Des signes de division interne entre «Daech» et sa branche nigériane
L'apparent rejet par le chef historique de Boko Haram du nouveau dirigeant du groupe désigné par l'organisation terroriste «Daech» expose au grand jour les divisions au sein de la mouvance extrémiste nigériane après de nombreux revers militaires subis au cours des deux dernières années.

Abou Moussab el-Barnawi, présenté par le magazine de «Daech» comme le nouveau chef de sa branche nigériane, était considéré depuis des mois par les experts comme à la tête d'une faction dissidente de Boko Haram privilégiant les attaques contre l'armée plutôt que les massacres indiscriminés qui sont la marque de fabrique du groupe depuis qu'il est passé sous la coupe d'Aboubakar Shekau.
Selon un expert occidental, la faction d'el-Barnawi est implantée au nord-est de Maiduguri, la capitale de l'État de Borno, où a débuté il y a sept ans l'insurrection de Boko Haram visant à créer un califat pareil à celui de «Daech». Cette situation géographique aux portes du désert du Sahara a permis à el-Barnawi de tisser des liens avec la branche libyenne de «Daech», organisation à laquelle Boko Haram a formellement prêté allégeance l'an dernier.
Mais la stratégie du chef désigné par «Daech» ne fait, semble-t-il, pas l'unanimité au sein du groupe nigérian. Dans un enregistrement audio de dix minutes diffusé mercredi sur les réseaux sociaux, un homme disant être Aboubakar Shekau, plusieurs fois annoncé mort, s'en est pris à el-Barnawi en lui reprochant de penser qu'il est possible pour un musulman de vivre au milieu de non- musulmans sans prendre les armes. Shekau était coutumier des vidéos dans lesquelles, le corps bardé de cartouchières et un fusil automatique à la main, il lançait ses diatribes contre le pouvoir nigérian et les pays occidentaux.
Le fait qu'il n'y en ait plus eu depuis le mois de mars a alimenté les spéculations sur le fait qu'il aurait été blessé, qu'il serait gravement malade, voire qu'il serait mort. Les signes de division interne sont en tout cas une source d'optimisme pour le président nigérian Muhammadu Buhari, élu l'an dernier sur la promesse d'éradiquer la menace extrémiste.
Source: AFP