitesse dans la capitale turque.
Source : agences et rédaction
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