Nigeria: dans le nord-est, les déplacés de Boko Haram meurent de faim
Les médecins s'agitent autour d'Abdullahi, 2 ans. Le petit garçon est un «déplacé» du conflit provoqué par le groupe terroriste Boko Haram, comme 2.6 millions d'autres Nigérians. Et comme 50.000 autres enfants dans la région du Borno, Adbullahi est en train de mourir de faim.

Un docteur lui pose une perfusion, un autre prépare une seringue. Mais le petit garçon reste immobile, le corps gonflé par le kwashiorkor, une déficience en protéines. Son torse bouge légèrement au rythme de sa respiration. Avec la perfusion, son niveau de glycémie s'est stabilisé.
«Il va mieux qu'il y a 20 minutes», explique un médecin du centre de Gwange, à Maiduguri, hôpital géré par Médecins Sans frontières (MSF). «Mais son état est toujours critique».
Dans l'unité de soins intensifs, les 14 lits sont «tout le temps occupés», selon le personnel médical. Les ONG et le gouvernement nigérian, eux, ne cessent de lancer des appels au secours à la communauté internationale.
Le groupe terroriste armé nigérian Boko Haram a fait plus de 20.000 morts et on estime que 1.5 millions de personnes se sont réfugiées dans la seule ville de Maiduguri.
Mais malgré ces chiffres impressionnants et l'ampleur de la crise, l'aide internationale se fait attendre.
En juillet, l'ONU a annoncé que près de 250.000 enfants de moins de 5 ans souffraient de malnutrition aiguë dans l'Etat du Borno.
Quelque 4,5 millions de personnes ont besoin d'une aide alimentaire d'urgence dans tout le nord-est du pays. C'est deux fois plus qu'en mars, des chiffres «très, très, très au-dessus des seuils d'urgence», selon le DrBamidele Omotola, nutritionniste pour l'Unicef.
«La dernière fois où nous avons été confrontés à des cas aussi graves, c'était pendant la guerre civile» de 1967 à 1970, se souvient le médecin.
Lors de la guerre du Biafra, plus d'un million de personnes sont mortes de famine ou de maladies liées au manque de nourriture, le gouvernement fédéral ayant imposé un blocus au lendemain de la déclaration de sécession de cette région du sud-est.
Aujourd'hui, dans le nord, l'instabilité et les combats ont coupé du monde une grande partie du territoire. Les routes sont bloquées par l'armée, les villageois regroupés dans des camps où ils manquent de tout et où les humanitaires ne peuvent se risquer.
Les villageois n'arrivent plus à faire face aux pillages incessants de leurs récoltes, les terres ont été détruites ou parsemées de mines anti-personnelles, les points d'eau contaminés, et les pénuries ont fait augmenté les prix sur les étals des marchés.
Source : agences