L’Allemagne pourrait-elle accélérer les expulsions de migrants ?

L’Allemagne accélérerait le renvoi des migrants économiques, une décision dont la mise en pratique reste incertaine, pareille au sort des migrants en mer. Un nouveau navire illégal se dirigeant vers l'Italie, a subi un naufrage et 258 étaient sauvés par un navire militaire belge.
Critiquée pour sa politique d'accueil des réfugiés, la chancelière allemande Angela Merkel a temporairement calmé ses partenaires politiques avec un compromis pour «accélérer» le renvoi des migrants économiques, mais sa mise en pratique reste incertaine face à l'ampleur du flux migratoire.
Un «pas important», «bon accord» : les trois responsables de la coalition au pouvoir ont affiché jeudi soir une mine réjouie, après des semaines de tensions, à mesure que l'Allemagne, de loin la première destination européenne pour les migrants fuyant la guerre ou la pauvreté, s'approchait du million de nouveaux arrivants en 2015.
La dirigeante conservatrice, son allié bavarois Horst Seehofer (CSU) et le vice-chancelier social-démocrate Sigmar Gabriel (SPD) ont décidé de concentrer les migrants les moins susceptibles d'obtenir l'asile, c'est-à-dire les ressortissants de pays jugés sûrs, dans une poignée de «centres» chargés de trancher rapidement leur sort et d'organiser leur renvoi.
«Nous disposons des règles les plus sévères jamais adoptées dans notre pays - et avec le soutien du SPD», se félicitait vendredi matin Horst Seehofer sur la chaîne publique ARD, assurant avoir «recollé les morceaux» avec la chancelière, dont il était devenu le plus virulent critique.
Sigmar Gabriel a aussi revendiqué la victoire sur Twitter estimant que les vues sociales-démocrates avaient «prévalu», puisque les migrants ne seront pas maintenus en rétention comme le souhaitaient les conservateurs, mais astreints à une «obligation de résidence» sous peine de perdre leurs prestations sociales.
Un changement de ton radical par rapport aux échanges des dernières semaines, le dirigeant de la Bavière, où arrivent l'essentiel des migrants à l'issue de leur périple à travers l'Europe, réclamant peu ou prou qu'ils soient enfermés et menaçant la chancelière de prendre «des mesures» sans son accord.
Face à ces sorties, Sigmar Gabriel avait même rappelé à l'ordre le camp conservateur la semaine dernière, estimant que ces dissensions menaçaient «la capacité d'action du gouvernement».
En pratique, l'accord ne semble guère susceptible de régler les difficultés que soulèvent l'accueil de dizaines de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants chaque mois pendant encore des années, l'Union européenne prévoyant l'arrivée de trois millions de personnes d'ici 2017.
«Il est douteux que des dizaines de milliers de personnes puissent être renvoyées dans de brefs délais», souligne vendredi le Süddeutsche Zeitung, rappelant que nombre de déboutés restent en Allemagne dans la clandestinité, le pays ne parvenant même pas à procéder aux expulsions prévues.
Bild relève aussi que «rien de tout ça ne permettra d'organiser ni de contrôler le flux de réfugiés» d'autant que les non-dits de l'accord sont nombreux : Qui ira dans ces centres? Pendant combien de temps? Qui traitera les dossiers?
Un navire de guerre belge sauve des migrants en Méditerranée
La frégate belge «Léopold I» a sauvé jeudi 258 migrants dont l'embarcation, qui faisait route vers l'Italie, avait subi un naufrage, a rapporté vendredi le ministère belge de la Défense.
D'après le communiqué du ministère, le navire militaire belge, après avoir sauvé des migrants, a détruit leur embarcation qui présentait une menace pour la navigation, et s'est acheminé vers un port européen. Le ministère n'a pas pourtant précisé où se trouvait le port en question.
Parmi les sinistrés, il y a quatre femmes et 196 mineurs.
Depuis deux jours, «Léopold I» suivait le navire soupçonné de faire du trafic de migrants illégaux. A l'aide de radars, de caméras infrarouges et d'autres appareils de surveillance à distance, le navire belge ne quittait pas la zone d'invisibilité de ce premier, pour ne pas provoquer sa fuite.
Un vol de reconnaissance héliporté a confirmé qu'un grand nombre de migrants se trouvaient à bord du navire, et il s'est avéré également qu'il n'est pas plus en mesure de manœuvrer à cause d'un accident.
Source : agences et rédaction
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