Poutine : Ce n’est pas à Obama et à Hollande de choisir qui dirige la Syrie
Le président russe Vladimir Poutine s'en est pris lundi directement à ses homologues américain Barack Obama et français François Hollande, qui appellent régulièrement au départ du président syrien Bachar el-Assad.
«J'ai le plus grand respect pour mes homologues américain et français mais ils ne sont pas des ressortissants syriens et ne doivent donc pas être impliqués dans le choix des dirigeants d'un autre pays», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse au siège des Nations unies à New York, après un long entretien avec le président Obama sur la Syrie.
Par ailleurs il n’a pas exclu des frappes aériennes en Syrie en soutien à l'armée et contre le groupe «Daech».
«Nous y réfléchissons. Nous n'excluons rien. Mais si nous devons agir, ce sera uniquement en respectant complètement les normes de droit international», a-t-il répondu à la presse aux Nations unies, lorsqu’il était interrogé au sujet des frappes menées par la France et l'Australie en Syrie.
En revanche, le président Poutine a exclu d'envoyer en Syrie des troupes de combat au sol pour lutter contre «Daech». «Nous réfléchissons à la manière d'aider davantage l'armée syrienne. (Mais) en ce qui concerne des troupes au sol (...) une implication russe ne peut pas faire l'objet de discussions», a-t-il ajouté.
L’intervention de Vladimir Poutine à l'ONU
Lors de son discours à la tribune de la 70ème session de l’Assemblée Générale, le président russe a estimé que «nous
savons tous qu’après la fin de la Guerre Froide, un seul centre de domination a émergé. Ceux qui étaient à son sommet pensaient que comme ils étaient si forts et exceptionnels et qu’ils savaient mieux que tout le monde, qu’ils n’avaient pas besoin de demander son avis à l’ONU, comme cette organisation leur donnait automatiquement la légitimité».
S’exprimant au sujet des crises du Moyen-Orient, le chef du Kremlin a indiqué que «l’exportation des soi-disant révolutions «démocratiques» continue. Les révolutions dans les régions du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord sont des problèmes majeurs».
Et d’ajouter : «Les gens voudraient des changements mais comment cela s’est-il déroulé ? Est-ce que vous comprenez ce que vous avez fait ? Au lieu du triomphe de la démocratie, nous voyons la violence et le désastre social, personne ne pense aux droits de l’Homme, y compris le droit à la vie».
Vladimir Poutine a par ailleurs mis en garde contre le sapement de la légitimité de l’ONU. «Saper la légitimité de l’ONU est dangereux. Cela peut ruiner toutes les relations internationales et il ne resterait alors que la règle du plus fort. Nous verserons dans un monde d’égoïsme, de dictature au lieu d’égalité, plus de vraie démocratie ni de liberté, des états plus vraiment indépendants», a-t-il regretté.
Il est hypocrite de fermer les yeux sur la manière dont laquelle les terroristes reçoivent de l’aide
Selon le chef de l’Etat russe, «Daech n’est pas venu de nulle part, c’était tout d’abord un moyen de lutter contre des régions profanes indésirables. Au début, ils étaient circonscrits à l’Irak et la Syrie, mais maintenant ils tachent de dominer l’intégralité du monde islamique. Il est hypocrite de parler de menace terroriste internationale en fermant les yeux sur la manière dont laquelle ces terroristes reçoivent de l’aide. Il est tout aussi mauvais d’essayer de recruter ces groupes dans un but politique, pour ensuite se débarrasser d’eux».
Poutine a ensuite signalé que «seules les troupes gouvernementales syriennes et les Kurdes combattent réellement Daech et les autres groupes terroristes».
Et de poursuivre : «C’est à nous de refuser cet état de choses dans le monde. Ce que nous proposons concerne des intérêts communs, pas des ambitions. Nous pouvons unir nos efforts sur la base de la loi internationale et créer une large coalition internationale contre le terrorisme – comme la coalition contre le nazisme – nous pourrions rassembler des forces diverses qui ne sont pas sur la même longueur d’onde pour le moment», soulignant que «la Russie présidera prochainement le Conseil de Sécurité de l’ONU. Nous allons convenir d’analyser ces menaces et discuter d’une résolution pour coordonner toutes les forces qui luttent contre Daech».
L’expansion de l’OTAN conduirait à une crise géopolitique
Concernant la crise de l’Ukraine, le président russe a insisté sur l’importance de respecter les accords de Minsk.
«Certains de nos collègues continuent à raisonner en termes de blocs, comme c’était le cas du temps de la Guerre Froide. Premièrement, il s’agit de l’expansion de l’OTAN, mais on se demande, pour quelle raison ? Le Bloc de Varsovie a cessé d’exister, l’Union Soviétique n’est plus, néanmoins l’OTAN a non seulement survécu, mais continue son expansion. Au bout du compte, cette logique devait se conclure par une crise géopolitique – et elle a eu lieu en Ukraine», a-t-il dit.
Et d’assurer : «On ne peut pas garantir la souveraineté de l’Ukraine par les menaces, par la force des armes mais on doit la garantir. Il faut prendre en compte les intérêts réels des citoyens du Donbass et respecter leur choix ! Il faut leur accorder les éléments clés de la vie politique du pays, comme cela est prévu par les accords de Minsk»
Source : agences et rédaction
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